Zaowangye
Zaowangye (chinois simplifiĂ© : ç¶çç· ; chinois traditionnel : ç¶ççș ; pinyin : ) â encore appelĂ© ZĂ ojĆ«n ç¶ć ; en vietnamien : TĂĄo quĂąn (ç¶ć), TĂĄo VÆ°ÆĄng (ç¶ç) ou Ăng TĂĄo (çżç¶) ; dans la langue du royaume de RyĆ«kyĆ« : ç«ăŹç„, hi nu kan ; en corĂ©en : ìĄ°ìì (ç«çç„) que l'on peut traduire en français par Dieu du fourneau â est un dieu de la religion traditionnelle chinoise dont l'effigie en papier, parfois accompagnĂ©e de celle de sa femme, est collĂ©e sur le mur au-dessus des fourneaux dans la cuisine.
Vénéré par |
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Son rĂŽle est de surveiller les faits et gestes des membres de la maisonnĂ©e et d'en faire un rapport au dieu suprĂȘme (Tiandi l'« Empereur cĂ©leste » ou Yuhuangdadi l'Empereur de jade) une fois par an.
Histoire
DĂ©jĂ dans le Liji, « Livre des rites » datant de la pĂ©riode des Royaumes combattants (-475 â -261), le culte du fourneau est mentionnĂ© parmi les sept que doit rendre le roi, et les deux rendus par le peuple, avec celui de la porte. Il est dĂ©crit comme trĂšs frugal et sans pompe (un « rite de vieille femme »), mais absolument indispensable pour garantir la sĂ©curitĂ© alimentaire. Peu avant les Han, le rĂŽle du dieu s'est Ă©largi au contrĂŽle gĂ©nĂ©ral de la destinĂ©e familiale, et sous les Jin, la tradition du rapport annuel fait au Ciel Ă©tait Ă©tablie.
La personnification du dieu a pris des aspects variĂ©s selon les sources et les Ă©poques. Sous les Han, il a parfois Ă©tĂ© identifiĂ© Ă Yandi, assimilĂ© lui-mĂȘme Ă Shennong, dieu de lâagriculture. Lorsque la tendance chinoise Ă lâĂ©vhĂ©mĂ©risation sâest gĂ©nĂ©ralisĂ©e, comme toutes les autres divinitĂ©s, le dieu du fourneau est devenu un ancien mortel divinisĂ©. Il existe plusieurs versions de sa vie, mais depuis les Ming, toutes sâaccordent au moins sur son nom de famille : Zhang (ćŒ / ćŒ”, ) .
Culte
Une image (autrefois une estampe) reprĂ©sentant le dieu, souvent accompagnĂ© de son Ă©pouse, est collĂ©e sur le mur au-dessus du fourneau. Les personnes pieuses leur brĂ»lent de lâencens tous les 1er et 15 de chaque mois lunaire. Une fois par an a lieu la cĂ©rĂ©monie dâadieu, songzao éç¶, . En effet, le soir du 23 du douziĂšme mois lunaire, Zaowangye monte au Ciel faire son rapport sur la conduite de la maisonnĂ©e. Selon certains, le rapport quâil emporte a Ă©tĂ© transcrit par sa femme. Avant son dĂ©part, on lui brĂ»le de l'encens et lui prĂ©pare des offrandes, surtout des mets sucrĂ©s pour qu'il parle en bien de la famille (« bouche sucrĂ©e » en chinois signifie « flatter », « enjĂŽler »). Les fidĂšles qui ne sâembarrassent pas de maniĂšres collent carrĂ©ment une sucrerie collante (tangyuan, riz glutineux) sur la bouche de lâeffigie. Lâimage est alors descendue et brĂ»lĂ©e, et le dieu monte au Ciel avec la fumĂ©e. Dans certaines rĂ©gions on allume Ă lâoccasion les premiers pĂ©tards de la pĂ©riode du Nouvel An chinois. Le soir du rĂ©veillon du Nouvel An, Zaowangye revient ; une cĂ©rĂ©monie dâaccueil a lieu et une nouvelle image est collĂ©e sur le mur.
Du contenu de son rapport dépendent heurs et malheurs de la maisonnée dans l'année à venir : les bonnes actions sont récompensées et les mauvaises punies. Parfois le prix se paie en jours de vie : trois retirés pour une petite faute et trois cents pour une grande, selon un livre datant des Jin.
La légende du dieu du fourneau
Voici une des innombrables versions de la vie terrestre du dieu du fourneau :
Un certain Zhang, joueur invĂ©tĂ©rĂ©, avait perdu jusque sa femme quâil avait dĂ» cĂ©der Ă un bĂ»cheron. Un jour, poussĂ© par la faim, il se rĂ©solut Ă retourner lui demander de lâaide. Pas rancuniĂšre, elle lui prĂ©para des feuilles de bambou farcies de riz dans lesquelles elle cacha un peu d'argent. Malheureusement, sur le chemin du retour, il rencontra un crĂ©ancier Ă qui il dut cĂ©der son butin. Il Ă©tait de retour chez son ancienne Ă©pouse quand le mari revint du travail. Zhang se cacha dans la bouche du fourneau, ne se doutant pas que le mari allumerait immĂ©diatement le feu pour faire chauffer de l'eau. Zhang choisit de se laisser rĂ©duire en cendres plutĂŽt que de risquer des ennuis Ă la femme. AprĂšs sa mort, celle-ci se mit Ă brĂ»ler de l'encens devant le fourneau matin, midi et soir. Son mari lui en ayant demandĂ© la raison, elle rĂ©pondit : « Câest le fourneau qui nous nourrit, câest la moindre des choses de lui rendre un culte ». Cette phrase fut rapportĂ©e aux voisins qui la trouvĂšrent juste. Ils lâimitĂšrent, et rapidement, cette coutume se rĂ©pandit dans tout le pays. Lâempereur de jade dĂ©cida de la confirmer en nommant officiellement Zhang « Dieu du fourneau ».