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Tour du Bourreau (Lectoure)

La tour du Bourreau ou tour de Corhaut est la seule tour subsistant de l’enceinte mĂ©diĂ©vale fortifiĂ©e de la ville de Lectoure (Gers). Son nom vient du fait qu’elle Ă©tait la rĂ©sidence du bourreau, alors que « tour de Corhaut Â» Ă©tait sa dĂ©signation officielle, due Ă  sa situation dans le quartier de Corhaut, près de la porte du mĂŞme nom.

Tour du Bourreau
Tour de Corhaut
Vue sur la tour ouest
Présentation
Destination initiale
Fortification
Destination actuelle
Habitation
Style
médiéval
Construction
XIVe siècle
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
Gascogne
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
43° 56′ 08″ N, 0° 37′ 26″ E
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Fortifications de Lectoure, par Mérian (XVIIe s.). La tour du Bourreau est à l’angle inférieur gauche (le nord est en bas)

Situation

La tour est située à l’angle nord-est, sur la partie la plus exposée, et donc la mieux fortifiée de la ville : Lectoure occupe le lobe d’un plateau escarpé de toutes parts, excepté à l’est ou le sol est à peu près à niveau et où se concentraient les principales défenses : deux bastions précédant une barbacane et une porte. Un fossé séparait les bastions des remparts descendant vers le sud et vers le nord en terrasses successives. La tour du Bourreau était à la jonction des remparts est : le rempart principal, acuellementt non visible car englobé dans les constructions ultérieures, était précédé d’un autre plus tardif (le long de l’actuelle rue Barbacane) qui aboutissait à la barbacane, et de celui du nord. La tour était ouverte vers la ville.

Ă€ proximitĂ© immĂ©diate de la tour, le rempart nord possède Ă  la base des blocs de remploi issus du premier rempart « romain Â» du Bas-Empire. L’un d’eux prĂ©sente en son centre un trou de louve[1].

Architecture

La tour, vue du nord

Dans son Ă©tat actuel, la base de la tour rĂ©sulte de la reconstruction en 1537 d’une tour antique, jugĂ©e trop en retrait et inefficace, dont les fondations sont visibles Ă  l’intĂ©rieur, alors que la partie supĂ©rieure, marquĂ©e par des pans rectilignes formant un polygone irrĂ©gulier dont les angles reposent sur des encorbellements Ă  boudins, correspond aux amĂ©nagements faits en 1592, comme en tĂ©moigne une pierre gravĂ©e visible en haut de la tour, cĂ´tĂ© est : REGN.Ho4 / FEVRIER / 1592. Le roi Henri IV qui portait une grande attention Ă  « sa Â» ville y fit de frĂ©quents passages pour contrĂ´ler les travaux des fortifications. Cette pierre gravĂ©e est la seule qui subsiste sur les huit qui ont Ă©tĂ© relevĂ©es en divers endroits des remparts[2].

Construite comme le reste des remparts avec de gros moellons de pierre calcaire prise sur place, couverte actuellement d’un toit de tuiles, elle ne laisse pas deviner la nature exacte de son couronnement d’origine, créneaux, mâchicoulis, etc. Le plan de Mérian / Tassin (XVIIe siècle) la montre couverte d’un toit en poivrière, mais il s’agit peut-être d’une représentation conventionnelle sans rapport avec la réalité. Des aménagements y sont apportés en 1547. De cette époque datent probablement les meurtrières pour armes à feu. L’intérieur de la tour (les deux-tiers) est rempli de terre. Plus tard on ouvre des fenêtres, lorsque la tour abrite un corps de garde, puis une maison d’habitation. Une poterne à arc en plein cintre s’ouvre vers l’ouest, sur l’actuel boulevard du Nord, alors simple chemin de ronde à la base des remparts. Une autre meurtrière se trouve à côté.

Seule tour épargnée par la destruction des fortifications, mais dépourvue de son couronnement, la tour fut transformée en habitation et se trouva accolée à des bâtiments adventices (visibles sur les cartes postales anciennes) qui furent plus tard supprimés, alors qu’une maison neuve lui était adjointe en partie supérieure en 1967.

Le dernier bourreau : Jean Rascat

Le dernier bourreau qui occupa la tour fut Jean Rascat, nĂ© en 1759 Ă  Nègrepelisse (Tarn-et-Garonne), exĂ©cuteur de justice de la ville sous l’Ancien RĂ©gime, de 1780 Ă  1784. Il opĂ©rait dans les sous-sols de la sĂ©nĂ©chaussĂ©e, appliquant la question ordinaire ou extraordinaire, et il procĂ©dait aux pendaisons. Il fut ensuite aide-bourreau Ă  Agen jusqu’en 1788, puis maĂ®tre-exĂ©cuteur Ă  Auch, il dĂ©missionna pour partir Ă  Bordeaux, revint Ă  Auch, prĂ©posĂ© Ă  la guillotine en 1792, mais il s’acquitta assez mal de sa tâche, et de plus il favorisa, non par humanitĂ©, mais par cupiditĂ©, l’évasion de deux femmes. Cela lui valut deux jours au pilori, puis deux ans de prison. Il vĂ©cut un temps de mendicitĂ© et de « travaux ignobles Â», fut aide-bourreau Ă  Tarbes, avant de revenir Ă  Lectoure, oĂą il vivait avec une petite pension que lui versait le notaire BladĂ©[3]. Il finit ses jours le Ă  PĂ©rigueux, oĂą son fils Joseph Rascat Ă©tait exĂ©cuteur-adjoint.

Jean Rascat est le seul exécuteur dont le nom ait été conservé pour la sénéchaussée d’Armagnac. D’autres exécuteurs avant lui sont attestés depuis 1735 comme ayant habité la tour. Bien qu’il n’eût exercé que peu de temps à Lectoure, il y revint souvent. Jean-François Bladé avait plusieurs fois rencontré le vieil homme et publié ses témoignages, dans la préface de ses Contes de Gascogne[4] ; il dit que le nom de rascat était passé dans le langage courant pour désigner un bourreau.

La tour du Bourreau fut vendue pour la première fois à un particulier par la ville, le (rapport archéologie 2014, p. 180).

Elle est depuis la propriété de personnes privées.

La tour du Bourreau a été inscrite Monument historique en 1947[5].

Elle est à présent signalée sous le nom de tour de Corhaut, dite Tour du Bourreau.

Notes

  1. Georges Fabre, Pierre Sillières, Inscriptiond latines d’Aquitaine, Lectoure, Bordeaux, Ausonius, 2000
  2. LĂ©o BarbĂ©, Â« Henri IV le Grand et Lectoure, Ă  propos du quatrième centenaire de son accession au trĂ´ne de France Â», Auch, Bulletin de la sociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Gers, janvier 1990, p. 148 Gallica
  3. Docteur Trouette, Demande d'emploi en l’an XII, in Bulletin de la Société archéologique du Gers, Auch, 1er trim. 1962, p. 110-119 ; Jean-François Bladé, préface des Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, , 358 p. (lire en ligne)
  4. Jean-François Bladé, Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1886 ; Antiqui Juris amoenitatis, Revue d'Aquitaine, t. III, 1858-1859
  5. « Notice n°PA00094843 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture

Sources

  • Histoire de Lectoure, sous la direction de Maurice Bordes et Georges Courtès, Lectoure, 1972.
  • Collectif, Sites et monuments du Lectourois, Auch, imprimerie Bouquet, 1974

Voir aussi

Liens externes

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