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Western Canadian Select

Le Western Canadian Select (WCS) est un type de pĂ©trole brut lourd rĂ©sultant d'un ensemble de 19 variĂ©tĂ©s de bitume issu des sables bitumineux de l'Athabasca (Canada), mĂ©langĂ© Ă  du pĂ©trole brut de synthèse et du condensat dans les installations de Husky Ă  Hardisty (Alberta). Devenu le standard de rĂ©fĂ©rence pour les bruts lourds Ă  fort degrĂ© d'aciditĂ©, ce label a Ă©tĂ© lancĂ© en 2004 par un consortium formĂ© de Cenovus, Canadian Natural Resources, Suncor et Talisman Energy. Ce sont les seules compagnies qui produisent du WCS et elles se sont engagĂ©es Ă  en contrĂ´ler rigoureusement les spĂ©cifications et la qualitĂ©. Le volume de production lors du lancement Ă©tait de 250 000 barils par jour et il pourrait augmenter[1].

Le bitume, appelĂ© « pĂ©trole non conventionnel Â» par les producteurs, est trop visqueux pour pouvoir ĂŞtre pompĂ© dans un olĂ©oduc, sa consistance Ă©tant comparable Ă  du beurre d'arachide. Il est donc soit mĂ©langĂ© Ă  des composants lĂ©gers, pour produire du dilbit (bitume diluĂ©), dont le brut lourd (WCS) est la variĂ©tĂ© la plus standardisĂ©e parmi quelque 25 autres[1], soit prĂ©-raffinĂ© en pĂ©trole brut de synthèse lĂ©ger commercialisĂ© sous le label Syncrude Sweet, aussi dĂ©signĂ© par le sigle SCO (Synthetic Crude Oil)[2]. L'Alberta et la Saskatchewan produisent aussi du pĂ©trole lĂ©ger conventionnel, vendu sous le label Edmonton Par. Le pĂ©trole de Terre-Neuve est assimilĂ© au Brent, standard de rĂ©fĂ©rence en matière de prix.

Étant très lourd, le WCS se vend moins cher que le pĂ©trole amĂ©ricain West Texas Intermediate (WTI), un pĂ©trole lĂ©ger adaptĂ© Ă  la production de carburant et qui exige moins de raffinage que le WCS. Entre 2005 et 2009, le prix du WCS a oscillĂ© entre 26 et 80 % du prix du WTI[3].

Caractéristiques

Le WCS est produit au terminal Husky de Hardity Ă  partir d'un ensemble de 19 variĂ©tĂ©s de bitume et de bruts lourds canadiens, qui sont mĂ©langĂ©s Ă  du pĂ©trole brut synthĂ©tique lĂ©ger et Ă  des diluants de condensat. C'est un brut lourd avec un indice API situĂ© entre 19 et 22[4] ou de 20,5[5]. Ses caractĂ©ristiques sont les suivantes :

Densité (kg/m3)930,1
MCR (Wt%)9,6
Soufre (Wt%)3,51
Acidité (TAN) (Mg KOH/g)0,93

Différences entre les prix du marché

Au printemps 2013, alors que le cours du WCS Ă©tait très bas, le ministre des finances de l'Alberta a soutenu qu'il devrait se transiger au mĂŞme prix que le brut Maya, soit aux alentours de 94 $ par baril, car ils ont Ă  peu près les mĂŞmes caractĂ©ristiques[6]. Or, le Maya se transigeait Ă  108,73 $ US en , alors que le WCS Ă©tait Ă  69 $, soit 40 $ de moins. Cette diffĂ©rence s'explique en partie par le fait que le Mexique jouit d'un avantage en raison de sa proximitĂ© avec les raffineries de pĂ©trole lourd de la cĂ´te du Golfe (États-Unis). Dès les annĂ©es 1990, la compagnie nationale Petroleos Mexicanos (PEMEX) a cherchĂ© des partenariats stratĂ©giques avec des compagnies de raffinage, afin de crĂ©er un marchĂ© pour son pĂ©trole lourd. En 1993, elle a ainsi conclu une entente avec Shell pour la construction d'installations de prĂ©-raffinage au coĂ»t d'un milliard de dollars, ce qui a menĂ© Ă  la construction de nouvelles unitĂ©s de cokĂ©faction, d'hydrotraitement, de rĂ©cupĂ©ration du soufre, ainsi que d'autres installations Ă  Deer Park (Texas) sur le canal de Houston, afin de traiter de gros volumes de pĂ©trole lourd du type Maya de Pemex, tout en satisfaisant aux normes amĂ©ricaines de la loi sur la qualitĂ© de l'air[7].

Le bas prix du WCS au printemps 2013 s'explique aussi par une augmentation rapide de la production des sables bitumineux ainsi que du pĂ©trole de schiste provenant de la formation de Bakken aux États-Unis, ce qui a crĂ©Ă© un engorgement des olĂ©oducs au moment mĂŞme oĂą des raffineries de la cĂ´te du Golfe devaient temporairement fermer pour cause de maintenance[8]. La Première ministre de l'Alberta, Alison Redford, a alors utilisĂ© le terme de « bulle bitumineuse Â» pour expliquer la baisse catastrophique dans le montant des taxes et revenus provenant des sables bitumineux[9]. Cette situation a incitĂ© le gouvernement de l'Alberta en concertation avec les producteurs Ă  mettre en place des solutions alternatives garantissant l'accès du pĂ©trole Ă  un port de mer.

Cours en $ US des divers types de brut, de 2007 Ă  [8].
Année200720082009201020112012
Brent73986280112112118103,41
WTI72100628095959593,29
WCS-80526578726977,62
Syncrude Sweet621026278104939798,51
Edmonton Par7296587596868789,53

La majeure partie du WCS est actuellement acheminée en Illinois, où elle est raffinée, et ensuite expédiée à Cushing (Oklahoma), où elle est vendue. Les marchés à terme sur le WCS sont transigés au Chicago Mercantile Exchange.

En , parmi les pĂ©troles lourds, le WCS se vendait 14,3 $US par baril, soit lĂ©gèrement plus que le brut mexicain Maya (12,5 $ US), mais moins que le brut lourd vĂ©nĂ©zuĂ©lien Tia Juana (16,7 $ US), que le colombien Castilla Blend (19 $ US) ou que le prix moyen des pĂ©troles lourds de l'OPEC (25 $ US)[10].

Raffinage

Le WCS est transportĂ© depuis l'Alberta Ă  des raffineries adaptĂ©es pour traiter du pĂ©trole lourd provenant des sables bitumineux. La majeure partie du WCS est acheminĂ©e Ă  des raffineries du Midwest, qui sont « configurĂ©es pour traiter un pourcentage Ă©levĂ© de brut lourd et riche en soufre, et pour produire de grandes quantitĂ©s de carburants et de faibles quantitĂ©s de fioul lourd[11]. Le WCS Ă©tant riche en acide, il requiert des raffineries spĂ©cialement Ă©quipĂ©es. Or, contrairement aux raffineries des États-Unis, qui ont investi dans des installations sophistiquĂ©es et capables de traiter des produits comme le WCS ou le Maya, le Canada a peu investi dans ce domaine, mĂŞme si sa capacitĂ© de raffinage a augmentĂ© en volume et en efficacitĂ©. On compte seulement 19 raffineries au Canada, contre 148 aux États-Unis, et ce dernier pays continue Ă  dĂ©velopper sa capacitĂ© de raffinage de bruts extra-lourds. Il n'y a pas eu construction de nouvelles raffineries, car le Canada doit affronter la concurrence des pays asiatiques. Une mĂ©ga-raffinerie construite en Inde a une capacitĂ© de 1,2 million de barils, soit 60 % de la capacitĂ© du Canada tout entier, et est en concurrence avec la raffinerie de Chevron, Ă  Burnaby, pour le raffinage du dilbit en provenance des sables bitumineux[12].

Le brut extra-lourd LLoydminster, qui entre dans la composition du WCS, est traité à la pré-raffinerie de la CCRL à Regina. Un incendie s'y est déclaré dans les installations de cokéfaction le . C'était le troisième incident majeur en 16 mois à cette usine[13]. En conséquence, le prix du WCS s'est encore affaibli par rapport au WTI ce mois-là[13].

Redevances

Les taux de redevances en Alberta sont basés sur la valeur du WTI[14]. La province de l'Alberta reçoit une partie de ses bénéfices en provenance du développement des resoources énergétiques sous la forme de redevances qui financent en partie des programmes de santé, d'éducation et d'infrastructure[3].

En 2006-7, le total des redevances provenant des sables bitumineux Ă©tait de 2 411 000 000 $. Il est montĂ© Ă  2 913 000 000 $ en 2007-8 et a continuĂ© Ă  monter Ă  2 973 000 000 $ en 2008-9. Ă€ la suite d'une rĂ©vision du rĂ©gime des redevances de l'Alberta, il est tombĂ© Ă  1 008 000 000 $ en 2009-10, selon les chiffres du budget de la province[3].

En , l'Alberta s'attendait Ă  un revenu de 13 400 000 000 $ pour les ressources non renouvelables pour l'annĂ©e 2013-14, mais ce chiffre est tombĂ© Ă  7 400 000 000 $ en . Or, 30 % du budget de la province, qui est environ de 40 milliards, provient des revenus du pĂ©trole et du gaz. Les redevances du bitume reprĂ©sentent environ la moitiĂ© de ce chiffre[15].

Afin d'accĂ©lĂ©rer le dĂ©veloppement des sables bitumineux, les gouvernements fĂ©dĂ©ral et provincial avaient alignĂ© le taux de taxation sur les sables bitumineux avec d'autres activitĂ©s minières, ce qui a eu pour effet de « taxer 1 % du revenu brut jusqu'Ă  ce que les coĂ»ts d'investissement aient Ă©tĂ© pleinement amortis, auquel cas les taux grimpent Ă  25 % du revenu net. Ces changements Ă  la loi, en combinaison avec des prix plus Ă©levĂ©s après 2003 ont eu l'effet dĂ©sirĂ© sur le dĂ©veloppement de l'industrie des sables bitumineux[3]». En , un nouveau rĂ©gime a Ă©tĂ© mis en place, Ă©tablissant un taux progressif, allant de 1 % sur le revenu brut indexĂ© sur le prix du WTI, quand le prix du baril est Ă©gal ou infĂ©rieur Ă  55 $, jusqu'Ă  un maximum de 9 % sur le revenu brut quand le prix du baril est Ă©gal ou infĂ©rieur Ă  120 $ le baril et que le producteur a rĂ©cupĂ©rĂ© tous les coĂ»ts du projet[3]. Le tableau ci-dessous montre quelques-uns des Ă©chelons de ce barème.

Prix WTI $ CA/barilTaux de redevance sur le revenu brutTaux de redevance sur le revenu net
En-dessous de 55 $1.00 %25.00%
60 $1.62 %26.15%
75 $3.46 %29.62%
100 $6.54 %35.38%
Au-dessus de 125 $9.00 %40.00%

Références

  1. Cenovus, Western Canadian Select (WCS) fact sheet
  2. TD, 14 mars 2013, Drilling down on crude oil price differentials (PDF)
  3. Government of Alberta, septembre 2009, Energy Economics: Understanding Royalties
  4. Platts, mai 2013, Methodology and specifications guide (PDF)
  5. Ressources naturelles Canada, mai 2011, Canadian Crude Oil, Natural Gas and Petroleum Products (PDF)
  6. (en) Bloomberg, 24 avril 2013, World’s Cheapest Oil Crimps Alberta Budget With Price Gap
  7. PR Newswire, « Shell/PEMEX Billion Dollar Refinery Construction Project Underway », Houston, Texas, Gale, Cengage Learning, (consulté le )
  8. Drilling Down on Crude Oil Differentials, TD Economics, , PDF (lire en ligne)
  9. Edmonton Journal, 26 avril 2013, Bitumen bubble doubts stem from lack of trust in government, opposition says
  10. (en) The Globe and Mail, Iran to boost oil production, retake export market share as sanctions lifted, 19 janvier 2016.
  11. Catching the Brass Ring: Oil Market Diversification Potential for Canada (PDF), décembre 2011
  12. National Post, 2 février 2012, John Ivison: Political will not enough to fuel new oil sands refineries « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive)
  13. Bloomberg, 11 février 2013, Consumers Co-op Shuts Coker at Saskatchewan Plant After Fire
  14. Catching the Brass Ring: Oil Market Diversification Potential for Canada, décembre 2011
  15. Edmonton Journal, 24 janvier 2013, Bitumen bubble’ costing Alberta billions, Redford says « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive)

Voir aussi

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