Ère Keichō
L'ère Keichō (慶長) est une des ères du Japon (年号, nengō, lit. « nom de l'année ») après l'ère Bunroku et avant l'ère Genna. Elle couvre la période allant du mois d'octobre 1596 au mois de juillet 1615[1]. Les empereurs régnants sont Go-Yōzei-tennō (後陽成天皇) et Go-Mizunoo-tennō (後水尾天皇)[2].
Changement d'ère
- 1596 Keichō gannen (慶長元年) : le nom de l'ère est changé pour celui de Keichō pour marquer le passage de plusieurs désastres naturels. L'ère précédente se termine et la nouvelle commence le vingt-sept de Bunroku 5.
Événements de l'ère Keichō
- Keichō gannen (慶長元年) ou Keichō 1 (1596):
- 1596 (Keichō 1) : Guerre Imjin (invasion de la Corée)
- (Keichō 3, 18e jour du 8e mois) : Toyotomi Hideyoshi, meurt dans son château de Fushimi à l'âge de soixante-trois ans[3].
- (Keichō 5, 15e jour du 9e mois) : Bataille de Sekigahara. Le clan Tokugawa et ses alliés vainquent définitivement toute opposition[3].
- (Keichō 7, 24e jour du 11e mois) : Un incendie au complexe du Hōkō-ji de Kyoto est causé par des ouvriers négligents et la grande image de Bouddha ainsi que la structure abritant la statue (le Daibutsu-den) sont consumées par les flammes[4].
- 1603 (Keichō 8) : Tokugawa Ieyasu devient shogun, ce qui marque le début de ce qui deviendra le bakufu Edo. Toyotomi Hideyori est promu naidaijin à Miyako Daijō-kan[5].
- 1604-1606 (Keichō 9-11) : Tokugawa Ieyasu entreprend la reconstruction du sanctuaire Asama au pied du mont Fuji dans la province de Suruga en accomplissement d'un vœu en remerciement de l'aide d'un kami durant la bataille de Sekigahara en 1600[6].
- 1605 (Keichō 10) : Tokugawa Hidetada est nommé shogun après que son père s'est retiré de cette position.
- 1605 (Keichō 10) : La première carte officielle du Japon est commandée cette année et achevée en 1639 à une échelle de 1:280,000[7].
- (Keichō 10, 15e jour du 12e mois) : Une nouvelle île volcanique, Hachijōko-jima, surgit de la mer aux côtés de l'île Hachijō (八丈島,, Hachijō-jima) dans l'archipel d'Izu (伊豆諸島,, Izu-shotō) qui s'étend du sud à l'est de la péninsule d'Izu[5].
- 1606 (Keichō 11) : Début de la construction du château d'Edo[5].
- 1607 (Keichō 12) : Commencement de la construction du château de Sunpu à Suruga. Un ambassadeur arrive de Chine avec des salutations pour l'empereur du Japon[5].
Carte commerce délivrée au nom de Ieyasu Tokugawa -- daté du (Keichō 14, 25e jour du 6e mois).
- 1609 (Keichō 14) : Invasion de Ryūkyū par Shimazu daimyo du domaine de Satsuma[5].
- (Keichō 14, 25e jour du 6e mois) : Carte de négociation (handelpas) délivrée à l'entreprise des Indes néerlandaises au nom de Ieyasu Tokugawa.
- (Keichō 15, 30e jour du 9e mois) : Toyotomi Hideyori finance les travaux pour reconstruire le Hoko-ji conformément aux plans que son père a soutenus. Il est prévu de recréer le Daibutsu de Kyoto en bronze pour remplacer la statue en bois qui a brûlé. À cette époque, Hideyori décide également de commander le coulage d'une grande cloche en bronze[8].
- (Keichō 15, 27e jour du 3e mois) : Hideyori arrive à Kyoto pour rendre visite à Tokugawa Ieyasu, l'ancien shogun. Le même jour, l'empereur abdique en faveur de son fils Masahito[5]. L'empereur Go-Yōzei abdique et son fils reçoit la succession (senso).
- 1611 (Keichō 16) : L'empereur Go-Mizunoo accède formellement au trône (sokui).
- 1613 (Keichō 18) : Durant les années 1613 à 1620, Hasekura Tsunenaga est à la tête d'une mission diplomatique auprès du Vatican à Rome. Il voyage par la Nouvelle-Espagne, arrive à Acapulco, repart de Veracruz et visite divers ports d'escale en Europe. Cette mission historique est appelée « ambassade Keichō » (慶長使節)[9]. Sur le chemin du retour, Hasekura et ses compagnons font en sens inverse leur route à travers le Mexique en 1619, font voile d'Acapulco pour Manille, puis naviguent vers le nord en direction du Japon où ils arrivent en 1620[10]. Cette mission est classiquement considérée comme étant la première ambassade japonais en Amérique et en Europe[11].
- 1614 (Keichō 19): Siège d'Osaka. Le Shogun vainc Hideyori et met le feu au château d'Osaka puis retourne passer l'hiver à Edo[12].
Cloche du Hōkō-ji.
Inscription sur la cloche du Hōkō-ji à Kyoto
- (Keichō 19, 19e jour du 7e mois) : Une nouvelle cloche de bronze pour le Hoko-ji est coulée avec succès -- voir la photo de la cloche du Hōkō-ji (XIXe siècle), et voir une vieille photo de la cloche]; mais en dépit de la planification de la cérémonie d'inauguration, Ieyasu interdit toute autre mesure concernant la grande cloche :
- « La tablette sur le Daibatsu-den et la cloche porte l'inscription Kokka ankō (« le pays et le foyer, paix et tranquillité »), et de cela Tokugawa Ieyasu affecte de prendre ombrage, alléguant qu'il s'agit d'une malédiction sur lui car le caractère 安 (an, « paix ») est placé entre les deux caractères qui composent son propre nom 家康 (ka-kō, « maison tranquillité ») [suggérant subtilement peut-être que la paix ne pouvait être atteinte que par le démembrement de Ieyasu ?]… Cet incident de l'inscription est, bien sûr, un simple prétexte, mais Ieyasu se rend compte qu'il ne peut pas profiter de la puissance qu'il a usurpée tant que vit Hideyori et par conséquent, bien que ce dernier envoie plus d'une fois son kerei Katagiri Kastumoto au château de Sunpu avec force excuses, Ieyasu refuse de s'apaiser »[13].
- (Keichō 19, 25e jour du 10e mois) : Un violent séisme secoue Kyoto[12].
- 1615 (Keichō 20) : Début de la bataille d'été d'Osaka.
Développements plus détaillés
- Des pièces de cuivre, d'argent et d'or appelées Keichō-tsūhō sont frappées durant l'ère Keichō et elles concourent à unifier le système monétaire[14].
- Les Keichō-chokuhan, aussi appelées Keichō shinkoku-bon, sont des publications impériales produites durant l'ère Keichō sur l'ordre de l'empereur Go-Yōzei et imprimées à l'aide de caractères mobiles importés du royaume de Joseon dans la péninsule coréenne[15].
- Keichō no katsuji-ban est le nom générique pour les premiers ouvrages imprimés avec des caractères mobiles au cours de l'ère Keichō[16].
- Choses vues et entendues durant l'ère Keichō (Keichō kemmon-shū) aussi appelé le Kembun-shū est un livre constitué d'une collection de contes et d'anecdotes compilés par Miura Jōshin (1565–1644)[17].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Keichō » (voir la liste des auteurs).
- Nussbaum, Louis-Frédéric. (2005). "Keichō" in Japan encyclopedia, p. 504; n.b., Louis-Frédéric est le pseudonyme de Louis-Frédéric Nussbaum, voir Deutsche Nationalbibliothek Authority File.
- Tittsingh, Isaac. (1834). Annales des empereurs du japon, p. 402-409.
- Titsingh, p. 405.
- Ponsonby-Fane, R. (1956). Kyoto, the Old Capital of Japan, p. 290; Titsingh, p. 409.
- Titisngh, p. 409.
- Ponsonby-Fane, Richard. (1962). Studies in Shinto and Shrines, p. 462.
- Traganeou, Jilly. (2004). The Tokaido Road: Traveling and Representation in Edo and Meiji Japan, p. 230.
- Ponsonby-Fane, Kyoto, p. 292; Titsingh, p. 409.
- Dans le nom « ambassade Keichō », le nom « Keichō » renvoie au nengō (ères du Japon) après Bunkoru et avant Genna. En d'autres termes, l'« ambassade Keichō » commence durant Keichō qui est une période couvrant les années allant de 1596 à 1615.
- Ministry of Foreign Affairs: Japan-Mexico Relations.
- L'ambassade Keichō est en fait précédée à l'époque Sengoku d'une mission dirigée par Mancio Ito avec Alessandro Valignano en 1582–1590. Bien que moins connue et moins bien documentée, cette mission historique est parfois appelée l'« ambassade Tenshō » parce qu'elle est lancée durant l'ère Tenshō. Cette entreprise est organisée par trois daimyo de l'ouest du Japon -- Omura Sumitada, Ōtomo Sōrin et Arima Harunobu
- Titsingh, p. 410.
- Ponsonby-Fane, Kyoto, p. 292; Titsingh, p. 410.
- Nussbaum, "Keichō-tsūhō" in Japan encyclopedia, p. 504.
- Nussbaum, "Keichō-chokuhan" in Japan encyclopedia, p. 504.
- Nussbaum, "Keichō no katsuji-ban" in Japan encyclopedia, p. 504.
- Nussbaum, "Keichō kemmon-shū" in Japan encyclopedia, p. 504.
Voir aussi
Lien externe
- Atsuko Hirayama, « 400e anniversaire de « l’Ambassade Keichô » », Nippon.com, le
Bibliographie
- de Winter, Michiel. (2006). "VOC in Japan: Betrekkingen tussen Hollanders en Japanners in de Edo-periode, tussen 1602-1795" ("VOC in Japan: Relations between the Dutch and Japanese in the Edo-period, between 1602-1795").
- Nussbaum, Louis Frédéric et Käthe Roth. (2005). Japan Encyclopedia. Cambridge: Harvard University Press. (ISBN 0-674-01753-6 et 978-0-674-01753-5)]; OCLC 48943301
- Richard Ponsonby-Fane, Richard Arthur Brabazon. (1959). The Imperial House of Japan. Kyoto: Ponsonby Memorial Society. OCLC 194887
- ____________. (1962). Studies in Shinto and Shrines. Kyoto: Ponsonby Memorial Society. OCLC 3994492
- Timon Screech (2006). Secret Memoirs of the Shoguns: Isaac Titsingh and Japan, 1779-1822. London: Routledge. (ISBN 0-203-09985-0 et 978-0-203-09985-8); OCLC 65177072
- Titsingh, Isaac. (1834). Nihon Odai Ichiran; ou, Annales des empereurs du Japon. Paris: Royal Asiatic Society, Oriental Translation Fund of Great Britain and Ireland. OCLC 5850691.
- Traganeou, Jilly. (2004). The Tokaido Road: Traveling and Representation in Edo and Meiji Japan. London: Routledge. (ISBN 0-415-31091-1)
- (en) Screech, Timon. (2006). Secret Memoirs of the Shoguns: Isaac Titsingh and Japan, 1779-1822. London: RoutledgeCurzon. (ISBN 0-7007-1720-X)
- Titsingh, Isaac. (1820). Mémoires et Anecdotes sur la Dynastie régnante des Djogouns, Souverains du Japon, avec la description des fêtes et cérémonies observées aux différentes époques de l'année à la Cour de ces Princes, et un appendice contenant des détails sur la poésie des Japonais, leur manière de diviser l'année, etc.; Ouvrage orné de Planches gravées et coloriées, tiré des Originaux Japonais par M. Titsingh; publié avec des Notes et Eclaircissemens Par M. Abel Rémusat. Paris: Nepveu. --On ne peut pas lire ce livre rare en ligne, mais la bibliothèque de l'université de Stanford l'a déjà numérisé le 22 mai 2006.
- Titsingh, Isaac. (1834). [Siyun-sai Rin-siyo/Hayashi Gahō (林鵞峰), 1652]. Nipon o daï itsi ran; ou, Annales des empereurs du Japon, tr. par M. Isaac Titsingh avec l'aide de plusieurs interprètes attachés au comptoir hollandais de Nangasaki; ouvrage re., complété et cor. sur l'original japonais-chinois, accompagné de notes et précédé d'un Aperçu d'histoire mythologique du Japon, par M. J. Klaproth. Paris: [Royal Asiatic Society] Oriental Translation Fund of Great Britain and Ireland.-- Deux exemplaires numérisés de ce livre rare ont été maintenant rendus accessibles en ligne : (1) de la bibliothèque de l'université du Michigan, numérisé le 30 janvier 2007 ; et (2) de la bibliothèque de l'université de Stanford, numérisé le 23 juin 2006.' Vous pouvez le consulter en cliquant ici.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.