Trouble du comportement en sommeil paradoxal
Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) fait partie des troubles du sommeil, plus précisément des parasomnies, elle-même spécifique du sommeil paradoxal (SP), tout comme les cauchemars et les paralysies du sommeil.
Spécialité | Neurologie |
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Mise en garde médicale
Signes et symptĂ´mes
Ils correspondent à la mise en acte d'un rêve, due à l'absence de l'atonie musculaire spécifique de ce type de sommeil. Alors que le sujet est profondément endormi, il se met tout à coup à parler, crier, gesticuler avec brusquerie. Il donne des coups, se précipite sur son partenaire ou saute violemment hors du lit. Il n'est pas rare que cette agitation occasionne des contusions ou même des fractures. Lorsqu'on le réveille, le sujet peut raconter qu'il se trouvait pris en plein dans l'action d'un rêve ou assez souvent d'un cauchemar : il essayait par exemple de protéger son partenaire d'un danger. Ces rêves comportent toujours une part de violence, et il existe une concordance entre ce que le sujet rêve et ce qu'il fait. Cette forme typique du TCSP, est en fait rare, plus souvent les mouvements observés lors des enregistrements sont beaucoup moins élaborés et ne peuvent être spécifiquement reliés au contenu onirique. Des formes infra-cliniques existent, il s'agit de sommeil paradoxal dissocié. En effet, l'une des caractéristiques du sommeil paradoxal consiste en une atonie musculaire, c’est-à -dire l'absence de tonus musculaire. Chez ces patients, on peut observer que l'atonie musculaire n'est pas complète.
Le trouble pourrait facilement être confondu avec le somnambulisme, pourtant de nombreux éléments les distinguent :
- le somnambulisme survient surtout chez l'enfant et l'adulte jeune ;
- le somnambulisme est une parasomnie par trouble de l'Ă©veil, le sujet n'est pas en train de rĂŞver ;
- l'activité motrice du TCSP est bien moins élaborée que celle du somnambulisme.
À cela peut s'ajouter un diagnostic différentiel. Les terreurs nocturnes sont une parasomnie par trouble de l'éveil. Elles relèvent du même mécanisme physiopathologique que le somnambulisme. Les 2 troubles (auxquels on pourraient même ajouter les éveils confusionnels) pourraient d'ailleurs constituer 2 modes d'expression différents d'une même entité pathologique.
Les éveils confusionnels sont une parasomnie par trouble de l'éveil. Le sujet se réveille dans un état de confusion, parfois d'agitation, pouvant de façon exceptionnelle aboutir à des agressions violentes du partenaire. Les éveils confusionnels, contrairement aux 2 précédentes parasomnies, peuvent survenir durant la sieste.
Épidémiologie
Le TCSP, une entité pathologique découverte en 1986, est beaucoup plus fréquente chez l'homme que chez la femme, et commence le plus souvent après 50 ans. L'étiologie précise des troubles reste discutée : elle est certainement plurifactorielle. Des facteurs toxiques ou médicamenteux peuvent favoriser leur apparition. De nombreuses lésions, sous-corticales vasculaires, tumorales, mais surtout dégénératives pourraient jouer un rôle causal. Les syndromes dégénératifs avec syndrome parkinsonien seraient souvent impliqués dans la genèse d'un TCSP. Dans la démence à corps de Lewy, ce trouble du sommeil est particulièrement fréquent. Par ailleurs, la survenue d'un TCSP pourrait avoir une valeur prédictive, précédant de plusieurs années l'apparition d'un syndrome parkinsonien[1]. Cependant, il existe d'authentiques TCSP qui ne semblent pas dépendre d'une autre pathologie (TCSP idiopathique).
Le TCSP toucherait une personne sur 200[1].
Physiopathologie
Les altérations biochimiques causales restent mal connues mais une perturbation de la balance dopamino-cholinergique et de la transmission sérotoninergique pourraient jouer un rôle de premier plan.
Traitements
Le TCSP répond très bien au traitement médicamenteux, clonazépam notamment.
Histoire
Un trouble équivalent a été observé chez le chat. Dès 1965, Michel Jouvet et l'école de Lyon ont étudié l'effet causé sur cet animal par de petites lésions pratiquées dans une région du tronc cérébral qui suppriment l'atonie musculaire du stade paradoxal (le locus caeruleus). Chez les animaux ainsi opérés on observe le comportement en même temps qu'on enregistre en continu leurs états de vigilance. Dès le début du stade paradoxal repéré sur les enregistrements encéphalographiques, l'animal lève la tête et semble regarder autour de lui. Cependant sa membrane nictitante (la troisième paupière des chats) reste abaissée, ce qui n'est jamais le cas dans l'éveil, et il ne réagit pas aux stimulations visuelles ou auditives. Ensuite, il peut présenter une variété de comportements tels que la marche, l'exploration de la cage, la poursuite d'un objet imaginaire, la peur, la rage, l'attaque ou le toilettage. Des comportements sexuels tels que l'incurvation du dos chez la femelle peuvent aussi être observés.
Ces comportements sont imprévisibles et ne sont pas dirigés vers un but. L'animal est aveugle et sourd, dans son monde à lui. L'association de ces comportements avec le sommeil paradoxal permet de dire que ce sont des rêves agis.
Notes et références
- « Ces neurones qui nous paralysent pendant notre sommeil », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- Yves Dauvilliers, Michel Billiard, Alain Besset, Les troubles du sommeil. Éd. Masson.