Yves de Montcheuil
Yves Moreau de Montcheuil, né le à Paimpol (Côtes-d'Armor) et mort le à Grenoble, est un prêtre jésuite français, philosophe et théologien. Résistant, aumônier du maquis du Vercors, fusillé par les nazis. Il était un proche d'Henri de Lubac.
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(à 44 ans) Grenoble |
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Biographie
Scolarisé chez les jésuites, Yves de Montcheuil termine ses études hors de France, pour suivre le collège des jésuites alors en exil à Jersey. En 1916, alors qu'il se destinait à entrer dans la marine, il change d'avis après la disparition de son frère à la bataille de Verdun, et il entre au noviciat jésuite en 1917.
Après son service militaire, en 1922, il commence ses études de philosophie à Jersey où il se lie avec Gaston Fessard et Henri de Lubac, des études de philosophie qu'il prolonge par une licence à la Sorbonne (1924-26)[1]. Il termine sa formation en philosophie par un énorme travail personnel, notamment par l'étude des écrits du philosophe Maurice Blondel, mais aussi de Kant, Bergson.
Il fait ensuite ses études de théologie aux Facultés théologiques jésuites de Fourvière à Lyon entre 1929 et 1933 avant de les compléter à la Grégorienne. En 1936, il soutient sa thèse en théologie sur « Malebranche et le quiétisme »[2], thèse où il refuse toute séparation nuisible entre la théologie et la mystique d'un côté, la philosophie de l'autre. La même année, il devient professeur à l'Institut catholique de Paris. Il y dispense un enseignement solide, clair. Cependant, il ne limite pas son ministère à l'enseignement théorique, il se met au service de communautés croyantes variées. Il devient aumônier ou plutôt « médecin-consultant » auprès d'étudiants (JEC), d'enseignants, de groupes de foyer, mais aussi auprès de la JOC, de l'Action catholique féminine[1].
Pendant la guerre, il entre en résistance spirituelle. À partir de 1942, il participe activement à l'élaboration des Cahiers du Témoignage chrétien et son rôle est capital dans sa diffusion dans la zone nord. Il dénonce l'antisémitisme comme étant incompatible avec le christianisme. Il en appelle à la conscience endormie des chrétiens, et à témoigner plus vigoureusement.
Pendant l'été 1943 et à Pâques 1944, au cours de séjours de camps de jeunes, il est appelé auprès de résistants du Vercors. En effet, de jeunes chrétiens combattants s'y trouvent, dépourvus des sacrements et aux prises avec des problèmes de conscience qu'ils ne peuvent résoudre seuls. En , il gagne le plateau du Vercors pour ce qui devait être une brève enquête de terrain. Mais il arrive quelques jours avant l'attaque allemande. Au lieu d'essayer de s'enfuir avec les hommes valides, il décide de rester avec les grands blessés. Pris dans la grotte de la Luire avec les médecins, les infirmières et les blessés, il est emprisonné à Grenoble et fusillé avec plusieurs de ses codétenus dans la nuit du 10 au [1].
Décoration
- Médaille de la Résistance française (24 avril 1946)[3]
Publications
- Spiritualité, théologie et résistance, Presses universitaires de Grenoble, 1987
- Pour un apostolat spirituel, éd. de l'Orante, Paris, 1942
- Vie chrétienne et action temporelle, 1944
- Le Rôle du chrétien dans l'Église, 1945
- Malebranche et le quiétisme, Aubier-Montaigne, 1946
- Mélanges théologiques, Aubier-Montaigne, 1946
- L'Église et le monde actuel, 1946 ; 2e éd. 1959, éd. Témoignage chrétien, Paris
- Leçons sur le Christ, avant-propos du P. Joseph Huby, 1949. Réédité par les éditions Lessius, avec une introduction de Bernard Sesboüé. Edition Jésuite 2016 (ISBN 9782872992812)
- Aspects de l'Église, 1949 ; rééd. Le Seuil, coll. « Livre de vie », 1962
- Problèmes de vie spirituelle, 1950 ; rééd. Desclée de Brouwer, 2006 (ISBN 9782220057446)
- Le Royaume et ses exigences, 1957 ; rééd. Desclée de Brouwer, troisième édition, Collection Christus. Textes ; n° 2006, (ISBN 9782220057446)
Préface
- Maurice Blondel, Pages religieuses, Aubier, 1942
Hommages et postérité
- Yves de Montcheuil figure sur la liste des personnes citées au Panthéon de Paris.
- La Fondation jésuite de Montcheuil, créée en 1983 est nommée en son honneur[4].
- Un colloque organisé en 1984 évoque son parcours de résistant au Vercors[5]
Notes et références
- Benoist Pierre, Justine Cousin et Xavier Gilly, Les jésuites : histoire et dictionnaire, dl 2022 (ISBN 978-2-38292-305-4 et 2-38292-305-9, OCLC 1350085002, lire en ligne)
- Édition Aubier 1947.
- « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
- Fondation de Montcheuil
- [compte rendu] Bernard Comte, « Bolle Pierre, Godel Jean (dir.), Spiritualité, théologie et résistance. Yves de Montcheuil, théologien au maquis du Vercors », Vingtième Siècle, revue d'histoire, vol. 19, , p. 128-129 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Bolle et Jean Godel (dir.) Spiritualité, théologie et Résistance. Yves de Montcheuil, théologien au maquis du Vercors, Grenoble, PUG, 1987, 382 p..
- David Grumett, « Yves de Montcheuil: Action, Justice and the Kingdom in Spiritual Resistance to Nazism », Theological Studies 68, 3 (2007), 618–41
- Henri de Lubac, Résistance chrétienne à l'antisémitisme. Souvenirs 1840-1944, Paris, Fayard, 1988 (ISBN 2-213-02125-2) Voir le chapitre XIV consacré à Yves de Montcheuil, p. 233-260.
- Yves de Sagazan, « Yves de Montcheuil », dans Les Carnets du Goëlo no 13 (1997), publiés par la Société d'études historiques et archéologique du Goëlo
- Bernard Sesboüé, Yves de Montcheuil (1900-1944), précurseur en théologie, Paris, Le Cerf, 2006