Yekouno Amlak
Yekouno Amlak, ou Yekuno Amlak, fut roi ou nĂ©gus dâĂthiopie du jusqu'Ă sa mort le [1].
Empereur dâĂthiopie | |
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DĂ©cĂšs | |
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Nom dans la langue maternelle |
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Famille | |
Enfants |
Originaire de l'Amhara, il est le fondateur de la dynastie salomonienne, au détriment des rois Zagwé du Lasta.
Histoire
Le prince Yekuno Amlak, originaire de la rĂ©gion de Borou-MiĂ©da, prĂšs du lac HaĂŻk, provoque une rĂ©bellion dans le Shewa. En 1268 le roi ZagwĂ© Yetbarek aprĂšs la dĂ©faite de son armĂ©e dans le GaĂŻnt s'enfuit et est tuĂ© dans une Ă©glise. Une partie de la population du Lasta sâenfuit dans le Nord oĂč elle forme encore aujourdâhui des groupes sĂ©parĂ©s. Un nouveau prince ZagwĂ© soulĂšve alors les populations du ChimĂ©zana contre YĂ©kouno-Amlak, seigneur du Shewa Ă©tabli sur les montagnes du Tegoulet, avec l'aide des moines du Debra-Libanos de Ham. Mais il est vaincu, le couvent est pris et le monastĂšre de Debre Damo reprend le dessus[2].
Des sources plus tardives mettent en valeur le rĂŽle d'Iyassous-Moa, moine de DebrĂ© Damo devenu prieur de HaĂŻk, qui aurait Ă©tabli une communautĂ© prĂšs du monastĂšre Debra-EgziabhĂ©r du lac HaĂŻk et guidĂ© lâambition de Yekuno Amlak, descendant de la dynastie lĂ©gitime. Dâautres rĂ©cits mettent en scĂšne Takla Haymanot, moine de Debra-Libanos du Shewa, ami de Iyassous-Moa, qui aurait fait accepter au roi du Lasta Na'akueto La'ab un pacte cĂ©dant le royaume Ă Yekuno Amlak. Ce dernier aurait acceptĂ© de cĂ©der un tiers du royaume au monastĂšre de Debra-Libanos, et lui aurait reconnu le droit de dĂ©signer lâaqqabĂ© se'at (littĂ©ralement « gardien des heures », chargĂ© de tenir et de conserver les listes royales, ainsi que d'assurer les heures de priĂšre[3]), supĂ©rieur des communautĂ©s monastiques de toute lâĂthiopie, confirmant par lĂ mĂȘme les prĂ©rogatives de lâĂglise copte dâAlexandrie sur la nomination du mĂ©tropolite et lâinvestiture des Ă©vĂȘques Ă©thiopiens[4].
Ces rĂ©cits tardifs disent que les descendants du roi du Lasta ont conservĂ© des prĂ©rogatives sur leur province, ce que l'explorateur James Bruce confirme en 1779, lorsqu'il rapporte un incident causĂ© par le meurtre dâun roitelet descendant de Lalibela[4].
Yekouno Amlak fait reconnaĂźtre son autoritĂ© sur les provinces voisines de lâAmhara, mais Ă©prouve des difficultĂ©s avec le TigrĂ©, au nord. Ainsi, selon le chroniqueur copte al-Mufaddal, dĂ©sireux de s'entourer d'hommes neufs qui lui seraient redevables au dĂ©but de son rĂšgne vers 1274, il envoie une ambassade en Ăgypte, afin d'obtenir la nomination d'un nouveau mĂ©tropolite, ou abouna. Mais cette ambassade aurait Ă©tĂ© interceptĂ©e au TigrĂ©, oĂč l'on voit d'un mauvais Ćil la montĂ©e en puissance du Shewa et de ses monastĂšres[5]. Une autre source mentionne une lettre envoyĂ©e au sultan mamelouk Baybars, via le YĂ©men, pour demander un nouvel Ă©vĂȘque. Aucun prĂ©lat n'ayant Ă©tĂ© nommĂ© durant son rĂšgne, Yekouno Amlak reprocha au souverain yĂ©mĂ©nite de perturber ses relations avec Le Caire[6].
Son fils Yagbe'a Tseyon lui succĂšde (1285-1294).
Avec les Salomonides sâouvre une pĂ©riode de croissance rapide de deux siĂšcles pendant lesquels, sous des souverains guerriers et lettrĂ©s, lâunitĂ© territoriale de lâĂthiopie sâaffirme, ses institutions civiles et religieuses se codifient, les arts et la littĂ©rature se renouvellent[4].
Références
- Selon le calendrier Ă©thiopien : "10 SenĂ©" et "16 NehasĂ©", respectivement. A. K. Irvine, "Review: The Different Collections of NĂ€gĆ Hymns in Ethiopic Literature and Their Contributions." Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London. School of Oriental and African Studies, 1985.
- Abebe 1998, p. 38
- Derat 2003, p. 94
- (en) « 1270-1294 - Solomonic Restoration » (consulté le )
- Derat 2003, note 50, p. 95
- Henze 2004, p. 59
Bibliographie
- Berhanou Abebe, Histoire de l'Ăthiopie : d'Axoum Ă la rĂ©volution, Paris, Maisonneuve et Larose, , 238 p. (ISBN 2-7068-1340-7)
- Marie-Laure Derat, Le domaine des rois Ă©thiopiens (1270-1527). Espace, pouvoir et monachisme, Paris, Publications de la Sorbonne, , 383 p. (ISBN 2-85944-480-7, lire en ligne)
- Paul B. Henze (trad. de l'anglais par Robert Wiren), Histoire de l'Ăthiopie. L'Ćuvre du temps [« Layers of Time. A History of Ethiopia »], Paris, Moulin du Pont, , 383 p. (ISBN 2-84586-537-6)
- Huntingford, Ricchezza dei Re '", pp. 4-6
- Taddesse Tamrat (en), Chiesa e Stato in Etiopia (Oxford: Clarendon Press, 1972), p. 68 n.1
- Getachew Mekonnen Hasen, Wollo, Yager Dibab (Addis Abeba: Nigd Matemiya Bet, 1992), pp. 28-29
- Budge, Una storia dell'Etiopia: Nubia e Abissinia , 1928 (Oosterhout, Paesi Bassi: pubblicazioni antropologiche, 1970), p. 285.
- Taddesse Tamrat (en), Chiesa e Stato , pp. 69ff.