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Wallons du Wisconsin

L'État américain du Wisconsin, principalement autour de Green Bay et dans la péninsule de Door, a connu au milieu du XIXe siècle une importante immigration de belges wallons. Au début du XXIe siècle, le wallon y est encore parlé par endroits et la toponymie reflète cette origine des habitants.

Historique

La région de Green Bay en 1867

Ă€ partir de 1852, 15 000 personnes[1] provenant pour la plupart des alentours de Gembloux et de Wavre, Ă©migrèrent vers le Nord de cet État amĂ©ricain, mais la mortalitĂ© fut importante Ă  bord des bateaux. La première vague d'immigrants partit de Grez-Doiceau pour s'Ă©tablir dans l'actuelle localitĂ© de Robinsonville-Champion[2]. Leurs descendants sont actuellement au nombre de 20 000, mais rares sont les jeunes qui parlent encore le wallon, qui est donc en voie d'extinction mĂŞme si la conscience des origines est encore vivace[3]. Les Wallons majoritairement catholiques fondent l’Église Saint Pierre et Saint Paul de Green Bay. Les motivations pouvaient ĂŞtre Ă©conomiques ou religieuses. Entre le et le , la plupart des familles protestantes vont quitter Biez et Grez-Doiceau pour les États-Unis, suivant les conseils du pasteur Vleugels. Dix familles protestantes originaires de Biez vont ainsi fonder la colonie wallonne de Green Bay. D’autres familles s'installent Ă  Robinsonville-Champion, oĂą une Ă©glise presbytĂ©rienne francophone, la Robinsonville Presbyterian Church de New Franken, est fondĂ©e, le . Les cultes y seront cĂ©lĂ©brĂ©s en français jusqu’en 1913.

Guerre de sécession

En 1860, ils Ă©taient plus de 4 500, Ă  80 % dans les comtĂ©s de Kewaunee, de Door et de Brown. Un grand nombre d'entre eux furent recrutĂ©s de force dans l'armĂ©e amĂ©ricaine durant la guerre de secession[4]. Les Belges pensaient qu'ils Ă©taient en sĂ©curitĂ© parce qu'ils ne se considĂ©raient pas comme des citoyens amĂ©ricains, mais lorsque le nombre de volontaires a diminuĂ© le Gouvernement a Ă©tendu la conscription. Pour que les immigrants obtiennent des terres, ils devaient signer une "dĂ©claration d'intention" selon laquelle ils avaient l'intention de devenir des citoyens amĂ©ricains Ă  un moment donnĂ©, ce qui les rendaient Ă©ligibles. De nombreuses personnes belges ont commencĂ© Ă  ressentir beaucoup d’émotions. L'un des plus gros problèmes Ă©tait la barrière de la langue. Peu d’immigrants belges parlaient anglais, ils ne pouvaient donc pas comprendre pourquoi ils Ă©taient enrĂ´lĂ©s dans une guerre Ă  laquelle ils n’avaient aucune intention de participer. Des manifestations avec des clubs, des fourches et des fusils ont Ă©tĂ© organisĂ©es. Ils voulaient voir des processus d'inscription Ă©quitables. Lors d'une des manifestations les plus explosives, les colons se sont rassemblĂ©s dans la ville de Green Bay, Ă  l'extĂ©rieur du domicile du sĂ©nateur amĂ©ricain Timothy O. Howe et ont exigĂ© des mesures. Howe s'est adressĂ© Ă  la foule mais Ă  cause de la barrière de la langue, les immigrants ne pouvaient pas le comprendre, Howe qui se sentait menacĂ© dut fuir la ville. Ne se sentant pas satisfaite, la foule a continuĂ© Ă  marcher autour de la ville jusqu'Ă  ce qu'ils trouvent un compatriote belge, O.J. Brice. Brice a pu calmer la foule dans leur langue maternelle française. Il a expliquĂ© que le processus de rĂ©daction serait rempli de justice et d'Ă©quitĂ©. Le groupe Ă©tait satisfait de son explication dans leur propre langue. Ils se sont ensuite dispersĂ©s et sont rentrĂ©s chez eux sans dommage ni arrestation.

Toponymie

Plusieurs localités du Wisconsin conservent dans leur nom la trace de cette immigration : Brussels, Namur, Rosiere (en) (de Rosières), Champion, anciennement Robinsonville puis Aux Anciens Belges, Walhain (en), Lincoln (en), anciennement Grand-Leez, Rankin (en), Thiry Daems (en), Tonet (en), de Jonet, Belgium, Luxembourg (en). En outre, un lac situé au Michigan porte le nom de Walloon Lake, en référence à des colons wallons qui s'y sont installés au XIXe siècle.

Personnalités

Statue de Curly Lambeau devant l'entrée principale du Lambeau Field

HĂ©ritage

Le souvenir des Wallons est aujourd'hui bien présent principalement dans les comtés de Brown, de Door et de Kewaunee. Le Heritage Hill State Historical Park (en) de Allouez expose une série de maisons wallonnes traditionnelles en brique à l'origine édifiée à Rosière et Duvall. Le district historique de Namur a été ajouté au Registre national des lieux historiques le [5] et a été déclaré National Historic Landmark le [6].

La langue wallonne est encore parlée par une minorité. Les localités fondées par les Wallons célèbrent encore des "kermis" durant lesquelles sont servis des plats belges. La cuisine du Wisconsin a adopté certains plats wallons, comme le fameux Booyah (stew) (en), du wallon bouillon, les tartes traditionnelles ou les saucisses de tripes[7]. On retrouve encore certaines maisons traditionnelles en brique qui sont souvent pourvues d'un œil de bœuf et d'une annexe. Un club de base-ball a pour nom Green Bay Booyah (en) et pour mascotte un coq wallon.

  • Le sanctuaire de Notre-Dame du Bon Secours près de Champion
    Le sanctuaire de Notre-Dame du Bon Secours près de Champion
  • Plaque historique près de la ville de Namur
    Plaque historique près de la ville de Namur
  • Église catholique Our Lady of the Snows
    Église catholique Our Lady of the Snows
  • Maison wallonne en brique et son hangar
    Maison wallonne en brique et son hangar
  • Booyah, bouillon avec des pois, des lĂ©gumes et du poulet
    Booyah, bouillon avec des pois, des légumes et du poulet
  • Tchanson longues pupes, chanson en Wallon du Wisconsin
    Tchanson longues pupes, chanson en Wallon du Wisconsin
  • Ferme wallonne Massart de Rosiere, 1872, Heritage Hill State Historical Park
    Ferme wallonne Massart de Rosiere, 1872, Heritage Hill State Historical Park
  • Chapelle wallonne en bordure de route Ă  Duvall, 1871, Heritage Hill State Historical Park
    Chapelle wallonne en bordure de route Ă  Duvall, 1871, Heritage Hill State Historical Park
  • GĂ©ants wallons du Belgian Day
    GĂ©ants wallons du Belgian Day

Notes et références

  1. Patricia Mougel, Univ. Minnesota, pdf
  2. J. Ducas, From Grez-Doiceau to Wisconsim, p. 7-8.
  3. Sophie Devillers dans La Libre Belgique 2006, 29 août 2006.
  4. Mertens, J. H. (1986). The second battle: A story of our Belgian ancestors in the American Civil War, 1861–1865. United States: J.H. Mertens
  5. (en) Registre national des lieux historiques, « National Register Information System », National Park Service
  6. (en) National Historic Landmark summary listing, « Namur Historic District » [archive du ], National Park Service (consulté le )
  7. Booyah, a hearty Belgian soup-stew, is revered tradition in Green Bay by Molly Bergin, September 25, 2018, Milwaukee Journal Sentinel

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • Françoise Lempereur et Xavier Istasse, Les Wallons du Wisconsin, nos cousins d'AmĂ©rique ont immigrĂ© il y a 150 ans, SPW Ă©ditions, Namur, 2011 (ISBN 978-2-9540045-1-8).
  • Daniel Dellisse, Les Belges du Wisconsin, Le Cri, Bruxelles, 2011 (ISBN 978-2-8710-6577-7).
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