Tokugawa Mitsukuni
Tokugawa Mitsukuni (徳川 光圀, -) ou Mito Kōmon (水戸黄門), est un important daimyo connu pour son influence dans la culture lettrée du Japon au début de l'époque d'Edo. Troisième fils de Tokugawa Yorifusa (lui-même onzième fils de Tokugawa Ieyasu), il lui succède et devient ainsi le deuxième daimyo du domaine de Mito[1].
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Biographie
Il épouse en 1657 (ère Meireki 3) à l'âge de 27 ans, une fille du kampaku Konoe Nobuhiro[2].
Il est responsable de la réunion des érudits du Mitogaku qui compilent une Histoire du grand Japon, le Dai Nihonshi[3]. Dans celle-ci, le Japon est présenté comme une nation dirigée par un empereur, analogue à celui des dynasties chinoises. Cela favorise la montée du nationalisme à la fin du shogunat et plus tard dans le domaine de Mito. L'œuvre prend notamment parti pour les empereurs issus de la cour du Sud.
En 1661, à l'âge de 34 ans, il devient daimyo du han de Mito[4]. Il anticipe la séparation forcée des kamis et des bouddhas (shinbutsu bunri) de 1868, ordonnant la destruction d'un millier de temples bouddhistes et la construction d'au moins un sanctuaire par village (politique d'un village, un sanctuaire (一村一社, isson issha)[5]. Cette politique religieuse est sans précédent dans le Japon de l'époque et semble inspirée par une volonté de rationaliser la vie religieuse du fief de Mito.
À l'âge de 63 ans, il est nommé à la cour impériale au poste de gon-chūnagon, ou « conseiller provisoire du milieu ». En 1691, il se retire dans sa villa Seizan-sō où il meurt dix ans plus tard. Il est à présent regardé comme un kami[5].
Il est aussi connu comme gourmet de l'époque d'Edo. Il passe pour être un des premiers Japonais à manger des rāmen ainsi qu'à consommer régulièrement des aliments exotiques comme le vin et le yogourt.
Il dirige au Zuisen-ji la création du tout premier guide de Kamakura, le Shinpen Kamakurashi. Le livre exerce une profonde influence sur la ville au cours des siècles qui suivent, influence qui se fait encore sentir de nos jours dans les noms de quartiers de la ville tels que les « sept bouches de Kamakura », les « dix ponts de Kamakura » et autres surnoms populaires similaires qu'il a inventé.
Il reçoit à titre posthume le premier rang de cour junior (1869) et premier rang (1900)[6]. Mitsukuni a un fils, qui prend « Matsudaira » pour nom de famille. Il adopte en outre le fils d'un frère aîné ; ce fils adoptif, Tokugawa Tsunaeda, devient son héritier.
Mito Kōmon
Durant la seconde moitié de l'époque d'Edo et l'ère Meiji, un kōdan (récit) appelé Mito Mitsukuni Man'yūki romance les voyages de Tokugawa Mitsukuni. Cette tradition littéraire de mise en scène de sa vie se poursuit avec un roman et, en 1951, la première série télévisée le dépeint comme un vagabond, se faisant passer pour un homme du peuple, qui fustige les puissances du mal dans toutes les régions du pays. En 1969 commence la série TBS Mito Kōmon (en) qui continue encore aujourd'hui d'attirer le public. Des épisodes sont rediffusés au début des années 1990 par WNYE-TV (en) (New York City) sous le titre L'Ancien Seigneur de Mito.
Chaque été, la ville de Mito organise le festival Mito Komon qui présente le sceau de Tokugawa ainsi que les acteurs représentant Tokugawa Mitsukuni et ses assistants.
Source de la traduction
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tokugawa Mitsukuni » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
- Richard Ponsonby-Fane, 1962, Sovereign and Subject, p. 248.
- Ponsonby-Fane, p. 249.
- (en) Tokugawa Mitsukuni, Université Kokugakuin via the Encyclopedia of Shinto, (lire en ligne).
- Ponsonby-Fane, p. 250.
- (en) Brian Bocking, A Popular Dictionary of Shinto : Tokugawa Mitsukuni, Routledge, , 251 p. (ISBN 978-0-7007-1051-5, lire en ligne).
- Ponsonby-Fane, p. 251-252.
- Nathalie Kouamé, Le Sabre et l'Encens, ou comment les fonctionnaires du fief de Mito présentent dans un « Registre des destructions » daté de l'an 1666 l'audacieuse politique religieuse de leur seigneur Tokugawa Mitsukuni, Paris, Institut des hautes études japonaises du Collège de France, , 141 p. (ISBN 978-2-913217-12-6).
Voir aussi
Bibliographie
- (en) John S. Brownlee, Japanese Historians and the National Myths, 1600-1945 : The Age of the Gods and Emperor Jimmu, Vancouver, University of British Columbia Press, , 256 p. (ISBN 0-7748-0644-3),
Tokyo, University of Tokyo Press, (ISBN 4-13-027031-1).
- (en) John S. Brownlee, Political Thought in Japanese Historical Writing : From Kojiki (712) to Tokushi Yoron (1712), Waterloo, Ontario, Wilfrid Laurier University Press, , 158 p. (ISBN 0-88920-997-9, lire en ligne).
- Seichi Iwao, Teizō Iyanaga, Susumu Ishii et Shōichirō Yoshida et al., Dictionnaire historique du Japon, vol. I, Paris, Maisonneuve et Larose, , 2993 p. (ISBN 978-2-7068-1575-1, lire en ligne).
- Seichi Iwao, Teizō Iyanaga, Susumu Ishii et Shōichirō Yoshida et al., Dictionnaire historique du Japon, vol. II, Paris, Maisonneuve et Larose, , 2993 p. (ISBN 978-2-7068-1632-1, OCLC 51096469, lire en ligne).
- Nathalie Kouamé, Le Sabre et l'Encens, ou comment les fonctionnaires du fief de Mito présentent dans un « Registre des destructions » daté de 1666 l'audacieuse politique religieuse de leur seigneur Tokugawa Mitsukuni, Paris, Institut des hautes études japonaises du Collège de France, , 141 p. (ISBN 978-2-913217-12-6).
- (en) Richard Ponsonby-Fane, Sovereign and Subject, Kyoto, Ponsonby Memorial Society, (OCLC 1014075, lire en ligne).