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Transfection

On appelle transfection le processus de transfert de gènes, c'est-à-dire l'introduction de matériel génétique exogène dans des cellules eucaryotes, n’utilisant pas comme vecteur un virus, par opposition à la transduction.
Ă€ noter que le terme « transfection Â» est assez analogue au processus de transformation bactĂ©rien, mais ce terme n'a pas Ă©tĂ© appliquĂ© aux cellules animales, du fait de son association Ă  un phĂ©notype altĂ©rĂ© et une croissance anarchique (en clair, d'un stade prĂ©cancĂ©reux).

Elle est typiquement réalisée par l'ouverture transitoire de pores dans les cellules pour permettre l'entrée de molécules extracellulaires, comme un plasmide d'ADN superenroulé, un petit ARN interférent, ou d'autres.

Les cellules manipulĂ©es pour accepter un ADN Ă©tranger (les cellules avec des pores) sont appelĂ©es « cellules compĂ©tentes Â» (competent cells).

MĂ©thodes

Il existe différentes méthodes pour introduire un ADN exogène dans une cellule.

  • L'une des plus classiques et des moins chères, mais aussi des moins fiables, est la transfection par phosphate de calcium, dĂ©couverte par S. Bacchetti et F. L. Graham en 1977. Une solution saline tamponnĂ©e par HEPES (HEPES-buffered saline solution - HeBS) doublement concentrĂ©e et contenant des ions phosphate est combinĂ©e avec une solution de chlorure de calcium contenant l'ADN Ă  transfecter. Lorsque ces deux solutions sont combinĂ©es, il se forme un fin prĂ©cipitĂ© de phosphate de calcium, liant l'ADN Ă  transfecter Ă  sa surface. La suspension contenant le prĂ©cipitĂ© est alors ajoutĂ©e aux cellules Ă  transfecter (habituellement une culture cellulaire monocouche). Par un procĂ©dĂ© non entièrement compris, les cellules incorporent le prĂ©cipitĂ© contenant l'ADN (les ions Ca2+ masquent la polaritĂ© nĂ©gative de l'ADN lui permettant d'entrer dans la cellule).
    La transfection par phosphate de calcium est particulièrement employée avec les cellules 293 pour assurer des transfections transitoires.
  • Une mĂ©thode très efficace est l'inclusion de l'ADN Ă  transfecter dans des liposomes, c'est-Ă -dire des micelles possĂ©dant des propriĂ©tĂ©s structurelles analogues Ă  celles des membranes cellulaires, et leur permettant de fusionner effectivement avec elles, libĂ©rant l'ADN dans la cellule. Pour les cellules eucaryotes, une transfection basĂ©e sur les lipides et les polycations est utilisĂ©e, du fait de la plus grande sensibilitĂ© des cellules.
  • D'autres mĂ©thodes utilisent des agents polycationiques hautement branchĂ©s, appelĂ©s dendrimères, comme le polyĂ©thylènimine (PEI), pour lier l'ADN et le transporter dans la cellule.
    Le polycation se fixe aux phosphates négatifs de l'ADN et l'englobe entièrement. Le complexe formé est globalement positif et va pouvoir se fixer aux polysaccharides de la membrane plasmique, qui sont négatifs. Du Tris, souvent inclus dans la solution de transfection, améliore la perméabilité membranaire.
    Une fois fixé à la membrane, le complexe est endocyté et adressé à l'endosome. De plus, le polyéthylènimine possède des propriétés uniques d'éponge à protons, captant les protons du lysosome lors de sa fusion avec l'endosome, inactivant ainsi les hydrolases acides pouvant dégrader l'ADN.
    Dans le cas du DEAE-Dextran, la captation des protons lysosomaux est assurée par un agent lysosomotropique (chloroquine).
    Par un processus encore mal connu, le complexe ADN-polycation quitte l'endosome, et est transloqué dans le noyau, où il est exprimé (transfection transitoire, cf. infra) ou intégré au génome puis exprimé (transfection stable, cf. infra).
  • D'autres encore utilisent l'Ă©lectroporation, le choc thermique (heat shock), et les propriĂ©tĂ©s particulières de rĂ©actifs comme le GeneCellin.
  • Une approche directe de la transfection est le gene gun, dans lequel système l'ADN est couplĂ© Ă  une nanoparticule d'un solide inerte (gĂ©nĂ©ralement de l'or), qui est ensuite « tirĂ© Â» (shot) directement dans le noyau des cellules-cibles.
  • La magnĂ©tofection est une mĂ©thode de transfection qui utilise des champs magnĂ©tiques pour concentrer des particules contenant de l'acide nuclĂ©ique et des Ă©chantillons in utero vers les cellules cibles du corps[1]. Cette mĂ©thode tente d'unir les avantages des mĂ©thodes de transfection biochimique (lipides cationiques ou atomes de polymère) et physique (Ă©lectroporation, biolistique) dans un mĂŞme système en excluant leurs inconvĂ©nients (faible efficacitĂ©, toxicitĂ© ).

Transfection stable et transitoire

Dans la plupart des applications de la transfection, il suffit que le gène transfecté ne le soit que de manière transitoire. Comme l'ADN introduit n'est habituellement pas introduit dans le génome cellulaire, il est normalement perdu au plus tard lors de la mitose des cellules. Si l'on souhaite que ce gène demeure dans le génome des cellules-mères ainsi que des cellules-filles, il faut réaliser une transfection stable.

Pour ce faire, un autre gène est co-transfecté. Ce gène confère à la cellule un avantage sélectif, comme la résistance à une toxine donnée. Bien que le rendement soit très faible, certaines cellules auront transloqué l'ADN exogène et l'auront intégré à leur génome; si l'on ajoute la toxine (à laquelle la cellule est devenue résistante) au milieu de culture cellulaire, seules les cellules transfectées seront capables de proliférer, tandis que les autres mourront. Après application de cette pression de sélection pendant quelques passages en culture, seules les cellules transfectées de façon stable résistent et peuvent continuer à être cultivées.

Un agent habituellement utilisé pour réaliser une transfection stable est le G418 (généticine), une toxine pouvant être neutralisée par le produit du gène de résistance à la néomycine.

Bibliographie

  • Bacchetti et Graham, PNAS, vol. 74, pp. 1590-94, disponible via le NCBI .

Notes et références

  1. Plank C, Zelphati O, Mykhaylyk O, « Magnetically enhanced nucleic acid delivery. Ten years of magnetofection-progress and prospects », Adv. Drug Deliv. Rev., vol. 63, nos 14–15,‎ , p. 1300–31 (PMID 21893135, PMCID 7103316, DOI 10.1016/j.addr.2011.08.002)

Lien externe

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