Violences au Gujarat en 2002
Les violences au Gujarat de 2002 sont un ensemble d'Ă©meutes visant les populations musulmanes du Gujarat, un Ătat limitrophe de l'Inde et du Pakistan. Ces Ă©meutes font suite Ă l'incendie d'un train de pĂšlerins hindous. Ces Ă©meutes auraient causĂ© la mort de 800 Ă 2 000 musulmans. Elles font partie des Ă©meutes les plus violentes et meurtriĂšres que la rĂ©gion ait connues depuis l'indĂ©pendance[1] et la partition.
L'incendie du train Ă Godhra
Le , 59 personnes sont mortes dans l'incendie d'un train Ă Godhra, au Gujarat en Inde, principalement des femmes et des enfants[2]. Le Sabarmati Express transportait des pĂšlerins hindous retournant du site sacrĂ© de l'ancienne mosquĂ©e de Bubri Ă Ayodhya[3], site que se disputent hindous et musulmans. Dix ans plus tĂŽt, une manifestation nationaliste hindoue, organisĂ©e par le Bharatiya Janata Party, s'Ă©tait conclue par la destruction de cette mosquĂ©e. Cette derniĂšre aurait Ă©tĂ© Ă©difiĂ©e lors des conquĂȘtes musulmanes sur le lieu d'un ancien temple en mĂ©moire de RÄma et aussi le lieu revendiquĂ© comme celui de sa naissance.
Dans les premiers temps aprÚs l'incendie du train, une foule est accusée d'en avoir été responsable et la police estime qu'elle était composée de musulmans[3]. Mais un rapport de médecins légistes juge qu'il ne semble pas que l'incendie se soit déclaré à l'extérieur mais plutÎt à l'intérieur du wagon concerné[2].
Il est gĂ©nĂ©ralement admis que l'incendie a dĂ©clenchĂ© les violences qui ont suivi. L'origine criminelle ou accidentelle du feu est un point crucial. En effet, pour les sympathisants hindous, ce sont les extrĂ©mistes musulmans qui ont dĂ©clenchĂ© l'incendie[4]. Une commission d'enquĂȘte menĂ©e par le juge Justice Banerjee soutient dans un rapport intermĂ©diaire la version d'un accident. L'impartialitĂ© de ce rapport est cependant sujette Ă caution.
Les Ă©meutes qui ont suivi
Une violence d'une grande brutalitĂ© visant la communautĂ© musulmane s'est propagĂ©e dans l'Ătat du Gujarat pendant les trois mois qui suivirent[1] l'incendie. Les groupes nationalistes hindous sont accusĂ©s d'avoir eu un rĂŽle de planification de ces violences.
Dans les jours et les semaines qui ont suivi, entre 800 et 2 000 personnes ont été tuées au Gujarat, ce qui représente l'une des violences intercommunautaires les plus meurtriÚres de l'Inde depuis son indépendance et la partition. La majorité des personnes qui ont été tuées, ou violées, sont musulmanes[1].
Le gouvernement, l'administration et la police d'Ătat ont Ă©tĂ© Ă©galement mis en cause pour n'avoir pas pris les mesures suffisantes pour protĂ©ger des civils et pour avoir activement participĂ© aux violences dans certains cas[1]. Ă la suite des massacres, 140 000 Ă 200 000[5] personnes auraient quittĂ© leurs maisons.
AprĂšs les violences, la police, accusĂ©e de liens avec les Ă©meutiers, est soupçonnĂ©e d'avoir empĂȘchĂ© le bon dĂ©roulement des enquĂȘtes.
La responsabilitĂ© du gouvernement central de l'Ătat du Gujarat dirigĂ© par Narendra Modi - membre du BJP - est directement mise en cause par la Commission nationale des droits de l'homme.
Notes et références
- Jaffrelot Christophe, « Les violences entre hindous et musulmans au Gujarat (Inde) en 2002 : Ă©meutes d'Ătat, pogromes et rĂ©action antijihadiste », Revue Tiers Monde 2/2003 (n° 174) , p. 345-367
- (en) BBC News, « Doubts over Gujarat train attack », (consulté le )
- (en) BBC News, « Scores killed in India train attack », (consulté le )
- « Le Gujarat, une loupe sur l'Inde de Modi - Revue Ătudes - Culture contemporaine », sur Revue Ătudes (consultĂ© le )
- « Les musulmans en ligne de mire », Courrier international, no 1114,â , p. 36 (ISSN 1154-516X)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- La vĂ©ritĂ© sur le mensonge de Godhra : longue enquĂȘte parue dans Tehelka en octobre 2007
- Crime Against Humanity - An Inquiry into the Carnage in Gujarat
- alleged implication of Sangh Parivar
- After the carnage: the predatory 'intelligentsia'
- Human Rights Watch report on state participation in the riots
- Godhra's bitter harvest -- BBC report on Godhra, one year later.
- Amnesty International report on conspiracy against the state charges
- Inhuman rights India Today- March 25, 2010