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Vaccination et Ă©volution de la virulence

Un pathogĂšne est un organisme capable d’infecter un autre organisme appelĂ© hĂŽte. La virulence d’un pathogĂšne est dĂ©signĂ©e comme Ă©tant la capacitĂ© de celui-ci Ă  se multiplier Ă  l’intĂ©rieur de l’organisme et d’y provoquer un Ă©tat pathologique. La vaccination dĂ©signe un moyen de protection contre les agents pathogĂšnes permettant de stimuler le systĂšme immunitaire d'un individu. À long terme, le vaccin semble ĂȘtre eïŹƒcace dans une population, nĂ©anmoins il peut avoir un impact sur l'Ă©volution de la virulence du pathogĂšne[1].

Généralités

L’injection d’un vaccin va dĂ©clencher une rĂ©ponse immunitaire dite « primaire », car l'antigĂšne Ă  la surface de la cellule pathogĂšne va ĂȘtre reconnu par les rĂ©cepteurs des cellules du systĂšme immunitaire : les lymphocytes. GrĂące Ă  cette reconnaissance, des lymphocytes mĂ©moires vont ĂȘtre produits par l’organisme, ce qui permettra en cas d’une rĂ©elle infection, une rĂ©action immunitaire secondaire beaucoup plus rapide et de plus forte amplitude.

Le vaccin peut ĂȘtre prĂ©ventif, c’est-Ă -dire qu’un individu se fait vacciner sans ĂȘtre infectĂ© ou thĂ©rapeutique, quand l'individu est dĂ©jĂ  contaminĂ©.

D’un point de vue historique, c’est au Ve siĂšcle av. J.-C. que l’on dĂ©crit pour la premiĂšre fois un phĂ©nomĂšne d’immunitĂ©, lors d’une Ă©pidĂ©mie de peste Ă  AthĂšnes. Les personnes y Ă©chappant acquiĂšrent une immunitĂ© les protĂ©geant des Ă©pidĂ©mies ultĂ©rieures. Au XVe siĂšcle apr. J.-C., la technique de variolisation est utilisĂ©e en Chine pour se protĂ©ger de la variole. Elle consistait Ă  tremper une plume dans le pus d’une pustule d’une personne infectĂ©e et de l’introduire dans une scarification d’une personne saine pour l’immuniser. Au XIXe siĂšcle, Louis Pasteur a crĂ©Ă© un vaccin thĂ©rapeutique contre la rage.

Coévolution hÎte/pathogÚne

Figure 1 : Schéma de la coévolution

La coĂ©volution est une Ă©volution rĂ©ciproque entre deux espĂšces (Figure1). Entre un hĂŽte et un pathogĂšne la coĂ©volution est dite antagoniste. Seuls les protagonistes adaptĂ©s survivent aux contraintes imposĂ©es par l’autre (pression de sĂ©lection), c’est la thĂ©orie de la reine rouge (ou course aux armements).

Le pathogĂšne survit en Ă©voluant par la modification de traits d’histoires de vie, caractĂšres ayant un effet soit sur sa survie soit sur sa reproduction c’est-Ă -dire sur sa fitness. Un caractĂšre peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour un organisme quand il augmente sa fitness, ou inversement il peut ĂȘtre coĂ»teux, s’il la diminue. Il existe donc un compromis Ă©volutif, appelĂ© trade-off, entre deux caractĂšres qui dĂ©pendent du rapport coĂ»t/bĂ©nĂ©fice[2].

Le systĂšme immunitaire de l’hĂŽte va engendrer une pression de sĂ©lection sur certains traits d’histoire de vie du pathogĂšne, notamment la virulence et la croissance[3]. La croissance d’un pathogĂšne correspond Ă  sa reproduction et donc au nombre de descendants qu’il produit.

Les souches pathogĂšnes produisent d’autant plus de formes de transmission et rĂ©sistent d’autant plus longtemps Ă  l’immunitĂ© de l’hĂŽte qu’elles sont virulentes[1]. En d’autres termes, plus le pathogĂšne est virulent, plus le systĂšme immunitaire a du mal Ă  l’éliminer et plus il se transmet dans la population. Cependant, une trop forte virulence peut induire la mort de l’hĂŽte et l’arrĂȘt total de transmission[4]. Il existe donc un trade-off entre virulence et transmission du pathogĂšne. La sĂ©lection naturelle va favoriser les souches ayant le meilleur compromis Ă©volutif, c’est-Ă -dire qui maximisent les bĂ©nĂ©fices et minimisent les coĂ»ts[1]. Le pathogĂšne acquiert une densitĂ© suffisante pour infecter un maximum d’individus. Cependant, il existe un seuil de densitĂ©, appelĂ© "densitĂ© lĂ©tale" qui correspond Ă  une densitĂ© trop forte en pathogĂšnes pour que l'hĂŽte survive[4].

Un pathogĂšne peut avoir un faible taux de croissance et sera Ă©liminĂ© rapidement par le systĂšme immunitaire de l’hĂŽte. Un pathogĂšne ayant une croissance dite "intermĂ©diaire", aura une croissance assez rapide pour atteindre une densitĂ© de population suffisante pour se transmettre de maniĂšre optimale, sans pour autant atteindre le seuil de densitĂ© lĂ©tale pour l’hĂŽte. Cette stratĂ©gie est Ă©volutivement stable. Un pathogĂšne ayant un taux de croissance Ă©levĂ© risque cependant d'atteindre trĂšs rapidement la densitĂ© lĂ©tale pour l'hĂŽte, par consĂ©quent, l'hĂŽte meurt dans de brefs dĂ©lais diminuant fortement la transmission du pathogĂšne[4] - [5]

Exemple du virus de la Myxomatose

RĂ©pandu en 1950 dans une population de lapins d’Australie et de Grande-Bretagne, le virus de la Myxomatose fut extrĂȘmement virulent. Puis au cours de la dĂ©cennie suivante, son niveau de virulence a Ă©voluĂ© en un niveau intermĂ©diaire. Les chercheurs ont trouvĂ© que le virus avec la meilleure fitness Ă©tait celui avec une virulence intermĂ©diaire[2].

L’optimum de virulence dĂ©pend de diffĂ©rents facteurs tels que l’interaction entre le pathogĂšne et son hĂŽte, la durĂ©e de vie de l’hĂŽte ou encore l’efficacitĂ© du systĂšme immunitaire. Dans le cas d’une infection multiple, les pathogĂšnes sont en compĂ©tition interspĂ©cifique pour les ressources qu’ils peuvent tirer de l’hĂŽte. Dans ce cas-lĂ , la virulence aura tendance Ă  augmenter, et le plus virulent sera sĂ©lectionnĂ©[2] - [5].

Echelle d’évolution

Les changements Ă©volutifs du pathogĂšne se dĂ©roulent au moins Ă  deux Ă©chelles : Ă  l’échelle d’un hĂŽte et Ă  l’échelle de la population[6] - [7]. Pour le cas du VIH par exemple, l’évolution a lieu Ă  l’échelle de l’hĂŽte. Le pathogĂšne Ă©chappe rapidement au systĂšme immunitaire en dĂ©veloppant des mĂ©canismes de rĂ©sistance tel que la modification de certains de ces antigĂšnes afin de ne pas ĂȘtre reconnu par les lymphocytes. À l’échelle de la population on peut citer l’exemple des Ă©pidĂ©mies de grippe[7].

Limite de la vaccination

Figure 2: Graphe de la fitness d'un pathogĂšne en fonction de la virulence

La virulence intrinsĂšque est la virulence observĂ©e si le pathogĂšne infectait un hĂŽte naĂŻf, en quelque sorte c’est la virulence de base pour un pathogĂšne donnĂ©. La virulence rĂ©alisĂ©e est celle observĂ©e chez un hĂŽte ayant un niveau d’immunitĂ© donnĂ©[2].

L’hĂŽte immunisĂ© peut mieux se dĂ©fendre contre un pathogĂšne ayant une certaine virulence intrinsĂšque "α", et reste donc plus longtemps en vie. Le pathogĂšne peut alors devenir encore plus virulent tout en minimisant ses coĂ»ts. La virulence intrinsĂšque du pathogĂšne va donc augmenter[2].

Par exemple, soit un pathogĂšne rĂ©sidant ayant une virulence intrinsĂšque "α" correspondant Ă  une fitness "W" optimale. Lors de l’infection d’un hĂŽte vaccinĂ©, celui-ci sera plus rĂ©sistant Ă  la virulence du pathogĂšne. Par consĂ©quent, le pathogĂšne va augmenter sa virulence d’un niveau "∆" sans que sa fitness ne soit affectĂ©e pour essayer de contourner la rĂ©action immunitaire de l’hĂŽte. Ainsi sa nouvelle virulence intrinsĂšque devient "α+Δ" pour une mĂȘme fitness optimale[2](Figure 2)

Sachant cela, dans les populations partiellement vaccinĂ©es, les individus non vaccinĂ©s sont donc confrontĂ©s Ă  un pathogĂšne beaucoup plus virulent qu’il ne l’était au dĂ©part[8] - [5] - [9].

Dans le cas de la maladie de Marek touchant les poules, le virus jusqu'en 1950 Ă©tait peu virulent, et rarement mortel. À partir de 1950, de nouvelles souches pathogĂšnes de plus en plus virulentes sont apparues Ă  la suite de l’application de nouveaux vaccins[10]. Aujourd'hui, le pathogĂšne entraĂźne la mort de 100 % des oiseaux non vaccinĂ©s et est beaucoup plus virulent, causant plus de dommages chez les oiseaux vaccinĂ©s. Dans cet exemple, les spĂ©cialistes insistent sur le fait que la vaccination peut ĂȘtre Ă  l'origine de l'Ă©volution de la virulence de ce pathogĂšne[3]. Normalement, la vaccination vise Ă  empĂȘcher la transmission de l’agent virulent, mais dans le cadre de cette maladie, le vaccin qui en gĂ©nĂ©ral cherche Ă  rĂ©duire la viabilitĂ© du pathogĂšne, le rend encore virulent pour pouvoir rĂ©sister et persister au sein de l'hĂŽte[10].

Notion de vaccins imparfaits

Les vaccins ne sont jamais parfaits. En effet, une protection optimale pour une large population n’est quasiment jamais atteinte en raison de nombreux facteurs influençant l’efficacitĂ© des vaccins comme une mauvaise administration, une immaturitĂ© immunitaire de l’hĂŽte ou encore le dĂ©veloppement d'une rĂ©sistance aux vaccins[11]. Les vaccins qui contrĂŽlent les manifestations cliniques d’une maladie sans empĂȘcher totalement l’infection, la rĂ©plication et la transmission du pathogĂšne sont qualifiĂ©s de vaccins imparfaits et peuvent ainsi permettre la circulation de souches plus virulentes[9] - [11].

Les vaccins imparfaits mĂšnent Ă  des taux de virulence intrinsĂšques plus Ă©levĂ©s et entraĂźnent des dommages plus importants chez les hĂŽtes non vaccinĂ©s. Au cours de l’évolution, ces vaccins ont eu un impact nĂ©gatif sur une grande population en modifiant le taux de mortalitĂ© global[1].

Notion de résistance

Des mĂ©canismes de rĂ©sistance peuvent ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s Ă  la suite de la vaccination comme la production de substances qui augmentent l’immunodĂ©ficience de l’hĂŽte, ou la modification d’antigĂšnes Ă  la surface du pathogĂšne[3].

La notion de rĂ©sistance notamment dans le cas des virus est Ă©galement trĂšs importante. En effet, les virus possĂšdent un fort taux d’erreur de rĂ©plication[11]. Ayant donc un fort potentiel de mutations pouvant souvent contourner les obstacles mis en place par le systĂšme immunitaire. Ceci conduit Ă  l'apparition de “mutants escape”, modifiĂ©s au niveau de l’épitope[8], qui sont des mutants adaptĂ©s aux vaccins pouvant envahir l'hĂŽte et contrer sa dĂ©fense. Les gĂšnes codants des Ă©pitopes du pathogĂšne sont altĂ©rĂ©s, ainsi la structure de la protĂ©ine varie de la version initiale, de cette façon les mutants ne sont plus reconnus par le systĂšme immunitaire de l’hĂŽte[3].

Dans l'exemple de la fiĂšvre aphteuse causĂ©e par un pathogĂšne infectant les animaux, un motif d’acides aminĂ©s « RGD Â» trĂšs conservĂ© et localisĂ© dans la protĂ©ine de la capside, permet au pathogĂšne de s’ancrer aux cellules de l’hĂŽte et de les infecter. Cependant les vaccins anti-RGD[11] ont fait apparaitre plusieurs mutations de ce motif, permettant ainsi au pathogĂšne d’échapper Ă  la reconnaissance du systĂšme immunitaire[11].

Impacts selon les types de vaccins

Le cycle d’un pathogĂšne peut se dĂ©composer en trois grandes Ă©tapes : L’infection de l’hĂŽte, la croissance au sein de ce dernier puis la transmission Ă  un autre individu qui sera le nouvel hĂŽte[1]. L’intĂ©rĂȘt pour le pathogĂšne n’est pas de tuer son hĂŽte, car Ă  la suite de sa mort, le pathogĂšne ne pourra plus se transmettre. Le pathogĂšne acquiert donc une virulence intermĂ©diaire qui lui permet d’avoir un taux de transmission maximal sans tuer son hĂŽte[12].

Figure 3: Cycle d'un pathogĂšne et stades d'action de la vaccination

Les vaccins peuvent agir sur les différentes étapes du cycle de vie du pathogÚne[1] (Figure 3). Cependant, si le vaccin est focalisé sur une étape du cycle, le pathogÚne va tenter de contourner cet obstacle en optimisant une autre étape du cycle[1] - [12].

Vaccins anti-croissance

Le but de ce type de vaccin est de bloquer la croissance du pathogĂšne grĂące au systĂšme immunitaire[1], pour Ă©viter qu’il n’atteigne une trop forte densitĂ© au sein de l’hĂŽte vaccinĂ©. Ainsi il ne peut thĂ©oriquement pas atteindre le seuil de densitĂ© lĂ©tale.

De ce fait, on peut observer une diminution de la virulence lorsque le vaccin est trĂšs efficace ainsi qu’une plus faible transmission, car la durĂ©e d’infection serait plus courte chez les hĂŽtes vaccinĂ©s donc le pathogĂšne aurait moins de temps pour se transmettre.

Cependant, le pathogĂšne va avoir tendance Ă  Ă©voluer vers une croissance plus rapide chez les hĂŽtes vaccinĂ©s, pour contrer la rĂ©action immunitaire. En rĂ©sumĂ©, plus le nombre de personnes vaccinĂ©es dans la population est important, plus l’évolution va sĂ©lectionner les pathogĂšnes ayant une croissance plus rapide et qui Ă©chappent donc au systĂšme immunitaire[12].

La proportion de personnes vaccinĂ©es et l’efficacitĂ© du vaccin joueraient sur l’évolution de la virulence, du taux de transmission et de croissance. Il faut savoir que le pathogĂšne essaye toujours de s’adapter Ă  l’hĂŽte le plus abondant dans la population pour survivre (s’il s’adapte Ă  un hĂŽte peu reprĂ©sentatif de la population, il se transmettra moins et sera contre sĂ©lectionnĂ©). Concernant les vaccins anti-croissance, lorsque la proportion de personnes vaccinĂ©es dans la population est faible, le pathogĂšne aura un taux de croissance ni trop Ă©levĂ© pour ne pas causer la mort de l’hĂŽte (trop rapidement tout du moins) ni trop faible pour ne pas ĂȘtre Ă©liminĂ© par le systĂšme immunitaire avant d’ĂȘtre transmis. S’il s’adapte aux hĂŽtes vaccinĂ©s, il va chercher Ă  augmenter son taux de croissance pour les raisons Ă©voquĂ©es prĂ©cĂ©demment. Cependant, il sera plus virulent pour les personnes non vaccinĂ©es. Enfin, pour une proportion d’hĂŽtes vaccinĂ©s importante, la virulence sera plus faible[12].

Vaccins anti-transmission

Le but de ce type de vaccin est de diminuer la transmission du pathogĂšne dans la population[1]; Ce vaccin n’empĂȘche pas l’individu vaccinĂ© d’ĂȘtre infectĂ© mais diminue le risque de transmission Ă  autrui. De cette maniĂšre, les vaccins anti-transmission diminuent la fitness du pathogĂšne lorsqu’il infecte des hĂŽtes vaccinĂ©s : moins de pathogĂšnes seront transmis Ă  d’autres organismes et si le vaccin anti-transmission est trĂšs efficace, cela peut conduire Ă  la disparition du pathogĂšne au sein de la population si celui-ci ne peut plus infecter d’hĂŽte. Cependant, agir sur une Ă©tape du cycle d’un pathogĂšne se rĂ©percute sur les autres Ă©tapes[1]. Dans ce cas-lĂ , pour pallier la diminution du taux de transmission, le pathogĂšne va Ă©voluer vers un taux de croissance plus rapide[8]. Du point de vue du pathogĂšne, un dĂ©faut de transmission peut ĂȘtre dĂ» au fait que le pathogĂšne soit Ă©liminĂ© trop tĂŽt par le systĂšme immunitaire, ce qui impacte sa transmission. Il a donc tout intĂ©rĂȘt Ă  croĂźtre plus vite pour ĂȘtre transmis en plus grande quantitĂ© avant d’ĂȘtre Ă©liminĂ©. Par consĂ©quent, plus le vaccin bloque la transmission du pathogĂšne, plus le pathogĂšne Ă©voluera dans le sens d’une croissance rapide. De plus, ce type de vaccin conduit Ă©galement Ă  une augmentation de la virulence par rapport aux hĂŽtes qui n’ont pas Ă©tĂ© vaccinĂ©s[12]. En effet, nous avons vu prĂ©cĂ©demment que les vaccins anti-transmission ne protĂšgent pas de l’infection en elle-mĂȘme. Une fois que l’hĂŽte vaccinĂ© est infectĂ©, le pathogĂšne peut Ă©voluer dans l’organisme, en augmentant son taux de croissance comme expliquĂ© ci-dessus. Ces changements peuvent conduire Ă  une augmentation des effets du pathogĂšne sur son hĂŽte et par consĂ©quent cela augmente sa virulence.

Dans la population actuelle, il existe des individus vaccinĂ©s et d’autres non vaccinĂ©s. Si le pathogĂšne Ă©volue au sein d’un individu vaccinĂ©, celui-ci peut devenir plus virulent. Le vaccin ne bloquant pas Ă  100 % la transmission, il est possible que le pathogĂšne arrive Ă  infecter un hĂŽte non vaccinĂ©. Par consĂ©quent, les effets du pathogĂšne pourraient ĂȘtre plus forts chez cet hĂŽte non vaccinĂ© et le risque de mortalitĂ© plus Ă©levĂ©. Cependant, si l’hĂŽte meurt, le pathogĂšne ne peut plus ĂȘtre transmis. En rĂ©sumĂ©, plus le nombre de personnes vaccinĂ©es dans la population est Ă©levĂ©, plus le taux de transmission diminue mais le pathogĂšne risque d’augmenter son taux de croissance et sa virulence[12].

Autres types de vaccins

Il existe aussi des vaccins anti-toxine[1]. Ce type de vaccin diminue l’effet toxique en rĂ©duisant la production de toxines lorsque le pathogĂšne a infectĂ© un individu. Cela permet de diminuer les symptĂŽmes de la maladie. Il a Ă©tĂ© observĂ© que la virulence intrinsĂšque diminue dans le cas de ce type de vaccins[1]. De plus, des vaccins anti-infection ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s. Le but de ce type de vaccin est de diminuer la probabilitĂ© d’ĂȘtre infectĂ© lorsqu’on a Ă©tĂ© vaccinĂ©. Puisqu’ils protĂšgent de l’infection, ils vont donc avoir tendance Ă  diminuer la virulence du pathogĂšne[2] puisqu’il sera moins prĂ©sent dans la population.

Cas du paludisme

Un enjeu actuel est le dĂ©veloppement d'un vaccin anti-paludique puisque le paludisme est actuellement l'une des maladies causant le plus de dĂ©cĂšs au monde. Ce modĂšle est actuellement Ă©tudiĂ© puisque les expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes ont montrĂ© que les Ă©bauches de vaccins entraĂźnaient une augmentation de la virulence[2] - [8]. L’évolution de la virulence dans le cas du paludisme est plutĂŽt semblable Ă  celle de la maladie de Marek, Ă©tant donnĂ© que les pathogĂšnes encore plus virulents sont favorisĂ©s et ainsi trĂšs adaptĂ©s Ă  l’hĂŽte. La consĂ©quence de cette Ă©volution est observable en termes de plus de transmission du parasite au sein de l’hĂŽte vaccinĂ© ou non vaccinĂ©, menant ainsi Ă  des individus encore plus contaminĂ©s, voire un degrĂ© de guĂ©rison rĂ©duit[10].

Le dĂ©veloppement du vaccin contre le paludisme se focalise sur trois Ă©tapes de la vie du pathogĂšne : stades sporozoĂŻtes qui pĂ©nĂštrent dans les cellules du foie, stades mĂ©rozoĂŻtes infectant les globules rouges et stades gamĂ©tocytes, gamĂštes ainsi qu'oocystes[1]. L’utilisation de vaccins anti-infection et anti-transmission rĂ©duit la virulence et par consĂ©quent la prĂ©valence du paludisme c’est-Ă -dire le nombre de personnes malades dans la population. En revanche, les vaccins anti-croissance et anti-toxine n'ont pratiquement aucun effet sur la prĂ©valence et empĂȘche l'Ă©volution vers de fortes virulences. Quant au vaccin combinĂ© (vaccin anti-infectieux et anti-transmission), il reste le plus efficace. Cependant, le pathogĂšne responsable de la maladie est trĂšs polymorphe, rendant la crĂ©ation d'un vaccin efficace Ă  long terme compliquĂ©e[1].

Ouverture

PrĂ©voir l’évolution de la virulence d'un pathogĂšne reste difficile. Les scientifiques se basent sur l'Ă©volution de la fitness du pathogĂšne qui est liĂ©e Ă  son hĂŽte et Ă  son environnement. D'aprĂšs les diffĂ©rentes Ă©tudes, la virulence, la transmission et la persistance du pathogĂšne au sein de l'hĂŽte sont dĂ©pendants entre eux. La solution notamment pour l'Ă©tude de certaines maladies comme le paludisme, serait de combiner plusieurs types de vaccins afin d'amĂ©liorer l'efficacitĂ© de leur action et de rĂ©duire la virulence du pathogĂšne tout en empĂȘchant son Ă©volution[1]. La prĂ©vention et l’hygiĂšne restent les meilleurs moyens pour lutter contre la propagation des pathogĂšnes[2] - [9], notamment pour Ă©viter l'usage de vaccins qui accentuent la pression de sĂ©lection vers les souches les plus virulentes. Dans l'exemple du paludisme, l'utilisation de moustiquaires ou de mĂ©dicaments prĂ©ventifs permettent de diminuer les risques de propagation et d'infection[2]. La fabrication d'un vaccin doit nĂ©cessiter l'Ă©tude de son effet sur l'Ă©volution de divers traits d'histoire de vie d'un pathogĂšne avant d'ĂȘtre approuvĂ©e. Dans le domaine vĂ©tĂ©rinaire, et surtout dans les Ă©levages, les vaccins permettent de rĂ©duire les symptĂŽmes mais ne protĂšgent que trĂšs rarement contre l'infection, impliquant le maintien du pathogĂšne dans les populations animales infectĂ©es[11]. Ceci peut avoir un impact dangereux sur les populations humaines puisque les scientifiques ont dĂ©montrĂ© que de nombreuses Ă©pidĂ©mies proviennent de pathogĂšnes infectant Ă  l'origine des animaux et plus particuliĂšrement les mammifĂšres devenant par la suite des pathogĂšnes zoonotiques.

Futurs vaccins

Les vaccins modernes sont composĂ©s de microorganismes inactivĂ©s, administrĂ©s par une injection stĂ©rile. De nos jours, les vaccins contiennent une faible quantitĂ© d’un antigĂšne qui entraine la production d’anticorps spĂ©cifiques Ă  ce dernier[7]. Dans un futur proche, les chercheurs envisagent un nouveau type de vaccination “par ADN”[7]. Les gĂšnes codant un antigĂšne provenant d'un pathogĂšne sont injectĂ©s dans les cellules immunitaires qui produisent ainsi l’antigĂšne et le prĂ©sentent Ă  la surface par leur CMH (Complexe majeur d'histocompatibilitĂ©). La vaccination gĂ©nĂ©tique qui utilise de l’ADN plasmidique et des vecteurs transgĂ©niques attĂ©nuĂ©s, est une de ces nouvelles mĂ©thodes[7].

Notes et références

  1. Sylvain Gandon, Margaret J. Mackinnon, Sean Nee et Andrew F. Read, « Imperfect vaccines and the evolution of pathogen virulence », Nature, vol. 414,‎ , p. 751-756
  2. M.J. Mackinnona, S. Gandonc et d, A.F. Reade, « Virulence evolution in response to vaccination : The case of malaria », Vaccine, vol. 26,Supplement 3,‎ , C42–C52
  3. Andrew F. Read et Margaret J. Mackinnon, « Pathogen evolution in a vaccinated world », in Evolution in health and disease 2, vol. 26,‎ , p. 139-152
  4. Vitaly V.Ganusov et Rustom Antia, « Imperfect Vaccines and the Evolution of Pathogens Causing Acute Infections in Vertebrates », Evolution, vol. 60, Issue 5,‎ , p. 957-969
  5. Dieter Ebert et James J. Bull, « Challenging the trade-off model for the evolution of virulence: is virulence management feasible? », Trends in Microbiology, vol. 11, Issue 1,‎ , p. 15–20
  6. Michael A. Gilchrist et Daniel Coombs, « Evolution of virulence: Interdependence, constraints, and selection using nested models », Theoretical Population Biology, vol. 69.2,‎ , p. 145-153
  7. T Day, A Galvani, C Struchiner et A Gumel, « The evolutionary consequences of vaccination », Vaccine, vol. 26,‎ , C1-C3
  8. Victoria C. Barclay, Derek Sim, Brian H. K. Chan, Lucas A. Nell, Maia A. Rabaa, Andrew S. Bell, Robin F. Anders et Andrew F. Read, « The Evolutionary Consequences of Blood-Stage Vaccination on the Rodent Malaria Plasmodium chabaudi », PLOS Biology, vol. 10, Issue 7, 10.7,‎ , e1001368
  9. AndrewF.Read, SusanJ.Baigent, ClairePowers, LydiaB.Kgosana, LukeBlackwell, LorraineP.Smith,DavidA.Kennedy, StephenW.Walkden-Brown, VenugopalK. Nair, « Imperfect Vaccination Can Enhance the Transmission of Highly Virulent Pathogens », PLOS Biology, vol. 13.7,‎ , e1002198
  10. Sylvain Gandon, Troy Day, « Evidences of parasite evolution after vaccination », Elsevier, Vaccine, vol. 26,‎ , C4-C7
  11. K.A. Schat, E. Baranowski, « Animal vaccination and the evolution of viral pathogens », Rev. sci. tech. Off. int. Epiz, vol. 26.2,‎ , p. 327-338
  12. Vitaly V.Ganusov and Rustom Antia, « Imperfect Vaccines and the Evolution of Pathogens Causing Acute Infections in Vertebrates », Evolution, vol. 60, Issue 5,‎ , p. 957-969
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