Ă€ ce stade de la nuit
À ce stade de la nuit est un récit de Maylis de Kerangal publié initialement à tirage réduit le aux éditions Guérin puis de manière généralisée le aux éditions Verticales.
Ă€ ce stade de la nuit | |
Lampedusa, la « migration d'un nom » au cœur du livre | |
Auteur | Maylis de Kerangal |
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Pays | France |
Genre | RĂ©cit |
Éditeur | Éditions Guérin et Éditions Verticales |
Collection | Paysages Ă©crits Minimales |
Date de parution | et |
Nombre de pages | 78 74 |
ISBN | 978-2-35-221098-6 |
Écriture du livre
Ce court récit romanesque est le fruit d'une commande passée à Maylis de Kerangal en vue d'une invitation aux quatorzième « Rencontres littéraires » en pays de Savoie tenues à Chamonix le associée à une première publication à tirage limité pour la collection « Paysages écrits » des éditions Guérin en avec le soutien de la Facim[1].
Prenant la forme d'une « réflexion intime[2] - [3] » sur la Crise migratoire en Europe et son traitement par l'actualité, le récit de l'auteure s'inscrit dans la lignée de son travail littéraire sur les déplacements, les mouvements humains et leurs points de rencontre (que furent un pont dans Naissance d'un pont, une fuite dans un vaste espace avec Tangente vers l'est ou une transplantation cardiaque dans Réparer les vivants), symbolisés ici par la « migration d'un nom[4] - [5] » : Lampedusa.
Résumé
Alors qu'elle écoute la radio tard dans la nuit du , l'auteure entend un flash d'information rapportant le naufrage au large de l'île de Lampedusa d'un bateau de migrants africains ayant fait 350 disparus. À la catastrophe se superpose ce que le nom de « Lampedusa » lui évoque personnellement : d'une part de façon immédiate et violente, associée au nom de l'écrivain du Guépard, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, la figure de Burt Lancaster à la fois dans le film homonyme de Luchino Visconti et dans The Swimmer de Frank Perry ; d'autre part au travers du nom de « prince Salina », sa propre expérience intime de ses voyages dans les îles Éoliennes[6] en Sicile. Créant des parallèles symboliques et en écho à la fin d'une époque, celle de la chute de l'aristocratie italienne décrite par Di Lampedusa dans son roman – avec en particulier la scène finale de bal « filmée comme un naufrage » –, ce drame dans les eaux homonymes révèle également, aux yeux de l'écrivaine, un naufrage du monde contemporain.
Accueil critique
À sa parution, Télérama met en avant l'« écriture incisive, documentée, précise comme un bilan définitif » de l'auteure pour laquelle le nom de Lampedusa devient « désormais un nom "concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant un état du monde, un tout autre récit"[2] » que celui littéraire et filmographique auquel il lui était alors rattaché. Pour La Vie ce livre « sensible » dont l'auteure sait « capter le chant du monde » propose « une fine méditation » sur le choc de deux univers « à leur point de friction ou [de] la même humanité à son point de jonction[7] » que représente l'île de Lampedusa. Bénéficiant d'une invitation dans l'émission La Grande Librairie de François Busnel, ce dernier présente le livre comme « un texte très court, très dense, très intense et très beau[4] ». Enfin, À ce stade de la nuit est inclus par Le Monde dans sa liste des dix-huit livres « coups de cœur[8] » parus en 2015.
À l'inverse, Frédéric Beigbeder dans Le Figaro juge de manière ironique et très négative le livre qui pour lui n'a que le mérite d'être « heureusement court[9] ». De manière encore plus tranchée, l'écrivain et éditeur Richard Millet cible tout particulièrement ce récit décrit comme « une galerie de clichés, égrenés dans un français plat et sentencieux » dans une philippique au vitriol attaquant tout autant le livre que l'auteur ad hominem[10].
Éditions
- Éditions Guérin, coll. « Paysages écrits », 2014 (ISBN 978-2-35-221098-6).
- Éditions Verticales, coll. « Minimales », 2015 (ISBN 978-2-07-010754-4).
Notes et références
- Présentation du récit, À ce stade de la nuit, éditions Verticales, 2015, (ISBN 978-2-07-010754-4), p. 8.
- Juliette Bénabent, « Les sables mortifères de Lampedusa par Maylis de Kerangal », Télérama, 24 septembre 2015.
- Thierry Fiorile, « Quand l’intime est politique », France Info, 14 octobre 2015.
- [vidéo] Émission La Grande Librairie de François Busnel le 5 novembre 2015 sur France 5.
- François Busnel, « Variations sur Lampedusa sous la plume de Maylis de Kerangal », L'Express, 19 novembre 2015.
- L'île de Salina l'une des îles Éoliennes que Maylis de Kerangal dit avoir beaucoup fréquentées dans les années 1990.
- Marie Chaudey, « À ce stade de la nuit par Maylis de Kerangal », La Vie, 12 juin 2014.
- Julie Clarini, Jean Birnbaum, Raphaëlle Leyris, Florence Noiville, Frédéric Potet et Macha Séry, « Les coups de cœur 2015 du Monde des livres », Le Monde des livres, 22 décembre 2015.
- Frédéric Beigbeder, « À ce stade de la nuit: Lampedusa mon amour », Le Figaro, 23 octobre 2015.
- « Millet : Pourquoi la littérature de langue française est nulle », leoscheer.com, 8 janvier 2016.
Annexes
Articles connexes
- Naufrage du 3 octobre 2013 Ă Lampedusa
- Le Guépard de Luchino Visconti d'après le roman Il gattopardo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa.
Lien externe
- À ce stade de la nuit sur le site des éditions Gallimard.