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Thuraya Al-Hafez

Thuraya al-Hafez (1911-2000 ; en arabe : Ű«Ű±ÙŠŰ§ Ű§Ù„Ű­Ű§ÙŰž) est une femme politique et activiste fĂ©ministe syrienne.

Thuraya Al-Hafez
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activités
Femme politique, militante pour les droits des femmes
Conjoint
Munir al-Rayyes (en)

Biographie

Turaya al-Hafez naĂźt en 1911. Alors qu'elle est ĂągĂ©e de cinq ans, dans le contexte de la rĂ©volte arabe de 1916-1918[1] son pĂšre, Amin Lutfi al-Hafez, est pendu pour avoir divulguĂ© des informations sur la stratĂ©gie militaire de l’Empire ottoman au leadership rebelle arabe Ă  La Mecque[2]. Alors qu’un vent d’indĂ©pendance arabe balaie l’Empire ottoman et perturbe les Ă©quilibres dans la rĂ©gion, ce dernier Ɠuvrait en silence pour tenter de briser le joug turc[2]. Thuraya al-Hafez reste marquĂ©e Ă  vie par le martyre de son pĂšre, Ă  l'origine de son esprit de rĂ©volte[2].

AprĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale, l'Empire ottoman, vaincu, est dĂ©mantelĂ©, et la France vainqueur du conflit, obtient un mandat pour administrer la Syrie et le Liban, confirmĂ© lors de la confĂ©rence de San Remo d’avril 1920[3]. DĂšs, la lutte pour l'indĂ©pendance et l’émancipation se reporte sur un autre colonisateur (la France), tandis que Turaya al-Hafez s'y engage activement[2]. Mais pour elle, cette lutte patriotique ne peut ĂȘtre dissociĂ©e de celle pour les droits de la femme, qu’elle souhaite Ă©lever par l’éducation[2].

En 1928, aprĂšs avoir suivi sa scolaritĂ© Ă  Damas, elle devient Ă  l'Ăąge de 17 ans la premiĂšre femme syrienne Ă  devenir maĂźtresse d'Ă©cole, oĂč elle enseigne la langue arabe[2]. Elle participe avec Adyla Bayhum Ă  fonder « l’Éveil des femmes de Damas », une association vouĂ©e Ă  des Ɠuvres sociales assurant des cours d’anglais et de couture aux jeunes filles issues de milieux dĂ©favorisĂ©s. Puis en 1930, elle crĂ©e l'Association des femmes diplĂŽmĂ©es et commence Ă  ĂȘtre connue pour ses prises de position en faveur des droits des femmes. En , elle conduit une marche de protestation d'une centaine de femmes jusqu'au siĂšge du gouvernement, oĂč elles enlĂšvent leurs hidjab[4].

En 1945, Thuraya al-Hafez cofonde le journal Barada avec son mari, le journaliste Munir al-Rayyes, qui la soutient dans son combat féministe[4]. Elle publie chaque semaine une tribune dans laquelle elle revendique les droits politiques et sociaux pour les femmes, et la chute du systÚme patriarcal qui régit la société syrienne[2]. En 1947, elle devient professeur de littérature arabe à l'école Tajheez de Damas.

Au-delĂ  de son militantisme, elle dĂ©cide d’aller plus loin et d’inscrire ces droits dans la lĂ©gislation. Elle coopĂšre avec le prĂ©sident syrien Hosni al-Zaim, en participant Ă  la rĂ©daction d’une nouvelle Constitution qui confĂšre aux femmes le droit de vote, avant que le dirigeant ne soit renversĂ© et exĂ©cutĂ© en aoĂ»t 1949[2].

En 1953, Thuraya al-Hafez dĂ©cide de se prĂ©senter aux Ă©lections lĂ©gislatives, alors qu’une loi a Ă©tĂ© promulguĂ©e pour octroyer aux femmes l'accĂšs au Parlement syrien[2]. Battue, Thuraya al-Hafez entre dans les annales comme la premiĂšre femme Ă  s’ĂȘtre portĂ©e candidate pour un scrutin en Syrie[2]. En 1953, elle Ă©crit un article fĂ©ministe dans le quotidien damascĂšne Barrada, propriĂ©tĂ© de son Ă©poux Munir al-Rayyes, et lance son propre salon littĂ©raire et politique[5]. Le forum acquiert une renommĂ©e dans le milieu intellectuel et culturel syrien et de grands noms le frĂ©quentent, comme la chanteuse libanaise Fairuz[2].

Les annĂ©es suivantes, Thuraya al-Hafez soutient activement le prĂ©sident Ă©gyptien Gamal Abdel Nasser et encourage les femmes Ă  prendre les armes en soutien Ă  l’armĂ©e Ă©gyptienne lors de la crise du canal de Suez d'octobre-novembre 1956[2]. Les forces française, anglaise et israĂ©liennes renoncent finalement Ă  leur offensive sur l'Égypte Ă  la suite de menaces soviĂ©tiques d'utiliser l'arme nuclĂ©aire[6]. Deux ans plus tard, l'Égypte et la Syrie fusionnent dans un seul pays appelĂ© la RĂ©publique arabe unie gouvernĂ©e par Nasser, avant que celle-ci ne se disloque en 1961[7]. Thuraya el-Hafez dira plus tard que ce jour Ă©tait le plus triste de sa vie[2].

En 1963, alors qu’elle se trouve en Égypte, son mari est arrĂȘtĂ© et menacĂ© d'exĂ©cution. Tandis que l'Égypte lui offre l'asile politique, Thuraya al-Hafez aurait dĂ©clarĂ© : « Suis-je destinĂ©e Ă  ĂȘtre la fille et la femme d’un martyr ? »[2]. Munir al-Rayyes est toutefois libĂ©rĂ© rapidement, et Thuraya al-Hafez rentre en Syrie lors du coup d'État d'Hafez el-Assad de 1970, Ă  qui elle prĂȘte allĂ©geance[2].

Elle meurt en 2000[2].

Notes et références

  1. « Grande révolte arabe - 1916-1918 », sur Orient XXI, (consulté le )
  2. « Thuraya al-Hafez, une féministe syrienne de la premiÚre heure », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  3. « Le mandat français sur le Levant : l'origine des crises au Liban et en Syrie », sur Le Figaro, (consulté le )
  4. (en) Sami M. Moubayed, Steel & Silk : Men and Women who Shaped Syria 1900-2000, Cune Press, , 623 p. (ISBN 978-1-885942-41-8, lire en ligne)
  5. (en) Ghada Hashem Talhami, Historical Dictionary of Women in the Middle East and North Africa, Rowman & Littlefield, , 407 p. (ISBN 978-0-8108-6858-8, lire en ligne)
  6. Nikolai Sourkov, « L'histoire méconnue des interventions militaires russes au Proche-Orient », sur Orient XXI, (consulté le )
  7. « République Arabe Unie », sur www.lesclesdumoyenorient.com (consulté le )
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