Tsultrim Gyatso
Tsultrim Gyatso ( – ) est le 10e dalaï-lama (tibétain : ཚུལ་ཁྲིམས་རྒྱ་མཚོ་, Wylie : Tshul-khrims rgya-matsho). Mort à 21 ans, il n'exerça aucune fonction politique.
Biographie
Tsultrim Gyatso est né en 1816 à Litang dans la province du Kham, connu alors sous le nom de Dokham, au Tibet[1]. Son père se dénomme Lobsang Nyendak et sa mère Namgyal Bhuti.
Demo Rinpoché, Ngawang Lobsang Thubten Jigme Gyatso, régent du Tibet de 1811 jusqu'à sa mort en 1819, initie la recherche de la réincarnation du 9e dalaï-lama. Cinq candidats émergent, et il n'en reste rapidement plus que trois. Le régent penche pour le candidat de Lithang. Ne sachant ce qu'en pense l'empereur de la dynastie Qing, le régent persuade l'amban de lui écrire pour demander que de nouveau urne d'or de 1793 ne soit pas utilisée. L'empereur répond par une lettre qui arrive en à Lhassa, lui demandant d'oser venir à Pékin, menaçant de l'arrêter et de le punir. Mais le régent est alors déjà mort de la variole[2].
En 1822, Tsultrim Gyatso est reconnu comme la réincarnation du 9e dalaï-lama, malgré les querelles entre Pékin et Lhassa sur ce choix[3].
Après l’identification, Lobsang Nyendak a reçu un titre et le domaine de Yutok, initiant la famille noble tibétaine Yutok[4].
Il est intronisé dans le palais du Potala et reçoit les vœux de moine novice du 7e panchen-lama, Palden Tenpai Nyima, qui lui donne son nom religieux (Tsultrim Gyatso). En 1826, à l'âge de dix ans, il rejoint le monastère de Drepung où il étudié des textes philosophiques bouddhistes et parvint à maîtriser les sutras et les tantras.
Après être devenu le chef de l'État tibétain en 1830, il a reconstruit le palais du Potala en 1831 et à l'âge de 19 ans, il a pris les vœux complets de Gelong du 7e panchen-lama. Le 10e Dalaï-lama a été confiné pour "prévenir une maladie" en 1834[5]
Il était le deuxième de quatre Dalaï-lamas qui sont morts de maladies à un jeune âge, suivant directement les demandes des Qing d'utiliser leur système de loterie par urne. Plusieurs spécialistes pensent que l'empoisonnement des amban Qing est responsable de ces décès[6]. Malgré les précautions, le 10e Dalaï-lama est mort en 1837[7]. Selon d'une source chinoise, il est mort à la suite de l'effondrement d'un plafond du Potala : « [U]ne source chinoise a déclaré sans équivoque qu'elle n'avait pas été causée par une maladie mais par l'effondrement inexpliqué d'un des plafonds du Potala sur lui alors qu'il dormait. [Depuis, l'historien W.W.Rockhill] basant son récit sur un ensemble de documents adressés à l'empereur de Chine 40 ans plus tard... »[8].
Notes et références
- (Khetsun, Mullin et Tsepak 1982) « The Tenth Dalai Lama The omniscient Tenth reincarnation was born in Li-tang of Do Kham Province, Eastern Tibet. »
- Alexander Norman, The Secret Lives Of The Dalai Lama: Holder of the White Lotus, p. 259
- Histoire des Dalaï-Lamas. Quatorze reflets sur le Lac des Visions de Roland Barraux, édité par Albin Michel, pages 224 et suivantes.
- Samten Chhosphel, The Tenth Dalai Lama, Tsultrim Gyatso. Tresury of Lives, Treasury of Lives, novembre 2011
- Samten Chhospel, "The Tenth Dalai Lama, Tsultrim Gyatso". Treasury of Lives, Biographies of Tibetan Masters, 2011.
- Tsering Shakya, "The Thirteenth Dalai Lama, Tupten Gyatso". Treasury of Lives, Biographies of Tibetan Masters, 2013.
- Tsultrim Gyatso sur le site du XIVème Dalaï-lama.
- Mike Dash, Murder in Tibet's high places Smithsonian Magazine, 10 avril 2012
Bibliographie
- Roland Barraux, Histoire des Dalaï-lamas, Albin Michel, 1993, (ISBN 2-226-13317-8)
- Martin Brauen, Les Dalaï-Lamas. Les 14 réincarnations du bodhisattva Avalokiteshvara (2005), trad. de l'all., Favre, 2005, 303 p.
- Glenn H. Mullin, Les quatorze Dalaï-Lamas (2001), préface du 14° Dalaï-Lama, trad. Philippe Beaudoin, Éditions du Rocher, 2004, 616 p.
- (en) William Woodville Rockhill, "The Dalai-Lamas of Lhassa and their relationships with the Manchu Emperors of China, 1644-1908", Leyde, T'oung Pao, 1910, t. 11, p. 1-104.
- Khetsun Sangpo Rinpoché, Glenn H. Mullin et Tsepak Rigzin, « Life and Times of the Eighth to Twelfth Dalai Lamas », The Tibet Journal, Library of Tibetan Works and Archives, vol. 7, nos 1/2, , p. 47-55 (lire en ligne)