Accueil🇫🇷Chercher

Trésor artistique de Munich

Le TrĂ©sor artistique de Munich (en allemand : Kunstfund in MĂĽnchen[2]), dĂ©couvert dans cette ville le [3], est constituĂ© de 1 406 Ĺ“uvres d'art dĂ©tenues par Cornelius Gurlitt (1932-2014)[4], fils du collectionneur Hildebrand Gurlitt (1895-1956). 121 Ĺ“uvres encadrĂ©es et 1 285 Ĺ“uvres non encadrĂ©es[5] ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es le dans l'appartement de Cornelius Gurlitt.

Une partie des œuvres était réputée perdue depuis 1945, d'autres étaient inconnues des spécialistes de l'art. La découverte a été portée à l'attention du public par un article du magazine allemand Focus au mois de [6].

Outre que 300 Ĺ“uvres de cette collection auraient fait partie de l'exposition nazie Art dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©[7], cet ensemble est selon une dĂ©claration du du procureur du parquet d'Augsbourg, constituĂ© d'Ĺ“uvres variĂ©es remontant au XIXe siècle voire au XVIe siècle : l'expertise en a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  l'historienne allemande Meike Hoffmann (de).

DĂ©couverte et saisie

Les œuvres sont localisées par les services des douanes allemandes dans un appartement privé de Schwabing, un quartier de Munich, dans le cadre d'une investigation sur une éventuelle fraude fiscale. La perquisition a lieu du au et les œuvres sont saisies[8]. La découverte n'est pas annoncée au public et les œuvres sont transportées dans un dépôt près de Munich où elles sont soumises à un début d'expertise[3].

Cependant, pour l'historien de l'art autrichien Alfred Weidinger (de), cette découverte n'est pas une surprise, l'existence de cette collection étant connue des spécialistes du marché de l'art du sud de l'Allemagne[9].

Œuvres découvertes

Le procureur d'Augsbourg déclare en conférence de presse, le , que la collection ne consiste pas qu'en des œuvres associées à l'« Art dégénéré » ou d'œuvres des Modernes (klassische Moderne), mais qu'on y trouve aussi par exemple des œuvres d'Albrecht Dürer ou Canaletto, et que d'autres œuvres ont été ajoutées à la collection après 1945[8].

Lors de la conférence, l'historienne de l'art Meike Hoffmann (de), chargée de l'expertise et de l'évaluation de la collection, présente parmi les œuvres découvertes des tableaux de Carl Spitzweg, Ernst Ludwig Kirchner, Franz Marc, Gustave Courbet ou Marc Chagall ; la liste des objets découverts comprend aussi des œuvres d'artistes majeurs tels que Max Beckmann, Otto Dix, Karl Hofer, Oskar Kokoschka, Max Liebermann, August Macke, Emil Nolde, Pablo Picasso, Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre-Auguste Renoir, Christian Rohlfs, Karl Schmidt-Rottluff[8].

Meike Hoffmann (de) souligne que sa mission est d'identifier les Ĺ“uvres et leur provenance, que beaucoup d'Ĺ“uvres pourraient ne pas pouvoir ĂŞtre identifiĂ©es, et que l'avancement des expertises concerne 500 Ĺ“uvres (en 2013)[10].

Il est prĂ©cisĂ© lors de la confĂ©rence que, dans l'appartement de Cornelius Gurlitt, les Ĺ“uvres encadrĂ©es Ă©taient rangĂ©es sur des Ă©tagères, et que les Ĺ“uvres non encadrĂ©es Ă©taient dans des tiroirs : « Une Ă©tagère, une armoire, voilĂ [10]. ». InterrogĂ© sur le montant en milliard d'euros de la collection dĂ©couverte, le procureur fĂ©dĂ©ral dĂ©clare que son administration n'est pas habilitĂ©e Ă  fournir une estimation[10]. En , le procureur d'Augsburg annonce la publication officielle de 590 Ĺ“uvres pouvant ĂŞtre issues de la spoliation de biens sous le national-socialisme[11].

Premières œuvres présentées au public

Lors de la conférence de presse du , le procureur du parquet présente onze œuvres au public[8] - [12] :

Deuxième présentation d'œuvres au public (2014)

Origine des Ĺ“uvres

Le magazine Der Spiegel rapporte que selon le dĂ©lĂ©guĂ© du gouvernement fĂ©dĂ©ral pour la Culture et les MĂ©dias, le ministre fĂ©dĂ©ral Bernd Neumann (de), en dehors des Ĺ“uvres saisies qui ne peuvent clairement pas ĂŞtre associĂ©es Ă  ce que le national-socialisme qualifiait d'« Art dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© » ou qui ne relèvent pas des Ĺ“uvres pillĂ©es sous le national-socialisme, 970 Ĺ“uvres sont Ă  expertiser : 380 d'entre elles pourraient ĂŞtre associĂ©es au prĂ©tendu Art dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, il reste Ă  dĂ©terminer pour 590 d'entre elles si elles ont Ă©tĂ© acquises ou confisquĂ©es illĂ©galement[18] - [19]. Le total s'Ă©tablit finalement Ă  1 406 Ĺ“uvres.

Les avocats de Cornelius Gurlitt déclarent en que les œuvres saisies doivent être restituées à leur client, et que le soupçon d'art confisqué ne concerne qu'une partie des œuvres qu'il détient[20].

En outre, 238 autres tableaux de maĂ®tre ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, cette fois en Autriche, dans la petite maison que Gurlitt possède Ă  Salzbourg[21].

Devenir de la collection

En , le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung annonce qu'un accord a été conclu entre Gurlitt et le gouvernement allemand : la recherche des œuvres pouvant avoir été pillées se poursuit en vue d'une restitution effective aux ayants droit, les œuvres saisies non mises en cause devant être rendues à Cornelius Gurlitt dans un délai d'un an[22].

Au lendemain de la mort de Gurlitt (), le musée des beaux-arts de Berne est désigné comme son légataire universel[23], ce qui laisse présager des difficultés d'ordre juridique tant auprès du gouvernement allemand que vis-à-vis des ayants droit[24]. La question restait, s'il était moralement et pratiquement possible pour le Kunstmuseum de Berne d'assumer l'héritage de la collection Gurlitt, alourdie par des cas de restitution d'art spolié par les nazis et des cessions d'art dégénéré[25]. Quelques mois après le Kunstmuseum Bern s'est engagé à respecter des normes élevées en matière de diligence, et il avait effectué des recherches exhaustives sur la provenance et il avait appliqué, comme en Allemagne, le concept de biens culturels saisis à la suite des persécutions nazies, c'est-à-dire qu'il a traité de la même manière les « biens spoliés » et les biens dits « en fuite »[26].

Cependant, depuis la Déclaration de Washington du , les conventions internationales disposent que toute œuvre d'art qui s'avère pillée, spoliée ou volée entre 1933 et 1945 reste inaliénable aux propriétaires et à leurs héritiers, ce principe ne souffrant aucune prescription.

Notes et références

  1. Décrit comme une aquarelle dans la base de données des œuvres saisies qualifiées d'« art dégénéré ». D'autres sources comme le Monopol-Magazin (de) le décrit comme une gouache.
  2. Aussi appelé Schwabinger Kunstfund, du nom du quartier de Schwabing, lieu de la découverte.
  3. Frédéric Lemaître Le destin des tableaux pillés par les nazis retrouvés à Munich Le Monde, .
  4. « Mort du détenteur du “trésor nazi” », sur le site lefigaro.fr, .
  5. (de) Patrick Guyton Ein paar Geheimnisse sind gelĂĽftet article sur http://www.zeit.de, .
  6. Philippe Dagen, 1 500 trĂ©sors pillĂ©s par les nazis retrouvĂ©s Ă  Munich, Le Monde, .
  7. (de) Meisterwerke zwischen Müll – Fahnder entdecken in München Nazi-Schatz in Milliardenhöhe article sur http://www.focus.de, publié le .
  8. (de) Daniel Boese Sensationsfund. Conférence de presse « Copie archivée » (version du 5 novembre 2013 sur Internet Archive), sur http://www.art-magazin.de, .
  9. (de) Kunstfund: Alliierte hatten nach Krieg Werke beschlagnahmt sur kurier.at, .
  10. (de) Nazi-Schatz lagerte ungesichert in Gurlitts Wohnung sur http://www.focus.de, Focus, article du .
  11. (de) Staatsanwaltschaft will 590 Bilder veröffentlichen sur http://www.zeit.de, article du .
  12. (de) Unbekannte Meister im MĂĽnchener Kunstfund sur http://www.dw.de, Deutsche Welle, .
  13. (de) Matthias Thibaut, Der lange Weg zum Spitzweg, zeit.de, .
  14. (de) Münchner Kunstfund von ausserordentlicher Qualität. Wenig Klarheit über Eigentumsverhältnisse, Neue Zürcher Zeitung du .
  15. (de) « Strauss-Kahns Ex fordert 60-Millionen-Bild zurück » [« L'ex femme de Strauss-Kahn demande la restitution »], sur welt.de, .
  16. (de) Nazi-Raubkunst zurĂĽck bei jĂĽdischer Familie. Tages-Anzeiger, .
  17. Gurlitt : une liste d'Ĺ“uvres rendues publiques, Le Figaro, .
  18. (de) Münchner Kunstschatz: Behörden veröffentlichen verdächtige Werke aus Gurlitt-Fundus, sur le site du Spiegel http://www.spiegel.de, article du .
  19. (de) Kunstfund in München - Erste Werke veröffentlicht Article sur http://www.bundesregierung.de, Gouvernement fédéral, .
  20. (de) vks/dpa, « Internet-Offensive: Gurlitt-Anwälte fordern Bilder zurück », Spiegel Online,‎ (lire en ligne).
  21. Frédéric Lemaître, « Cornelius Gurlitt, l’homme du « trésor nazi », est mort », sur le site lemonde.fr, .
  22. (de) Rose-Maria Gropp, « Wende im Fall Gurlitt : Überraschende Lösung für Schwabinger Kunstfund », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne).
  23. « Le Musée des beaux-arts de Berne légataire du « trésor nazi » de Cornelius Gurlitt », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. AFP, « Le défunt Cornelius Gurlitt a cédé son "trésor nazi" à un musée de Berne », lepoint.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. (de) Claudia Schoch: Mit der Sammlung Gurlitt stehen wir am Anfang einer neuen Diskussion. avec Andrea Raschèr, in: NZZ, 24. Mai 2014, p. 22.
  26. (de) Daniel di Falco: Das Kunstmuseum Bern kann jetzt als Vorreiter gelten. Interview avec Andrea Raschèr, in: Der Bund, 16. Dezember 2016, S. 2.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.