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Takla Haymanot

Takla Haymanot (ou Tekle Haymanot) (en amharique : አቡነ ተክለ ሃይማኖቔ) est un moine chrĂ©tien Ă©thiopien, mort en 1313. Fondateur vers 1284 du fameux monastĂšre de DebrĂ© Libanos, c'est l'un des saints les plus rĂ©vĂ©rĂ©s de l'Église Ă©thiopienne orthodoxe, et il l'est aussi par l'Église copte d'Égypte. Il est cĂ©lĂ©brĂ© le 24 du mois de NĂ€hasĂ© (en Égypte Misra, c'est-Ă -dire le ), jour de sa mort, le 24 Tahsas (en Égypte Kihak, c'est-Ă -dire le ), jour de sa naissance, et le 12 Genbot (en Égypte Basans, c'est-Ă -dire le ). En outre, il est fĂȘtĂ© le vingt-quatriĂšme jour de chaque mois.

Takla Haymanot
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Activité
Autres informations
Étape de canonisation
FĂȘte

Sources

Il fait l'objet d'une abondante littérature hagiographique dont les plus anciens textes conservés datent de la fin du XIVe siÚcle. Sa Vie, notamment, est transmise par une cinquantaine de manuscrits anciens qui se répartissent en au moins quatre recensions principales. La version la plus courte figure au 24 NÀhasé dans le synaxaire éthiopien. La plus répandue est la recension dite « de Debré Libanos », remontant à 1515 environ, et connue en Europe depuis le XVIIe siÚcle. Il y a également dans cette littérature les récits de plus de soixante-dix miracles, organisés en quatre séries.

Vie

En dĂ©pit de la profusion de dĂ©tails donnĂ©s par les textes, le schĂ©ma de la lĂ©gende est concis. Le saint naquit dans la localitĂ© de Selalis (province de Shewa), identifiĂ©e Ă  l'actuelle Étissa, au sud-est d'Addis-Abeba, une rĂ©gion alors rĂ©cemment touchĂ©e par l'Ă©vangĂ©lisation. Son pĂšre, nommĂ© SĂ€gga ZĂ€'ab, Ă©tait prĂȘtre, et sa mĂšre, Égzi' Hariya, de noble origine. MotĂ€lĂ€mi, le souverain paĂŻen du royaume de Damot (au sud du Nil Bleu), envahit la contrĂ©e, s'empara d'Égzi' HarĂ€ya et voulut l'Ă©pouser, mais l'archange saint Michel veillait sur elle et la ramena Ă  SĂ€gga ZĂ€'ab. Elle conçut juste aprĂšs un fils consacrĂ© Ă  Dieu, qui reçut Ă  sa naissance le nom de Fesseha Tseyon (« Joie de Sion »). Il devint diacre, puis prĂȘtre, et eut un jour une vision dans laquelle le Christ lui ordonnait de consacrer sa vie Ă  l'Ă©vangĂ©lisation. Il prit alors le nom de TĂ€klĂ€ Haymanot, qui signifie « Plante de la foi ». Il parcourut le pays en faisant de nombreuses conversions malgrĂ© la rĂ©sistance des « sorciers » traditionnels, puis pĂ©nĂ©tra dans le royaume de Damot, oĂč aprĂšs avoir accompli une sĂ©rie de miracles il parvint Ă  convertir le roi MotĂ€lĂ€mi, qui devint son dĂ©vot disciple.

Il continua Ă  voyager, visita de nombreux sanctuaires et sĂ©journa longuement dans des monastĂšres (dans celui de DĂ€brĂ€ Hayq, oĂč il fut disciple d'Iyasus Moa, et dans celui de DĂ€brĂ€ Damo, antique Ă©tablissement non loin d'Aksoum, oĂč il fut disciple du fameux Abba Yohanni). Il revint ensuite dans la province de Shewa, oĂč vers 1284 il fonda dans une localitĂ© du nom de GĂ©rarya sa propre communautĂ© monastique, appelĂ©e Ă  l'origine DĂ€brĂ€ Asbo (et qui devint au milieu du XVe siĂšcle, sous le roi Zara Yaqob, DĂ€brĂ€ Libanos) ; Ă  l'origine elle Ă©tait mixte, et c'est son second successeur Philippe (Filpos) qui sĂ©para les sexes. Dans la fin de sa vie, reclus dans une grotte, il se livra Ă  des pratiques ascĂ©tiques impressionnantes, se tenant au milieu de pointes de fer dressĂ©es, si bien que sept ans avant sa mort une de ses jambes se brisa et se sĂ©para de son corps. Il mourut vingt-neuf ans aprĂšs la fondation de son monastĂšre, l'annĂ©e prĂ©cĂ©dant la mort du roi OuĂ©dem-Arad ; selon la tradition, il avait quatre-vingt-dix-neuf ans, ce qui le fait naĂźtre en 1214.

Culte

AprĂšs sa mort, l'importance de son culte crĂ»t avec celle du monastĂšre qu'il avait fondĂ©, qui devint l'un des principaux sanctuaires d'Éthiopie : nombre de ses disciples fondĂšrent d'autres communautĂ©s reconnaissant DĂ€brĂ€ Libanos comme leur maison-mĂšre, et c'est sous le rĂšgne du roi Zara Yaqob (1434-1468) que ce rĂ©seau monastique (« la Maison de TĂ€klĂ€ Haymanot ») fut liĂ© officiellement Ă  la monarchie Ă©thiopienne, recevant en fief un tiers du royaume. Le supĂ©rieur de DĂ€brĂ€ Libanos, l'ItchĂ©guĂ©, considĂ©rĂ© comme le chef de tous les moines d'Éthiopie, devint le numĂ©ro deux de l'Église du royaume aprĂšs l' Abouna (celui-ci Ă©tant un moine Ă©gyptien dĂ©lĂ©guĂ© par le pape copte).

La dépouille du saint, d'abord enterré prÚs de son ermitage à l'écart de la communauté, fut transportée en 1370 dans le monastÚre (d'ailleurs déplacé par son successeur Philippe), et fut l'objet d'un culte particulier, des représentants de toutes les communautés fondées par ses disciples se relayant tous les mois pour en assurer le service. Sous le roi Naod (1494-1508) et l'abbé MÀrha Kréstos, il y eut une autre translation solennelle des reliques dans un sarcophage d'or, et tous ses successeurs à DÀbrÀ Libanos jusqu'au XVIe siÚcle eurent leur tombe autour de la sienne. Des traditions tardives (XVIIe siÚcle ?) ont lié saint TÀklÀ Haymanot au renversement de la dynastie « usurpatrice » des Zagwés et au « rétablissement » de la dynastie « légitime » des Salomonides, ce qui eut lieu en 1270 avec Yekouno Amlak, donc du vivant du saint.

Takla Haymanot est l'un des rares saints vĂ©nĂ©rĂ©s dans toute l'Éthiopie chrĂ©tienne, et beaucoup d'Ă©glises lui sont dĂ©diĂ©es. Il est Ă©galement objet d'un culte important parmi les coptes d'Égypte (il y a une Ă©glise Saint-Takla-Haymanot Ă  Alexandrie, et l'un des sanctuaires de la vieille Ă©glise al-Mu'allaqah, au Caire, est consacrĂ© Ă  ce saint). Il a mĂȘme Ă©tĂ© admis, depuis la brĂšve domination des jĂ©suites portugais en Éthiopie au XVIIe siĂšcle, dans la liste des saints de l'Église catholique. Il est gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ© avec six ailes et une seule jambe, ce qui renvoie Ă  deux Ă©pisodes de sa Vie.

Éditions de la Vie et des Miracles

  • Carlo Conti Rossini (Ă©d.), « Il Gadla Takla Haymanot secondo la redazione Waldebbana » (texte original et traduction italienne), Memorie della Reale Accademia dei Lincei, classe di scienze morali, storiche e filologiche, ser. 5, n° 2, 1896, p. 97-143.
  • Ernest Alfred Thompson Wallis Budge (Ă©d.), The Life and Miracles of TĂąklĂą HĂąymĂąnĂŽt in the Version of DĂąbrĂą Libanos, and the Miracles of TĂąklĂą HĂąymĂąnĂŽt in the Version of DĂąbrĂą Libanos, and the Book of the Riches of the Kings. The Ethiopic Texts, from the British Museum Ms. Oriental 723, edited with English translations, to which is added an English translation of the WaldebbĂąn version, Londres (impression privĂ©e pour Lady Valerie Meux), 1906.

Bibliographie

  • Taddesse Tamrat (en), Church and State in Ethiopia (1270-1527), Oxford Studies in African Affairs, Clarendon Press, 1972.
  • Getatchew Haile (Ă©d.), « The Monastic Genealogy of the Line of Takla Haymanot of Shoa », Rassegna di Studi Etiopici, vol. 29, 1982-83, p. 7-38.
  • Steven Kaplan, « IyĂ€sus Mo'a and TĂ€klĂ€ Haymanot : A Note on a Hagiographic Controversy », Journal of Semitic Studies, vol. XXXI, n° 1, 1986, p. 47-56.
  • Tesfaye Gebre Mariam, « A Structural Analysis of GĂ€dlĂ€ TĂ€klĂ€ Haymanot », African Languages and Cultures, vol. 10, n° 2, 1997, p. 181-198.
  • Marie-Laure Derat, « Les Vies du saint Ă©thiopien Takla Haymanot (XIIIe – XVe siĂšcle) », dans Jean-Pierre ChrĂ©tien et Jean-Louis Triaud (dir.), Histoire d'Afrique, les enjeux de mĂ©moire, Paris, Karthala, 1999, p. 33-47.
  • Marie-Laure Derat, « ModĂšles de saintetĂ© et idĂ©ologie monastique Ă  Dabra Libanos (XVe – XVIe siĂšcle) », dans Bertrand Hirsch et Manfred Kropp (dir.), Saints, biographies et histoire en Afrique/ Heilige, Biographien und Geschichte in Afrika, Francfort-sur-le-Main, Nordostafrikanisch/Westasiastische Studien, 2003, p. 127-147.
  • HervĂ© Pennec, « Le rĂ©cit hagiographique de TĂ€klĂ€ Haymanot au service des jĂ©suites d'Éthiopie (XVIIe siĂšcle) », Ibid., p. 248-257.
  • Marie-Laure Derat, « Tombes et cimetiĂšres Ă©thiopiens : des rois, des saints, des anonymes », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, vol. 114, n° 4, 2007, p. 43-55.
  • Denis Nosnitsin, « The Ethiopic Synaxarion : Text-Critical Observations on TĂ€klĂ€ Haymanot's Commemoration (24 NĂ€hase) », Orientalia Christiana Periodica 73, 2007, p. 141-183.

Liens

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