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Victor Biaka Boda

Victor Biaka Boda, né le et assassiné le , est un homme politique ivoirien.

Victor Biaka Boda
Fonctions
Sénateur de la Quatrième République
–
1 an, 2 mois et 14 jours
Élection 7 novembre 1948
Circonscription CĂ´te d'Ivoire
Groupe politique Rassemblement démocratique Africain (App. Groupe Communiste)
Biographie
Nom de naissance Victor Biaka-Boda
Date de naissance
Lieu de naissance Dahiépa, Côte-d'Ivoire
Date de dĂ©cès (Ă  36 ans)
Lieu de décès Bouaflé, Côte-d'Ivoire
Nature du décès Assassinat
Nationalité Ivoirien, Français
Parti politique PDCI
Diplômé de École de médecine de l'AOF
Profession MĂ©decin et homme politique

Biographie

Origines et Ă©tudes

Le médecin Victor Biaka Boda,

Il est issu d'une famille de chefs qui ne tiennent pas leur autorité de l’administration coloniale mais de la tradition guerrière pré-coloniale[1]. Né dans le village de Dahiépa, dans la région de Gagnoa en Côte d'Ivoire, Il est élevé dans le village de Biakou, situé à environ douze kilomètres de Dahiépa-Kéhi[2] par ses grands-parents maternels car très tôt orphelin de père et de mère.

Il commence son parcours scolaire à Gagnoa en 1920 et obtient le certificat d'études primaires élémentaires en 1927 puis le brevet d'études primaires supérieures en 1930 à l’École primaire supérieure de Bingerville. En 1936, il sort de l'École de médecine de Dakar avec le diplôme de médecin africain et exerce sa profession de médecin à Nzérékoré, en Guinée.

Carrière politique et militantisme anticolonial

Le sénateur Victor Biaka Boda

Il milite au Rassemblement démocratique africain (RDA) dès sa création le à Bamako. L'objectif principal du RDA est de libérer l'Afrique noire de la domination coloniale, ce qui est conforme à ses aspirations profondes. Il quitte la Guinée et rentre définitivement en Côte d'Ivoire en 1947 puis est élu sénateur du PDCI-RDA le . Le 1er décembre de la même année, il siège pour la première fois au palais du Luxembourg. Excellent orateur, organisateur et meneur d'hommes, il prend une part active à la lutte de libération de la Côte d'Ivoire que mène le RDA contre les autorités françaises.

Dès le , des émeutes éclatent et se succèdent en Côte d'Ivoire. Le gouverneur de la colonie Laurent Péchoux, qui s'est installé à Abidjan le , date de l'élection de Victor Biaka Boda, a pour mission de casser le RDA, jugé dangereux par le gouvernement français. Il actionne un plan de répression inédit qui se traduit par des arrestations, fusillades et brimades diverses. Le , le sénateur Victor Biaka Boda prononce à Daloa l'un de ses discours les plus virulents contre le colonialisme. Le discours se tient malgré les barrages dressés par l'administrateur André Buttavand et un déploiement impressionnant de forces de police et de gendarmerie coloniales. Devant une foule qu'il harangue grâce à son art oratoire, Victor Biaka Boda condamne avec véhémence les abus du colonisateur et exprime sa foi en la naissance d'une Côte d'Ivoire bientôt libre et totalement affranchie des affres du colonialisme.

Face à la répression de plus en plus violente de l'administration coloniale, la détermination des nationalistes ivoiriens se renforce. Les grèves, les marches et les réunions publiques se multiplient et se durcissent. La répression aussi. La fusillade de Bouaflé, qui a lieu le , coûte la vie à trois manifestants tués au seuil de leur maison. Deux cents militants du RDA sont arrêtés, parmi lesquels onze moururent en prison.

Assassinat

Dans la nuit du 27 au , Victor Biaka Boda, figure de l'aile radicale du RDA, quittant Yamoussoukro pour se rendre Ă  Gagnoa, disparaĂ®t mystĂ©rieusement Ă  BouaflĂ© de la maison oĂą il avait trouvĂ© l'hospitalitĂ©, après que sa voiture fĂ»t tombĂ©e en panne Ă  l'entrĂ©e de la ville. Un corps dĂ©couvert plus tard dans une clairière Ă  BouaflĂ©, suspendu Ă  une branche d'arbre Ă  1,40 m du sol, la tĂŞte tranchĂ©e ainsi que des effets vestimentaires puis quelques objets dont une chevalière marquĂ©e d'un « B Â», permettent d'identifier le cadavre dĂ©capitĂ© comme celui du sĂ©nateur Victor Biaka Boda. Pourtant, le parlementaire disparu ne sera officiellement dĂ©clarĂ© mort que le , soit trois ans après son assassinat. En effet, cette nuit du 27 au Ă  BouaflĂ©, il avait Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© par des supplĂ©tifs syriens de l'armĂ©e coloniale française et torturĂ© Ă  mort Ă  coups de baĂŻonnette.

Quelques heures après sa disparition, un massacre s'est produit Dimbokro, des colons ayant ouvert le feu sur une foule de manifestants, faisant treize morts et une cinquantaine de blessés[3].

Le , l'indépendance de la Côte d'Ivoire est proclamée par Félix Houphouët-Boigny mais elle est caractérisée par des accords de coopération qui se traduisent par une assistance totale de l'ancienne puissance coloniale dans les domaines politique, économique et militaire.

Dans Les pionniers de l'indĂ©pendance, paru en 1975, Claude GĂ©rard rapporte les propos tenus en 1952 par un reprĂ©sentant du ComitĂ© central de la France d'Outre Mer, dans le cadre duquel, depuis des annĂ©es, les colons se concertaient sur la manière de retarder l'Ă©mancipation africaine en ces termes : « Biaka Boda n'avait pas voulu s'incliner. Il n'est pas bon de nous rĂ©sister... Â».

Le stade Victor Biaka Boda de Gagnoa, dans l'Ouest du pays, a été nommé en son hommage.

Bibliographie

  • Devalois Biaka, La « Disparition Â» du patriote ivoirien Victor Biaka Boda : plaidoyer pour libĂ©rer sa dĂ©pouille mortelle, Ă©ditions L'Harmattan, Paris, 1997
  • Claude GĂ©rard, Les pionniers de l'indĂ©pendance, Édition Inter-Continents, Paris, 1975, pp.132-138

Notes et références

  1. (en-US) « 28 janvier 1950, 65e anniversaire de l’assassinat de Victor Biaka Boda (Vidéo) », eburnienews | Diaspora ivoirienne | Actualité Politique | Diaspora africaine en France,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Laszlo Ledermann, « Douze mille kilomètres en auto à travers les Etats- Unis », Le Globe. Revue genevoise de géographie, vol. 77, no 1,‎ , p. 14 (ISSN 0398-3412, DOI 10.3406/globe.1938.2850, lire en ligne, consulté le )
  3. L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 141

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