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Yitskhok Rudashevski

Yitskhok Rudashevski (ou Yitzkhok Rodaszewski) né à Vilnius, alors en Pologne, le et exécuté par les Allemands dans le Ghetto de Vilnius lors du Massacre de Ponary, le [1] était un adolescent qui tint un journal durant la Seconde Guerre mondiale sur la vie dans le Ghetto. Son manuscrit, écrit en Yiddish, redécouvert par sa cousine en 1944, est publié en hébreu en 1968 puis, en anglais en 1973 et en français en .

Yitzkhok Rudashevski
Description de cette image, également commentée ci-après
Yitzkhok Rudashevski (1927-1943)
Naissance
Vilnius, Pologne
Décès (à l'âge de 15 ans)
Vilnius, Pologne
Auteur
Langue d’écriture Yiddish
Genres
autobiographique

Ĺ’uvres principales

The diary of the Vilna ghetto

Éléments biographiques

Yitzkhok Ă©tait l'unique enfant d'Eliahu Rudashevski et de Roza Voloshin. Le papa Ă©tait typographiste pour un grand journal en Yiddish et la maman exerçait une activitĂ© de couturière. Yitzkhok vĂ©cut une enfance relativement confortable. Il faisait partie d'une très grande famille, très soudĂ©e. Ils vivaient Ă  Vilnius, Ă  l'Ă©poque en Pologne. Haut lieu de la culture et de l'Ă©ducation juives, l'importante communautĂ© comportait 80 000 individus. En 1941, Yitzkhok termine avec fruit sa première annĂ©e dans le prestigieux Realgymnasium de la ville. Bon Ă©lève, ses matières de prĂ©dilection Ă©taient la littĂ©rature et l'histoire. Les Allemands envahissent Vilnius en . En juillet, ils envoient dans la forĂŞt de Ponary, Ă  16 kilomètres de lĂ , 35 000 juifs qui se voient contraints de creuser leur propre sĂ©pulture avant d'ĂŞtre massacrĂ©s. En , les juifs restants sont parquĂ©s dans deux ghettos. Le plus petit d'entre eux est rapidement fermĂ© après que ses rĂ©sidents eurent Ă©tĂ© tuĂ©s. Les conditions de vie Ă©taient horribles dans le ghetto. Le manque de nourriture, les conditions sanitaires dĂ©plorables, les brutalitĂ©s allemandes et les rafles arbitraires Ă©taient le quotidien de ceux qui avaient survĂ©cu jusque-lĂ . Pourtant, malgrĂ© cela, le ghetto s'Ă©tait organisĂ© et maintenait une certaine vie culturelle. Yitzkhok put mĂŞme poursuivre pendant deux ans ses Ă©tudes dans une Ă©cole clandestine. Durant ses temps libres, il continue Ă  Ă©crire son journal pour dĂ©crire la vie dans le ghetto. Tandis que les Allemands continuaient Ă  organiser des convois vers la forĂŞt de Ponary, un important rĂ©seau de rĂ©sistance armĂ©e planifiait une rĂ©bellion contre l'occupant. DĂ©noncĂ©s, ils durent prendre la fuite dans les forĂŞts avoisinantes. En , toujours dans l'idĂ©e de vider le ghetto de ses habitants, ils envoyèrent de nombreux juifs en Estonie. En , ils dĂ©cidèrent d'Ă©liminer les juifs qui restaient encore dans le ghetto. Yitzkhok et ses parents avaient trouvĂ© refuge dans une cache amĂ©nagĂ©e dans le grenier de son oncle, oĂą il vivait avec sa famille et cinq autres personnes. Le , les Allemands dĂ©couvrent la cache, ils sont tous emmenĂ©s vers la forĂŞt et exĂ©cutĂ©s. Seule Sore, sa cousine, parvint Ă  s'Ă©chapper et rejoignit les partisans dans le maquis. C'est elle qui dĂ©couvrira, en 1944, les feuillets manuscrits d'Yitzkhok[2].

Son journal

C'est la lecture des Misérables de Victor Hugo à l'âge de huit ans, explique-t-il dans son journal, qui l'a déterminé à écrire[3]. Il tint son journal, en Yiddish, de à . Il comporte 204 feuillets qui sont désormais conservés au Yivo institute for Jewish research à New York[4]. Son Journal est publié en hébreu en 1968 puis, en anglais en 1973 et en français en [5].

Monument dédié aux victimes juives de Ponary

Voici ce qu'il Ă©crivait le jour de ses quinze ans:

« Mercredi, le

Voici que je m’aperçois qu'aujourd'hui c'est mon anniversaire. Aujourd'hui, j'ai quinze ans. Vous prenez conscience que le temps passe. Il - le temps - court sans que l'on y prête attention et soudain, comme je le fais aujourd'hui, vous réalisez et découvrez que les jours, les mois passent; que le ghetto n'est pas un douloureux et pénible moment d'un rêve qui disparaîtrait constamment mais un large marécage qui engloutit nos jours et nos semaines. Aujourd'hui, je suis très absorbé par cette pensée. Je décide de ne pas perdre mon temps en vain dans ce ghetto et d'une certaine manière, je suis heureux de pouvoir étudier, lire et me développer et de m'apercevoir que le temps ne reste pas finalement immobile comme j'ai tendance à le percevoir d'ordinaire. Dans ma vie de tous les jours dans le ghetto, j'ai l'impression de vivre normalement mais souvent j'éprouve de grandes inquiétudes. Certainement, j'aurais pu vivre mieux. Suis-je condamné à ne voir que les murs et les portes de ce ghetto? Ne verrai-je durant mes meilleures années que cette petite rue, que ces cours étouffantes?

D'autres pensées bourdonnent tout autour dans ma tête. Deux d'entre elles plus fortement: un regret, lancinant. Je voudrais crier au temps de suspendre son cours. Je voudrais récupérer cette dernière année pour plus tard, pour une nouvelle vie. Mon second sentiment aujourd'hui est fait de force et d'espoir. Je ne ressens pas le moindre désespoir. Aujourd'hui, j'ai quinze ans et je vis confiant en l'avenir. Je ne suis pas en conflit avec lui et vois devant moi du soleil, du soleil, du soleil... »[4]

Sa famille

Yitskhok Rudashevski avec sa grand-mère et ses deux cousines.
Famille de Yitzhok Rudashevski
Famille Parenté Date de naissance Devenir
Eliahu Rudashevski Papa Exécuté le
Roza Voloshin Maman Exécutée le
Grand mère maternelle
Yitzkhok Rudashevski Exécuté le
Cousins
Sore Voloshin Cousine découvre le manuscrit de son cousin en 1944

Publication

  • Isaac Rudashevski, The diary of the Vilna ghetto, June 1941-April 1943, Ghetto Fighters' House, Tel Aviv, 1973. Traduit depuis la version manuscrite en Yiddish et rĂ©digĂ© sur base de l'Ă©dition en hĂ©breu par Percy Matenko.

Articles connexes

  • Diaristes durant la Shoah

Références

  1. Institut Yad Vashem, The Central Database of Shoah Victims' Names consultée le 30 Mars 2020(en)
  2. Yitskhok Rudashevski in Museum of Tolerance, Simon Wiesenthal Center Museum
  3. Jean-Claude Caron, Annie Stora-Lamarre, Hugo politique: actes du colloque international de Besançon (11-13 décembre 2002), Presses Univ. Franche-Comté, 2004, 309 p.
  4. Hedda Rosner Kopf, Understanding Anne Frank's The Diary of a Young Girl: A Student Casebook to Issues, Sources, and Historical Documents, Greenwood Publishing Group, 1997, 272 p.
  5. « Entre les murs du ghetto de Wilno 1941-1943 », sur L'Antilope,

Liens externes

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