Triptyque Bleu I, Bleu II, Bleu III
Triptyque Bleu I, Bleu II, Bleu III est un ensemble de trois toiles de Joan Miró, réalisées à partir du à Palma de Majorque dans le grand atelier construit pour le peintre par l'architecte Josep Lluís Sert en 1956[1]. C'est un ensemble de trois grandes huiles sur toile mesurant 270 × 355 cm chacune et conservées au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou.
Contexte
Miró, à la fois satisfait et désorienté par l'ampleur de ce grand atelier, s'est d'abord employé à l'animer avec toutes sortes d'objets et d'esquisses sorties de ses cartons pour peupler l'espace vide[2]. Il se sent obligé de réorienter sa peinture dans une direction nouvelle. Il lui faut retrouver le « sursaut de la fureur iconoclaste de sa jeunesse[1]. » Son deuxième séjour aux États-Unis est déterminant, la jeune peinture américaine lui ouvre la voie et le libère en lui montrant jusqu'où on peut aller[3].
Après une période d'abondante production, Miró fait le vide, déclare le vide[4] et se lance dans l'exécution de plusieurs triptyques dont Bleu I, Bleu II, Bleu III.
Les trois Bleu "sont les enfants aériens [...] de sa fascination pour les maîtres de l'abstraction américaine, à commencer par Mark Rothko et ses nébuleuses, qu'il découvrit à New York dix ans auparavant"[5].
D'autres Triptyques suivront deux ans plus tard, notamment : le Triptyque vert, rouge, orange intitulé : Peintures pour un temple, puis en 1968 : Peinture sur fond blanc pour la cellule d'un condamné (1968), huile sur toile aux mêmes dimensions que les Bleus (Fondation Miró) et L'Espoir du condamné à mort (1974), huile sur toile (Fondation Miró).
Description
Les Bleus semblent faits d'un seul geste, inspiré selon Margit Rowell « par les villages catalans où, autrefois, les maisons étaient peintes en bleu, un bleu catalan légèrement violacé, clair, littéralement : le bleu ciel[6] »
Selon le témoignage de son ami Jacques Dupin, qui était à ses côtés pendant la réalisation des œuvres, il a fallu dix mois pour que Miró passe de l'ébauche au fusain à la peinture sur toile. Le peintre a très lentement libéré la tache, la ligne, il a mis du temps à trouver le rythme et la couleur : « J'ai mis beaucoup de temps à les faire. Pas à les peindre, mais à les méditer. Il m'a fallu un énorme effort, une très grande tension intérieure pour arriver au dépouillement voulu[7]. »
Les taches noires constellantes dans le Bleu I sont disposées comme les pierres d'un gué dans le Bleu II, et se réduisent à une seule tache dans le Bleu III. Le bâton rouge de petite taille du Bleu I s'étire dans le Bleu II comme une fusée et disparait en petit point ovoïde rouge-rosée, légèrement entouré de gris-noir, flottant au bout d'une tige comme une fleur d'eau.
Expositions
- Joan Miró: Schnecke Frau Blume Stern, Museum Kunstpalast, Düsseldorf, 2002 — n°51, 52 et 53.
- Miró : La couleur de mes rêves, Grand Palais, Paris, 2018-2019 — n°108, 109 et 110.
Bibliographie
- Jacques Dupin, Miró, Paris, Flammarion, 1961 et 1993 (ISBN 978-2-08-011744-1 et 2-08-011744-0)
- Jean- Louis Prat, Miró, Martigny (Suisse), Fondation Pierre Gianadda, (ISBN 2-88443-042-3)
- (en) Margit Rowell, Joan Miró, selected writings and interviews, Boston, J.K.Hall et Da Capo press, , 356 p. (ISBN 0-306-80485-9) L'ouvrage regroupe les lettres de Miró avec ses amis et les écrits des amis de Miró sur le peintre, ainsi que leur correspondance.
Notes et références
- Dupin 1961 et 1993, p. 303
- Rowell 1986, p. 161-162.
- Rowell 1986, p. 58.
- Dupin 1961 et 1993, p. 313
- Emmanuelle Lequeux, « Joan Miro, le rêve au bout du pinceau », Le Monde,
- Rowell 1986, p. 41-49
- Anne Bertrand, Libération du mercredi 26 mai 1993, p.35, citation extraite de : Dupin 1961 et 1993, p. 313