Traité germano-bulgare (1915)
Le Traité germano-bulgare du , ou traité d'amitié et d'alliance entre le Reich[N 1] et la Bulgarie, est un accord fixant les termes de la participation bulgare dans la Première Guerre mondiale.
Ce traité est dénoncé de façon unilatérale par le gouvernement bulgare le : en effet, l'armistice entre la Bulgarie et les Alliés stipule la rupture formelle de l'alliance, ainsi que la rupture des relations diplomatiques, entre le Reich et la Bulgarie.
La Bulgarie courtisée
La Bulgarie dans l'orbite allemande
Dès le déclenchement du conflit, le , les Bulgares tentent de recouvrer la Macédoine, perdue en 1913 ; faisant monter les enchères entre les belligérants, le roi Ferdinand se rapproche des puissances centrales, aux prises avec l'armée serbe[1].
Dans ce contexte, les puissances centrales accèdent à toutes ses demandes d'expansion territoriales[1].
Une neutralité intéressée
Dès le déclenchement du conflit, les deux blocs d'alliance courtisent l'un comme l'autre le roi, véritable décideur de la politique étrangère du royaume.
L'Entente n'est pas en mesure de proposer des compensations territoriales équivalentes aux pertes bulgares du traité de 1913, sans s'aliéner la Serbie, déjà engagée dans le conflit, la Roumanie et la Grèce, neutres au début de l'année 1915[2]. La Macédoine est ainsi promise à la Bulgarie, mais le refus intransigeant de Nikola Pašić, premier ministre serbe, met un terme aux échanges[3]. En effet, chaque concession territoriale consentie aux Bulgares ne peut se faire qu'aux dépens de la Serbie, ce à quoi le gouvernement serbe s'oppose catégoriquement[4].
De plus, les promesses territoriales de l'Entente sont conditionnées par l'annexion à la Serbie de territoires en Bosnie-Herzégovine et en Albanie[5], territoires aux contours volontairement mal définis dans un accord russo-serbe conclu le [4].
Dans ces conditions, le Reich et la double monarchie sont seuls capables de permettre au royaume humilié en 1913 de recouvrer les territoires promis par le traité de 1912[N 2] - [6].
Négociations
Concessions austro-allemandes
Dès le , une note de Stephan Burián, ministre austro-hongrois des affaires étrangères, promet la Macédoine serbe à la Bulgarie en échange de sa neutralité[5].
Cependant, la crainte d'une négociation austro-serbe durant l'été 1915 pousse les Bulgares à ouvrir des pourparlers avec les puissances centrales : le , des négociateurs sont échangés entre le Reich et la Bulgarie[7].
Clauses de l'accord
Les gouvernements liés par la convention, le bulgare d'un côté, l'allemand, l'austro-hongrois et l'ottoman de l'autre, s'engagent à concerter leur action tout en maintenant leur autonomie.
Clauses territoriales
Clauses militaires
Tout d'abord, l'accord prévoit un échange d'officiers de liaison entre les états-majors allemand et bulgare ; cependant, des officiers allemands assistent l'état-major bulgare depuis la fin de la dernière guerre balkanique[N 3] - [8].
Ensuite, une participation bulgare à l'écrasement de la Serbie est planifiée par cette convention[9].
Enfin, l'approvisionnement de l'armée bulgare est confié au Reich : durant les trois années de participation bulgare au conflit, l'armée reçoit 200 000 fusils, 2 000 mitrailleuses, sept millions d'obus et ses uniformes[10].
Évolution de l'accord
Accords de 1916
Le traité germano-bulgare évolue au gré des nécessités du conflit et de contextes locaux.
Les clauses de coopération militaire sont rapidement remise en cause par les frictions austro-hungaro-bulgares occasionnées par la partition de la Serbie en deux zones d'occupation, une bulgare dans l'Est du pays, et une austro-hongroise dans le Nord-Ouest ; une guerre de patrouilles se déroule le long de la ligne de démarcation, des heurts se produisent entre responsables bulgares et austro-hongrois, obligeant le Reich à formaliser un accord entre alliés[11].
Notes et références
Notes
- Entre 1871 et 1945, le nom officiel de l'État national allemand est Deutsches Reich, simplement désigné par le terme Reich par la suite.
- En 1912, la Macédoine avait été promise en totalité à la Bulgarie en échange de sa participation à la guerre contre les Ottomans.
- C'est le départ de ces officiers, exigé par un ultimatum adressé au roi des Bulgares, qui est refusé le .
Références
- Le Naour 2017, p. 286.
- Renouvin 1934, p. 258.
- Renouvin 1934, p. 314.
- Le Naour 2017, p. 287.
- Renouvin 1934, p. 315.
- Renouvin 1934, p. 313.
- Renouvin 1934, p. 316.
- Renouvin 1934, p. 318.
- Renouvin 1934, p. 319.
- Renouvin 1934, p. 339.
- Renouvin 1934, p. 351.
Voir aussi
Bibliographie
- Fritz Fischer (trad. Geneviève Migeon et Henri Thiès), Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale (1914-1918) [« Griff nach der Weltmacht »], Paris, Éditions de Trévise, , 654 p. (BNF 35255571).
- Frédéric Le Moal, La Serbie du martyre à la victoire. 1914-1918, Paris, Éditions SOTECA, 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », , 257 p. (ISBN 978-2-916385-18-1).
- Jean-Yves Le Naour, 1915. L'enlisement, Paris, Perrin, , 467 p. (ISBN 978-2-262-07272-8).
- Pierre Renouvin, La Crise européenne et la Première Guerre mondiale, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Peuples et civilisations » (no 19), , 779 p. (BNF 33152114).
- Max Schiavon, Le front d'Orient : Du désastre des Dardanelles à la victoire finale 1915-1918, Paris, Taillandier, , 378 p. (ISBN 979-10-210-0672-0).