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Toshihide Iguchi

Toshihide Iguchi (井口俊英, Iguchi Toshihide) (né le et mort le [1]) est un ancien opérateur de marché de la banque Daiwa qui est responsable de plus d'un milliard de dollars de pertes accumulées sur une période de douze ans à partir de 1983[2].

Toshihide Iguchi
井口俊英
Description de l'image Toshihide-Iguchi.png.
Naissance
Kobe
Décès
Nationalité Drapeau du Japon Japonaise
Profession
Ancien opérateur de marché
Développeur de technologie pour l'apprentissage des langues étrangères (actuellement)
Formation

Biographie

Né à Kobe, au Japon, Toshihide Iguchi se rend aux États-Unis à dix-neuf ans, pour passer plusieurs mois avec son père qui travaille temporairement à New York. Enchanté par l'Amérique, il décide d'y faire ses études et entre au collège d'État du Missouri du Sud-Ouest (actuelle université d'État du Missouri), où il étudie la psychologie[3]. Il se marie et travaille comme vendeur de camion dans un concessionnaire Chevrolet local pendant ses années d'études. Après son diplôme, il est embauché à la succursale de New York de la banque Daiwa pour travailler au département de conservation de titres. En 1980, il devient également gestionnaire de portefeuille[4].

En 1983, il perd 70 000 dollars en Ă©changeant des billets de la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale et dissimule cette perte afin de protĂ©ger sa rĂ©putation et son emploi. Il continue les nĂ©gociations en essayant de rĂ©cupĂ©rer la perte, cependant, celle-ci fait boule de neige[5]. Pendant ce temps, le dĂ©partement de conservation de titres devient le plus grand dĂ©partement de la succursale de New York de la banque Daiwa et les investissements japonais dans les titres amĂ©ricains grimpent. Le secteur d'Iguchi produit plus de 50 % des bĂ©nĂ©fices de la succursale. Alors qu'il dirige la forte croissance de la division internationale de Daiwa, son opĂ©ration commerciale clandestine engendre de plus en plus de pertes[4].

En , Iguchi et deux opérateurs de marché débutants misent trois milliards de dollars sur des bonds du trésor américain et perdent 350 millions. Immédiatement après cet incident, à la suite de la dénonciation de l'un des opérateurs, la réserve fédérale des États-Unis à New York envoie un auditeur pour examiner l'opération de négociation d'obligations de Daiwa, mais rien n'est trouvé[4].

En 1991, le siège du département de conservation de titres s'installe au Centre financier mondial dans une nouvelle salle de marché d'état de l'art. C'est un geste audacieux car le bureau du centre-ville n'est autorisé par le département bancaire de l'État de New York qu'à servir uniquement de centre d'opérations de veille. Peu après, Iguchi est promu vice-président exécutif de la branche de New York. En 1992, durant un audit de la réserve fédérale, la banque Daiwa dissimule les opérations commerciales de son bureau du centre-ville aux examinateurs en déplaçant les négociants en obligations au bureau de la direction générale dans le Midtown[4].

En 1993, sur les conseils de ses avocats, Daiwa avoue volontairement son mensonge et assure Ă  la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale qu'elle n'a dissimulĂ© aucun autre irrĂ©gularitĂ©. La rĂ©serve fĂ©dĂ©rale mène une enquĂŞte approfondie sur le fonctionnement du bureau du centre-ville pendant deux semaines, mais rien d'inhabituel n'est trouvĂ©. Après six mois de dĂ©libĂ©ration au conseil de la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale Ă  Washington, Daiwa reçoit une rĂ©primande officielle pour sa dissimulation. « Daiwa a usĂ© de la ruse dans l'espoir de tromper l'auditeur de la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale et a fait de fausses dĂ©clarations. L'acte de Daiwa est une violation Ă  la loi 18 U.S.C. 1005. Le conseil de la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale demande par la prĂ©sente que la direction de Daiwa aux États-Unis et au Japon ne se livre plus Ă  ce genre de comportement contraire Ă  l'Ă©thique Â». Le ministère des Finances du Japon dĂ©pĂŞche un groupe d'auditeurs pour examiner la direction de Daiwa Ă  New York Ă  la suite de cette nouvelle, mais ne trouve aucune irrĂ©gularitĂ©. MalgrĂ© cet incident, la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine et le ministère des Finances du Japon, les autoritĂ©s financières les plus Ă©levĂ©es aux États-Unis et au Japon, n'ont pas dĂ©tectĂ© la perte de plus d'un milliard de dollars d'Iguchi[4].

En , craignant les dommages de ses pertes sur la banque si elles sont découvertes par inadvertance, Iguchi écrit une lettre de confession au président de Daiwa, détaillant toutes les opérations non autorisées qu'il avait fait pendant les douze dernières années. À cette époque, la perte est de plus d'un milliard de dollars. Selon Iguchi, le fait de cacher sa perte pour protéger sa réputation et son emploi a été l'impulsion à ses négociations ultérieures non autorisées[5].

Après avoir reçu cette lettre de confession, Daiwa a demandé à Iguchi de continuer à dissimuler la perte et d'aider les autres agents de la banque à vérifier cette perte. Deux semaines plus tard, Daiwa a signalé la perte à son organisme de réglementation, le ministère des Finances, qui a demandé de ne pas divulguer l'information pendant deux mois car il doit à ce moment annoncer deux faillites bancaires importantes. Le Japon est alors au milieu de la pire crise financière depuis la Grande Dépression, à la suite de l'éclatement de la bulle spéculative japonaise dans les années 1980. Cependant, les avocats américains de Daiwa lui conseillent fortement de signaler la perte aux régulateurs américains et le , à l'insu d'Iguchi, Daiwa signale la perte et soumet un formulaire de recommandation criminelle sur Iguchi avec sa lettre de confession. Pendant ce temps, Iguchi, qui a été complètement maintenu dans le secret, travaille jour et nuit pour vérifier sa perte, jusqu'à ce qu'il soit arrêté à son domicile dans le New Jersey. Avec sa lettre de confession dans les mains du FBI, Iguchi n'a pas d'autres choix que d'avouer en être l'auteur. Il est incarcéré au centre correctionnel métropolitain de New York pendant quinze mois, y rencontrant George Harp (membre fondateur de la fraternité aryenne), Gregory Scarpa (en) (tueur à gages de la mafia), Moussa Abou Marzouk (un chef du Hamas) et des membres du gang Latin Kings. Durant son incarcération, Iguchi écrit un mémoire de sa vie en Amérique en japonais et alors qu'il est encore emprisonné, ce livre devient la meilleure vente littéraire du Japon[4] - [5].

En 1997, il est condamné à quatre ans de prison et incarcéré au pénitencier fédéral d'Allenwood pour purger le reste de sa peine. Il y écrit un autre livre sur George Harp, le seul membre fondateur survivant de la fraternité aryenne, intitulé Le Roi de la prison, qui est publié au Japon. Il est libéré de prison deux ans plus tard. En août de l'année suivante, Iguchi s'installe à Atlanta pour commencer une nouvelle vie d'écrivain. En , il publie La Conspiration du Dollar au Japon aux éditions Bungeishunjū.

En , Iguchi écrit un livre qui ne sera pas publié, Mon éducation à un milliard de dollar, une version en anglais de son livre best-seller, Confession. Une version mise à jour est publiée en .

En , Iguchi retourne dans sa ville natale de Kobe après 37 ans d'un rêve américain brisé. Il travaille dans le domaine de l'éducation en langue étrangère, développant des solutions digitales en utilisant l'intelligence artificielle pour la pratique de la conversation. Il continue d'écrire et apparait en public pour parler de ses engagements dans les domaines de la psychologie des opérateurs de marché, pour briser le mythe du voyou, sur le rôle des banques et des organismes de réglementation, et sur la manière des banques de réduire le risque de situations dissimulées.

Le , il apparaît sur CNBC Asie dans une entrevue avec Bernie Lo et Susan Li pour parler de son nouveau livre et de la culture d'entreprise opportuniste qui facilite les situations frauduleuses.

Notes et références

  1. (en) « Toshihide Isamu Iguchi - View Obituary & Service Information », sur Toshihide Isamu Iguchi Obituary (consulté le )
  2. (en) An Unusual Path to Big-Time Trading, The New York Times, .
  3. Case Study - Daiwa.
  4. Toshihide Iguchi, My Billion Dollar Education: Inside the Mind of a Rogue Trader (ISBN 978-988-13373-8-2).
  5. (en) I didn't set out to rob a bank, Time Magazine, 1997.

Voir aussi

Articles connexes

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