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Zond 5

Zond 5 est une capsule spatiale soviétique de 5 375 kg du programme Zond, lancée le à 21:42:11 TU. Zond 5 réalise la première récupération sur Terre d'un véhicule spatial ayant contourné la Lune, avant le vol circumlunaire d'Apollo 8.

Représentation d'une sonde Zond.

Caractéristiques de la mission

Zond 5 est une version dérivée du vaisseau spatial Soyouz, pesant 5 tonnes avec un module de service cylindrique flanqué de deux panneaux solaires et une cabine habitable. Un premier prototype a été lancé sous l'appelation Zond 4[1].

Déroulement de la mission

Timbre commémoratif de la mission Zond 5.

Le septième lancement d’un vaisseau Soyouz 7K-L1 par une fusée Proton équipée d'un étage de type Bloc D le depuis le cosmodrome de Baïkonour est conçu comme un précurseur d'un engin lunaire habité[2].

La sonde Zond 5 contenait entre autres un mannequin équipé d'un compteur de radiations et une charge biologique de deux tortues de Horsfields, de mouches, de vers de farine, de plantes, de graines, de bactéries, etc. Ce fut la première sonde à emporter des êtres vivants aussi près de la Lune[3] - [4]. Le lancement est parfait : le 1er étage se sépare et le 2e s'allume à T+126 secondes à 42 km d'altitude, la tour de sauvetage est éjectée à T+185 secondes, le 2e étage se sépare et le 3e s'allume à T+338 secondes à 130 km, le 3e étage s'éteint à T+481 secondes à 161 km d'altitude, le bloc D brûle durant 108 secondes et place Zond 5 sur une orbite d'attente à 187 km de périgée et 219 km d'apogée[1]. Après 56 minutes en orbite, le bloc D s'allume à nouveau et place le vaisseau sur une trajectoire translunaire. Une correction de trajectoire est effectuée le 17 septembre à 325 000 km de la Terre, pour réaliser un survol photographique de la face arrière de la Lune à 1 960 km d'altitude le [1].

Sur la trajectoire de retour, à 142 000 km de la Terre, une correction prépare la rentrée dans l'atmosphère en visant un périgée à 35 km[1]. Zond 5 a pris des photographies de haute qualité de la Terre à une distance de 90 000 km[5].

Avant la rentrée sur Terre, une panne au centre de contrôle entraîne une perte de liaison avec le gyroscope de bord et le vaisseau entame une trajectoire balistique à 20G empêchant l'atterrissage prévu au Kazakhstan. Le à 15h54 GMT, la capsule fit sa rentrée dans l'atmosphère terrestre, freinée aérodynamiquement et par des parachutes déployés à une altitude de km. Le freinage fut extrèmement brutal, avec une décelération entre 10 et 16G. La capsule plongea dans l'océan Indien à 16h08 aux coordonnées géographiques 32° 38′ S, 68° 33′ E et fut récupérée avec succès[5]. Les navires soviétiques la transportèrent au port de Bombay d’où elle prit l’avion pour rentrer en URSS[1] - [6].

Son contenu biologique était intact. Si les tortues avaient perdu 10 % de leur poids, elles restaient en bonne santé et ne montrèrent aucune perte d'appétit.

Communications sur la mission

Les Soviétiques gardent le plus longtemps possible secrets les objectifs de la mission Zond 5 et leur réalisation. Au lancement, ils se bornent à déclarer que Zond 5 doit faire l'étude de l'« espace extérieur ». Faute d'information précise, l'observatoire anglais de radioastronomie de Jodrell Bank et celui de Bochum suivent la trajectoire de Zond 5 en captant ses émissions radio et observent qu'il se dirige vers la Lune, puis la survole. Les responsables du programme Apollo paniquent lorsque Jodrell Bank intercepte dans la nuit du 18 au une conversation entre les cosmonautes Pavel Popovitch et Vitali Sevastianov à bord, semble-t-il, de Zond 5 et le centre de contrôle des vols d'Evpatoria (Ukraine). La NASA se rend compte au bout d'un moment que les cosmonautes sont à Terre et testent la chaîne de communications[7].

Ce n'est que le qu'un communiqué de l'agence Tass confirme que Zond 5 « a fait le tour de la Lune le 18 à une altitude de 1 950 km environ, et a maintenu des communications stables avec la Terre », sans préciser si l'engin allait ou non revenir sur Terre. Après la récupération de la sonde le 21, le professeur Boris Petrov commente enfin à la télévision soviétique le 22 le déroulement de la mission, dont le retour dans l'atmosphère terrestre à la vitesse de 11 km/s[8]. Enfin, il faut attendre le pour que la Pravda révèle que des organismes vivants étaient à bord de Zond 5, et donne des détails médicaux : les tortues ont perdu 10% de leur poids, leur analyse de sang n'a pas montré de différences notables par rapport au groupe témoin. Par contre, une accumulation excessive de glycogène et de fer a été observée dans les tissus hépatiques et des modifications de structures de la rate.

James Webb, l'administrateur de la NASA estime que la mission est « la plus importante démonstration spatiale faite par une nation à ce jour »[7] et les États-Unis, qui pensent que le prochain lancement soviétique vers la Lune sera habité, avancent la date du vol Apollo 8[9].

La sonde est exposée au musée RKK Energia.

Notes et références

  1. Ducrocq 1969, p. 80.
  2. (en) DNews, « The Zond That Pushed Apollo to the Moon », sur seeker, (consulté le ).
  3. (en) Tara Gray,, « A Brief History of Animals in Space », sur NASA, (consulté le ).
  4. (en) Alexis Madrigal, « Who Was First in the Race to the Moon? The Tortoise », sur The Atlantic, (consulté le ).
  5. Encyclopédie soviétique de l'astronautique mondiale, p. 421.
  6. « Zond V récupéré intact dans l'Océan Indien à l'endroit prévu pour son amerrissage », La Liberté du Morbihan,‎ (lire en ligne).
  7. Villain 1998, p. 117.
  8. Le Monde du 23 septembre 1968
  9. En dépit du manque de maturité du lanceur Saturn V, une série de réunions se déroule du 9 au à l'initiative de George Low, responsable de l'Apollo Spacecraft Program Office, et décide d'intervertir les lancements en LEO du LEM par ceux du module de commande en orbite circumlunaire, non pas au début 1969 mais le . À l'issue du succès du lancement d'Apollo 7, le , le président des États-Unis Lyndon Johnson pense qu'il est possible avant la fin 1968 d'effectuer un vol circumlunaire, voire de se poser sur la Lune.

Bibliographie

  • Albert Ducrocq (dir.), Notre nouveau monde, la Lune, Paris, Sciences et Avenir, , 130 p., chap. spécial.
  • Valentin Glouchko (dir.), Encyclopédie soviétique de l'astronautique mondiale, Moscou, Édition Mir, , 575 p..
  • Jacques Villain, A la conquête de la lune : la face cachée de la compétition américano-soviétique, Paris, Larousse-Bordas, , 256 p. (ISBN 978-2-035-18230-2, OCLC 40624755, BNF 36992634).

Lien externe

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