Victoria Montou
Victoria Montou, connue sous le nom de « Toya » ou encore Tante Toya, morte le , est une personnalité de la Révolution haïtienne et compagnon d'armes de son neveu Jean-Jacques Dessalines, futur empereur d'Haïti en 1804, qui fut faite duchesse à la fin de sa vie.
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Jean-Jacques Dessalines (neveu) |
Premières années
Victoria Montou dite « Toya » fut une esclave travaillant sur l’habitation du colon Henri Duclos, propriétaire d’une caféière. Elle était la tante de Jean-Jacques Dessalines. Femme énergique, elle est astreinte quotidiennement au rude labeur des champs. Son meilleur ami était son propre neveu Jean-Jacques. Le colon Duclos, prenant ombrage de cette relation confraternelle qui risquait de devenir tôt ou tard dangereuse pour sa sécurité, se débarrassa d'elle en la transférant à l'habitation Déluger.
Dans ce nouveau domaine, Toya fut rapidement mise à la tête d'environ une cinquantaine d'esclaves. Elle y est souvent dépeinte comme ayant à la main une faux, sur une épaule une houe, et un couteau à indigotier suspendu à la ceinture de son caraco. Sous son commandement, une partie du groupe d'esclaves est envoyée au déboisement, une autre au labourage, d'autres à récolter et à mettre dans de grands paniers des céréales.
Liens avec Dessalines
Victoria Montou a largement contribué à la construction de la personnalité de Jean-Jacques Dessalines, considéré aujourd'hui comme le père fondateur de la nation haïtienne. La contribution de Victoria Mantou dans l'éducation de Jean-Jacques est si grande que Dessalines, devenu Empereur, en témoignera lui-même publiquement. C'est une charge qui a été attribuée à Toya par la mère de Jean-Jacques avant de mourir.
Toya a en effet enseigné à son neveu l'histoire de leurs ancêtres africains, la culture africaine, les idées révolutionnaires, la liberté, le combat au corps à corps et le lancer de couteau. Un enseignement jugé dangereux par Henri Duclos qui observait de très près la pédagogie de Victoria Montou et la motivation du très jeune Jean-Jacques à apprendre.
Engagement dans la révolte
Quelques années plus tard, et toujours à l'habitation Déluger, Toya, à la tête de son groupe d'esclaves participa à l'agitation généralisée parmi les esclaves de l'île de Saint-Domingue. Ce petit groupe de révoltés, sous le commandement de Toya, a été vite cerné et fait prisonnier par un régiment. Durant la lutte, Toya se sauva poursuivie par deux militaires ; un corps à corps eut lieu entre eux et Toya. L'un d'eux fut grièvement blessé par Toya ; l'autre et quelques autres militaires, arrivés à temps, arrêtèrent Toya et la fit prisonnière[1].
Indépendance et Empire
En , Jean-Jacques Dessalines devient Premier Empereur d'Haïti sous le nom de Jacques Ier, et Victoria Montou devient par la même occasion "Duchesse Impériale"[2]. En 1805, peu après l'établissement de l'empire, alors que l'état de santé de Toya laissait à craindre le pire, l'empereur Jean-Jacques Dessalines fut appelé à son chevet, éploré, il demanda au médecin de famille Mirambeau, à qui il la présenta comme étant sa parente : « Cette femme est ma tante, soignez-la comme vous m'auriez soigné moi-même. Elle a eu à subir comme moi toutes les peines, toutes les émotions durant le temps que nous étions condamnés côte à côte aux travaux des champs ». Il n'y parvint visiblement pas ; Toya mourut le jour même, le . Elle fut inhumée le lendemain, entouré de huit brigadiers de la garde de l'empereur, portant alternativement le cadavre. L'impératrice Marie-Claire Bonheur, vêtue de noir, encadrée par deux sous-officiers, conduisait le convoi mortuaire.
Notes et références
- « Mémoire de femmes, Victoria Montou dite Toya », sur jasminenarcisse.com (consulté le )
- Charles Philippe Bernoville, « Profil de l'héroïne haïtienne qui a éduqué Dessalines: Victoria Montou. », sur profileayiti.blogspot.com, (consulté le )