Willy Cohn
Willy Cohn, né le à Breslau et mort le à Kaunas en Lituanie, est un historien et enseignant allemand. Pendant la domination du Troisième Reich, il a documenté dans ses journaux personnels la vie des Juifs à Breslau, jusqu'à ce que lui et sa famille soient déportés vers la Lituanie occupée par l'Allemagne nazie, et assassinés.
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Décès |
(Ă 52 ans) Kaunas |
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Activités |
Médiéviste, écrivain, historien, enseignant du secondaire |
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Conflit |
Les journaux de Cohn, traduits en anglais sous une forme condensée, ont été publiés en 2012 sous le titre No Justice in Germany: The Breslau Diaries, 1933-1941 par Stanford University Press.
Biographie
Willy Cohn vient d'une riche famille de marchands juifs de Breslau. À partir de 1906, il étudie l'histoire à Breslau et Heidelberg. Il achève ses études en 1909 avec une thèse sur la flotte normanno-sicilienne, publiée à Breslau en 1910. Il passe l'examen de professeur de lycée, bien qu'il aspire à une carrière universitaire à l'Université de Breslau, mais ne peut réaliser ses projets en raison de la discrimination instaurée par les nazis contre les universitaires juifs. Il est nommé enseignant au lycée de Breslau en 1919[1]. L'un des élèves du lycée est le futur historien Walter Laqueur, qui, en 1996, attirera l'attention sur les journaux de Cohn[2].
Malgré une répression accrue après l'arrivée au pouvoir des nazis, Cohn se sent toujours lié à l'Allemagne et reste à Breslau avec sa deuxième femme et ses deux filles. Dans ses journaux, il décrit la vie sous le régime nazi et la destruction de la communauté juive de Breslau, alors la troisième en importance en Allemagne. Alors que la persécution des Juifs en Allemagne empire, les Cohn envisagent l'émigration. Lui et son épouse ont visité la Palestine mandataire en 1937, mais cela n'offre aucune perspective d'emploi à Cohn, qui n'est pas en assez bonne santé pour effectuer un travail physique. Lorsqu'ils veulent fuir après la Nuit de Cristal en 1938, il est trop tard : après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi n'autorise plus l'émigration. Les Cohn endurent le règne de la terreur nazie à Breslau ; ils sont arrêtés le 21 novembre 1941 et déportés vers la Lituanie occupée par l'Allemagne. Quelques jours plus tard, le 29 novembre 1941, la famille Cohn est exécutée au Neuvième Fort, avec 2000 autres juifs de Breslau et de Vienne[3]. En 2010, une plaque en mémoire de Willy Cohn est dévoilée sur la place du marché de Wrocław.
No Justice in Germany: The Breslau Diaries, 1933-1941
Ses journaux sont conservés aux Archives centrales de l'histoire du peuple juif de Jérusalem. Willy Cohn est considéré avec Victor Klemperer comme l'un des chroniqueurs les plus importants des crimes des nazis contre le peuple juif[4].
Il a laissé un témoignage de la vie quotidienne des Juifs en Allemagne après 1933, dans des conditions d'oppression économique, sociale et culturelle croissantes. Reconnaissant la menace du régime nazi dans ses journaux, il écrit en août 1935 : « Désormais, je compte documenter plus attentivement notre destin juif ; peut-être intéressera-t-il les générations futures. » Ses journaux sous une forme condensée ont été publiés en anglais en 2012 chez Stanford University Press sous le titre No Justice in Germany: The Breslau Diaries, 1933-1941. Une critique de H-Net Humanities and Social Sciences Online note sur le sujet [5] :
Il est rare que de tels récits de cette période, perspicaces et complets, parviennent jusqu'à nous, et Conrads et Kronenberg [l'éditeur et le traducteur] vont dans le sens du vœu de Cohn d'informer les générations futures de ce qu'il a vécu. Semblable au journal de Victor Klemperer, le récit détaillé de Cohn décrit ce que c'était qu'être un Juif vivant sous le Troisième Reich.
Bibliographie
- No Justice in Germany: The Breslau Diaries, 1933-1941. Willy Cohn. Edited by Norbert Conrads, translated by Kenneth Kronenberg. 2012: Stanford University Press (ISBN 978-0804773249)
- Julia Becker: «Normannen-Cohn». Der Breslauer Historiker Willy Cohn (1888–1941). Dans: Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken . Bd. 87, 2007, pp. 385–395 (disponible en ligne sur la plateforme de publications en ligne perspektivia.net à ce lien).
Notes et références
- Willy Cohn: Kein Recht, nirgends. Tagebuch vom Untergang des Breslauer Judentums 1933–1941 (= Neue Forschungen zur schlesischen Geschichte. Bd. 13, 1). Herausgegeben von Norbert Conrads. Band 1. Böhlau, Köln u. a. 2006, (ISBN 3-412-32905-3), S. X f.
- Walter Laqueur: Three Witnesses: The Legacy of Victor Klemperer, Willy Cohn and Richard Koch. In: Holocaust and Genocide Studies. Bd. 10, Nr. 3, (ISSN 8756-6583), pp. 252–266, DOI 10.1093/hgs/10.3.252.
- Wolfram Wette: Karl Jäger. Mörder der litauischen Juden (= Fischer 19064 Die Zeit des Nationalsozialismus). Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt am Main 2011, (ISBN 978-3-596-19064-5), pp. 124 ff.
- (de) Critiques d’ „Kein Recht, nirgends. Tagebuch vom Untergang des Breslauer Judentums 1933–1941.“ sur Perlentaucher
- "Walch on Cohn and Conrads, 'No Justice in Germany: The Breslau Diaries, 1933-1941'", H-Net
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Willy Cohn » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :