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À pas aveugles

À pas aveugles est un documentaire français sur la Shoah rĂ©alisĂ© en 2021 par Christophe Cognet. Il examine des photographies prises clandestinement par des prisonniers dans les camps nazis de Dachau, Auschwitz, Mittlelbau-Dora et Buchenwald pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces photographies, extraites clandestinement des camps, ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pendant la guerre ou Ă  la suite de celle-ci.

À pas aveugles

RĂ©alisation Christophe Cognet
Pays de production France
Genre Documentaire
DurĂ©e 110 min

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Documentaire

Photo recadrée de corps brûlés à Auschwitz, analysée dans le film.

Contrairement Ă  d'autres documentaires sur la Shoah, qui s'appuient sur des tĂ©moignages de survivants, Cognet choisit d'adopter une mĂ©thode d'enquĂȘte. AidĂ© d'historiens allemands, polonais, tchĂšques, français, le rĂ©alisateur retrace le contexte dans lesquelles ces images interdites ont Ă©tĂ© prises et scrute attentivement chacune des photographies pour dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment le lieu de la prise de vue[1]. Le film commence par montrer des photographies prises en secret par un prisonnier de Dachau qui travaillait comme infirmier Ă  l'infirmerie des prisonniers. Celles-ci montrent la caserne et des portraits de prisonniers, posant parfois avec dĂ©sinvolture[2].

Le titre du documentaire Ă  pas aveugles renvoie Ă  la prise de vue de ces images, rĂ©alisĂ©es sans pouvoir viser dans l’objectif, alors que les prisonniers Ɠuvraient clandestinement[1].

Ces photographies diffĂšrent Ă  la fois des photos des camps prises pendant la guerre par des photographes allemands, Ă  des fins de propagande, et des photos prises juste aprĂšs la libĂ©ration des camps par les forces alliĂ©es. Il s'agit de photos de dĂ©tenus prises par les prisonniers eux-mĂȘmes, alors qu'ils couraient de graves risques. Parmi les photographes figurent les prisonniers Rudolf Cisar Ă  Dachau, Georges Angeli Ă  Buchenwald et Alberto Errera Ă  Auschwitz. Certains des photographes et des sujets Ă©taient alors membres de mouvements de rĂ©sistance dans les camps[3].

Certaines des images montrent des femmes détenues, soumises à des expériences médicales. Les images détaillent les blessures causées à leurs jambes par des « médecins » nazis, y compris l'injection volontaire de la gangrÚne dans une plaie ouverte[4].

Le film se termine par un examen dĂ©taillĂ© des photographies dites du Sonderkommando, prises Ă  cĂŽtĂ© d'une chambre Ă  gaz Ă  Auschwitz. Elles montrent des femmes nues se prĂ©parant Ă  ĂȘtre conduites Ă  la chambre Ă  gaz, et d'autres photographies prises aprĂšs le gazage, rĂ©vĂ©lant des corps entassĂ©s pour la crĂ©mation dans des fosses Ă  ciel ouvert[3].

Le film s'ouvre et se termine par la reprĂ©sentation d'un Ă©tang dans lequel ont Ă©tĂ© disposĂ©s des restes incinĂ©rĂ©s, oĂč l'on aperçoit, plusieurs dĂ©cennies plus tard, des fragments d'os[4].

Accueil critique

La premiĂšre du film aux États-Unis a eu lieu au Festival du film juif de New York en 2022 au Lincoln Center, avec une sortie en salles en AmĂ©rique du Nord en juillet 2022[4].

The Forward le qualifie de « film extraordinaire, totalement inconnu et sans précédent ». Le New York Times indique que « le film peut sembler trop cérébral (...). Mais l'approche médico-légale de Cognet insiste sur la mémorisation de ces événements d'une maniÚre importante, physiquement spécifique et, intentionnellement ou non, anticipe maladroitement un monde sans aucun témoin oculaire vivant de ces horreurs » [2].

Pour La Libre Belgique, le rĂ©alisateur « affronte une forme de tabou. NaguĂšre, quatre de ces documents, sur lesquels il termine son film, furent au centre d'une polĂ©mique entre l'historien Georges Didi-Huberman et Claude Lanzmann, auteur du film Shoah (1985), rĂ©fĂ©rence documentaire sur le sujet. Ce dernier affirme qu'il n'y a pas d'image possible de la Shoah. (...) Christophe Cognet choisit de surmonter l’interdit de la reprĂ©sentation supposĂ©e de ces "bouts de pellicule arrachĂ©s Ă  l'enfer", selon l'expression de Georges Didi-Huberman, dĂšs lors que des hommes et des femmes ont pris des risques pour rĂ©vĂ©ler ce qui n’aurait jamais dĂ» apparaĂźtre »[1]. Pour TĂ©lĂ©rama, le documentaire rĂ©alise un choc temporel vertigineux[5].

Distinctions

À pas aveugles a remportĂ© le Spirit of Freedom Award du meilleur documentaire au Festival du film de JĂ©rusalem en 2021[6].

Voir aussi

Notes et références

  1. Alain LorfĂšvre, « “À pas aveugles” : Ă  travers les yeux des tĂ©moins de la Shoah », sur La Libre.be, (consultĂ© le )
  2. (en-US) Nicolas Rapold, « ‘From Where They Stood’ Review: Auschwitz, as Seen by Prisoners », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en-US) Elizabeth Weitzman, « From Where They Stood Film Review: Solemn Doc Spotlights Concentration Camp Photos », (consulté le )
  4. (en) ALanger, « Using previously unknown photographs, a new Holocaust documentary demands to be seen », sur The Forward, (consulté le )
  5. « “À pas aveugles” : Ă  Dachau ou Buchenwald, rencontre sidĂ©rante du passĂ© avec le prĂ©sent (Film documentaire) : la critique TĂ©lĂ©rama », sur www.telerama.fr, (consultĂ© le )
  6. (en-US) Keslassy, « Greenwich Buys WW2-Set Documentary 'From Where They Stood' From MK2 Films (EXCLUSIVE) », Variety, (consulté le )

Liens externes

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