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Un noble polonais

Un noble polonais (en nĂ©erlandais : Een poolse edelman) est un tableau peint en 1637 par Rembrandt. Plusieurs autres titres ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour cette Ĺ“uvre, et le titre originel n'est pas connu. Il reprĂ©sente un homme dans un costume bigarrĂ©, empruntant ses Ă©lĂ©ments Ă  l'Est de l'Europe. L'identitĂ© de l'homme n'est pas certaine, et a fait l'objet de plusieurs hypothèses. Le fait que l'habit du personnage soit polonais n'est pas non plus admis par tous les historiens d'art, et il a Ă©tĂ© enfin considĂ©rĂ© qu'il pouvait s'agir d'un autoportrait.

Un noble polonais
Artiste
Date
Type
Matériau
huile sur panneau de bois (d)
Dimensions (H Ă— L)
96,8 Ă— 66 cm
Mouvement
No d’inventaire
1937.1.78
Localisation

La peinture est exposée à la National Gallery of Art de Washington, DC.

Description

Le portrait représente un homme, dont l'âge a été estimé à 45 ans, debout, de trois-quarts, le côté droit face au spectateur, et le visage tourné vers lui, barré par une épaisse moustache, avec un regard de commandement ou d'attente. Une grosse perle en forme de poire pend à la boucle d'or fixée à son oreille[1].

Il tient dans sa main droite, un bâton avec un manchon d'or, porte un haut bonnet de fourrure entourĂ© d'une chaĂ®ne en or, avec des pierres prĂ©cieuses et des armoiries en son centre. Il porte un manteau rouge-brun, au large col de fourrure, sur lequel repose une lourde chaĂ®ne dorĂ©e, qui entoure sa poitrine. Son pendentif, sur son Ă©paule droite, est l'insigne des trois queues de cheval, dĂ©coration caractĂ©ristique des pachas[1].

L'ensemble évoque la noblesse polonaise (szlachta) de la République des Deux Nations. La lumière vient de la gauche et tombe sur le côté droit de son visage. Le fond est brun-gris[1].

Histoire

Le tableau a Ă©tĂ© peint par Rembrandt en 1637[2]. L'appellation Un noble polonais (A Polish Nobleman) est la plus rĂ©cente, et maintenant la plus largement reconnue, mais d'autres l'ont prĂ©cĂ©dĂ©e, dont celles de Portrait d'un prince slave[2], de Portrait d'un Turc[3], et d'Homme en costume russe[4], et peut-ĂŞtre Un ambassadeur de Moscovie (Een Ambassadeur van Moscovien)[3].

Son authenticitĂ© est confirmĂ©e par une analyse du panneau de bois sur lequel il est peint. Elle montre qu'il provient d'un arbre abattu vers 1635, de mĂŞme qu'un autre panneau utilisĂ© par le peintre pour Paysage de rivière avec des ruines (1650)[5].

Les premiers propriétaires ne sont pas connus avec certitude, mais un certain Harman van Swole pourrait en faire partie. Le tableau est acheté en 1768 par Catherine II, et conservé dans le Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. Il est vendu secrètement par le Gouvernement soviétique en 1931 à un consortium de galeries privées occidentales pour le compte d'Andrew Mellon, puis donné en 1937 à la National Gallery of Art de Washington[6]

L'achat d'Andrew Mellon fait partie d'une sĂ©rie de 21 acquisitions effectuĂ©es entre 1930 et 1933, qu'il a niĂ©es durant des annĂ©es, compte tenu de la crise traversĂ©e par les États-Unis, d'un prix d'achat qui aurait pu sembler extravagant, et de l'hostilitĂ© gĂ©nĂ©rale au pouvoir soviĂ©tique. Les Ĺ“uvres ont Ă©tĂ© conservĂ©es pendant un certain temps dans une section de la Corcoran Gallery of Art Ă  Washington, DC[7].

La peinture a été radiographiée et restaurée en 1985[3].

Analyse

L'Ĺ“uvre a Ă©tĂ© qualifiĂ©e par certains critiques d'art de tronie, peinture exagĂ©rant une expression ou une particularitĂ© de costume. Melissa Percival note ainsi que le spectateur a son attention attirĂ©e par l'extravagance du col de fourrure, le chapeau de travers, la moustache touffue, et le reste Ă  l'avenant, le tout donnant « l'impression que la peinture ne doit pas vraiment ĂŞtre prise au sĂ©rieux »[8].

Les chercheurs ont tentĂ© pendant plus d'un siècle de savoir qui Ă©tait reprĂ©sentĂ©[2]. Les premières hypothèses, Jean III Sobieski (âgĂ© de huit ans en 1637) ou Étienne Bathory (qui meurt en 1586) ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es[3]. Selon Otakar OdloĹľilĂ­k, le costume est Ă©videmment polonais, mais rien ne prouve que l'homme qui le porte le soit ni ne donne d'indication sur son identitĂ©. Il souligne nĂ©anmoins que la plupart des historiens sont d'accord pour penser qu'il s'agit d'un noble polonais. Ses recherches suggèrent que c'est peut-ĂŞtre d'Andrzej Rej, un diplomate polonais prĂ©sent Ă  Amsterdam et dans les Pays-Bas, Ă  l'Ă©poque oĂą Rembrandt a peint le tableau[2].

NĂ©anmoins, en l'absence des documents contemporains irrĂ©futables, OdloĹľilĂ­k considère qu'il ne peut ĂŞtre tirĂ© de conclusions certaines[2]. Il mentionne Ă©galement les travaux de Kurt Bauch qui suggère que le modèle pourrait ĂŞtre le frère de Rembrandt, Adriaen, mais le juge peu probable[2].

D'autres points de vue ont Ă©tĂ© formĂ©s depuis la publication de son article. En 1979, l'historien de l'art Kenneth Clark estime qu'il s'agit un autoportrait idĂ©alisĂ© et « en robe d'apparat »[9]. En 2001, Walter Liedtke du Metropolitan Museum of Art considère que le chapeau est russe et Marieke de Winkel affirme en 2006 que « ...l'homme ne peut pas ĂŞtre identifiĂ© comme un Polonais, mais comme un boyard moscovite »[10] - [11]. Le musĂ©e indique qu'il ne s'agit probablement pas un portrait d'une personne dĂ©terminĂ©e, mais note une forte ressemblance avec Rembrandt et suggère Ă  son tour que ce pourrait ĂŞtre un autoportrait[3]. Une analyse aux rayons X du tableau montre que Rembrandt a modifiĂ© pendant la peinture du tableau les joues du personnage, qui sont in fine plus rondes que les siennes[3].

Références

  1. Cette description se fonde sur l'ouvrage de Wilhelm Bode et C. Hofstede de Groot, The Complete Works of Rembrandt, Paris 1899, Vol. Ill, no. 228, tel que cité par Odlozilik dans Rembrandt's Polish Nobleman
  2. (en) Otakar Odlozilik, « Rembrandt's Polish Nobleman », The Polish Review, no 8 (4),‎ , p. 3–32 (lire en ligne)
  3. (en) « Rembrandt van Rijn - A Polish Nobleman », National Gallery of Art (consulté le )
  4. (en) Ernst van de Wetering, A Corpus of Rembrandt Paintings VI : Rembrandt’s Paintings Revisited : A Complete Survey, Dordrecht, Springer, (ISBN 978-94-017-9240-0, lire en ligne), p. 559
  5. (en) Roland E. Fleischer, Susan Scott Munshower, Susan C. Scott, The Age of Rembrandt : Studies in Seventeenth-Century Dutch Painting, Penn State Press, , p. 221
  6. (en) « A Polish Nobleman », sur www.nga.gov (consulté le )
  7. (en) Meryle Secrest, Duveen : A Life in Art, University of Chicago Press, , p. 316
  8. (en) Melissa Percival, Fragonard and the Fantasy Figure : Painting the Imagination, Farnham, Surrey, England/Burlington, VT, shgate Publishing, Ltd, , 260 p. (ISBN 978-1-4094-0137-7, lire en ligne), p. 60
  9. (en) Kenneth Clark, An introduction to Rembrandt, Harper & Row, , p. 70
  10. (en) Walter A. Liedtke, Vermeer and the Delft School, Metropolitan Museum of Art, , 626 p. (ISBN 978-0-87099-973-4, lire en ligne), p. 255
  11. (en) Marieke de Winkel, Fashion and Fancy : Dress and Meaning in Rembrandt's Paintings, Amsterdam University Press, , p. 320

Annexes

Bibliographie

  • (en) Catherine Phillips, « The provenance of Rembrandt's Polish nobleman (1637) in the National Gallery of Art, Washington », The Burlington Magazine, no 151,‎ , p. 84-85

Articles connexes

Liens externes

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