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Thomas Legge

Thomas Legge ( - ) Ă©tait un docteur en droit de l'ère Ă©lisabĂ©thaine. Il est connu principalement pour sa tragĂ©die en latin en trois parties et quinze actes Richardus Tertius (« Richard III Â»), qui est considĂ©rĂ©e comme la première pièce historique Ă©crite en Angleterre. Cet ouvrage lui vaut d'ĂŞtre rangĂ© parmi les dramaturges Ă©lisabĂ©thains[1].

Thomas Legge
Portrait de Thomas Legge par Sylvester Harding
Fonctions
Master of Gonville and Caius College, Cambridge
-
William Branthwaite (en)
Vice chancellor
Biographie
Naissance
Décès
Formation
Activité

Biographie

Origine

Le second de trois fils, Thomas Legge, est né à Norwich en 1535, d'un père Stephen Legge et d'une mère Margaret, née Larke. Sa famille serait d'origine italienne[2].

Carrière universitaire

Il entre au Corpus Christi College de l'université de Cambridge en 1552, puis intègre peu après comme boursier Trinity College, toujours à Cambridge. Il y obtient son B.A. (Bachelor of Arts) en 1555-56. Étudiant de troisième cycle à Cambridge, il sollicite son inscription à Oxford en 1556, et il y obtient son M.A. (Master of Arts) en 1560 et son doctorat en droit en 1575[3].

En 1578, il est engagĂ© comme professeur Ă  Jesus College de Cambridge, oĂą il est considĂ©rĂ© comme un enseignant dynamique, ayant conservĂ© en matière religieuse les anciennes manières de penser catholiques. Le , il est nommĂ© maĂ®tre de Caius College[2], second maĂ®tre après le fondateur, John Caius. Il amène avec lui beaucoup de ses Ă©tudiants de Jesus College. Il est aussi professeur titulaire de la chaire de droit civil. Ă€ Caius, son attitude lui cause des ennuis. Il attribue un poste d'enseignant Ă  un certain John Depup[4], contre l'avis du fondateur, John Caius, Depup Ă©tant catholique. Vers 1581, il semble avoir Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© Ă  la prison de la Fleet pour avoir traitĂ© avec mĂ©pris certaines lettres de la reine. Ceci avait sans doute un lien avec ses habitudes de favoriser dans son College les catholiques du nord du pays, une conduite qui fit l'objet d'une accusation de ses collègues dans une lettre envoyĂ©e Ă  William Cecil le . Ils lui reprochaient Ă©galement de s'approprier les fonds du College, et « de pratiquer le chant accompagnĂ© Ă  l'orgue de manière continue et bruyante, ce qui dĂ©range les Ă©tudiants Â». Après la tenue d'une inspection, cette question fut rĂ©glĂ©e[3].

Legge occupa diffĂ©rentes fonctions au sein de l'universitĂ© : vers , il est nommĂ© commissaire de l'universitĂ©, en 1587 et en 1592, il en est le vice-chancelier[2]. Le , il est reconnu avocat de la Chambre des docteurs, et en 1597, il est juge de paix Ă  Cambridge[3].

Mort

Il meurt le Ă  l'universitĂ© Ă  l'âge de 72 ans[2], et il est enterrĂ© dans la chapelle de Caius College, oĂą figurent une effigie et une inscription en sa mĂ©moire. Son portrait se trouve dans le pavillon des maĂ®tres. Par testament il laisse au College de l'argent, qui sert Ă  la construction de la partie nord de la cour frontale[3], « the old Legge Buildings Â»[2].

Ĺ’uvres

Richardus Tertius

Première représentation

Legge Ă©tait un homme de grande Ă©rudition et il correspondait avec Juste Lipse. Pourtant il est connu aujourd'hui principalement par sa tragĂ©die en latin, intitulĂ©e Richardus Tertius (« Richard III Â»), qui fut reprĂ©sentĂ©e dans le hall de St. John’s College en . Cette pièce, considĂ©rĂ©e comme une trilogie[5], puisque les quinze actes sont organisĂ©s en trois parties (actios), est si longue qu'il faut trois soirĂ©es pour la jouer en entier[6]. Lors de la première reprĂ©sentation, Palmer, qui deviendra doyen de Peterborough, jouait le rĂ´le de Richard, et Nathaniel Knox, fils aĂ®nĂ© du rĂ©formateur de l'Église d'Écosse, John Knox, le rĂ´le de Hastings[1].

Autres représentations

Dans son Apologie for Poetry, John Harington fait allusion à cet ouvrage, le qualifiant de tragédie fameuse. Thomas Nashe y fait également mention dans son Have with You to Saffron-Walden[1].

En , le vice-chambellan avise les doyens de Cambridge et d'Oxford de prĂ©parer leurs Ă©tudiants Ă  jouer des pièces en anglais pour la reine, car la troupe de celle-ci n'est pas opĂ©rationnelle Ă  cause de l'Ă©pidĂ©mie. Cambridge rĂ©pond nĂ©gativement, allĂ©geant « un manque de pratique dans le style anglais Â», et une rĂ©ticence de ses principaux acteurs Ă  jouer dans cette langue. En rĂ©alitĂ©, la troupe de l'universitĂ© a travaillĂ© la longue pièce latine de Legge pour la jouer devant la reine Ă  NoĂ«l 1592, et elle ne veut pas perdre le bĂ©nĂ©fice de ses efforts. Dans une lettre au Lord TrĂ©sorier, William Cecil, en , Legge fait rĂ©fĂ©rence Ă  l'offense faite Ă  la reine Ă  cette occasion[6].

Écrite pourtant quatorze années avant le Richard III de Shakespeare, la trilogie de Legge fut éclipsée par cette tragédie, et elle est demeurée presque ignorée malgré une construction théâtrale réussie[7].

Personnage de Richard III

Thomas More et certains chroniqueurs, tels que Édouard Hall et Polydore Virgile, historien officiel du règne d'Henri VII, ont considéré Richard III comme le mal personnifié et comme un usurpateur machiavélique, justifiant ainsi la conquête du trône d'Angleterre par les Tudor, les souverains régnants d'alors. Shakespeare a exploité cette image négative, exagérant même la nature mauvaise de Richard en en faisant le type du méchant charismatique[8].

L'ouvrage de Legge met en scène un Richard résolument différent du personnage dépeint par les anciens chroniqueurs et par Shakespeare. Prenant ses distances d'avec More, il traite le court règne du dernier roi de la Maison Plantagenêt à la manière de Sénèque, auteur latin qui servit de modèle aux premiers dramaturges élisabéthains[9]. Legge se concentre exclusivement sur ce règne de deux ans, ignorant la série complexe de conflits entre les York et les Lancastre qui l'a précédé, alors que Shakespeare inclut ces épisodes dans sa trilogie Henry VI et dans le premier acte de son Richard III[9].

Argument

La première partie du Richardus Tertius de Legge débute par le conflit entre Richard III et l'ancienne reine consort, Élisabeth Woodville, veuve d’Édouard IV, pour le contrôle du royaume, les jeunes princes servant de pions. Richard finit par gagner en isolant la reine, et ce conflit se dissipe avant la fin de la pièce. Richard montre sa puissance en faisant exécuter sommairement Hastings[5].

Le deuxième partie montre la poursuite de l'ascension de Richard vers le trône, en discréditant non seulement la légitimité des enfants d'Édouard IV à cause des fiançailles de celui-ci avec Lucy avant son mariage avec Élisabeth, mais aussi la légitimité même d'Édouard, qui serait le fruit d'une infidélité de sa mère, Cécile Neville. Cette partie s'achève par le couronnement de Richard[5].

La troisième partie traite du règne tyrannique de Richard, qui dĂ©bute par le meurtre de ses neveux, et de la menace grandissante du comte de Richmond, futur Henri VII. Elle s'achève par la dĂ©faite de Richard Ă  Bosworth[5]. Le caractère historique de cette pièce, qui suit en dĂ©tail le règne de Richard, ne permet pas Ă  Legge de respecter les unitĂ©s de lieu et de temps, que SĂ©nèque prĂ©conisait pourtant. Legge en revanche respecte les principes de dĂ©cence qu'appliquait SĂ©nèque : les morts et les scènes de violence sont rapportĂ©es par des messagers et non pas montrĂ©es sur scène[10]. Ainsi, Ă  la diffĂ©rence de Shakespeare, Legge ne montre pas la mort de Richard, mais la fait raconter par un messager[11].

The Destruction of Jerusalem

Selon le catalogue de Francis Kirkman (en) et le témoignage de Francis Meres dans son Palladis Tamia[12], Legge aurait écrit vers 1577 une autre pièce intitulée The Destruction of Jerusalem. Le texte lui aurait été dérobé avant qu'elle fût rendue publique. Selon Fleay, elle aurait été jouée à Coventry à cette époque[13].

Jusqu'en 1974, le texte de cet ouvrage Ă©tait considĂ©rĂ© comme perdu. Cette annĂ©e-lĂ , un manuscrit de plus de deux cents pages est prĂ©sentĂ© Ă  une vente de chez Christies. Contenant une « pièce Ă©lisabĂ©thaine universitaire perdue Â» en quinze actes, en deux versions, latine et anglaise, il est achetĂ© par la bibliothèque de l'universitĂ© de Cambridge. IntitulĂ© Solymitana Clades, ce manuscrit est identifiĂ© comme Ă©tant La Destruction de JĂ©rusalem de Legge[12].

Selon Alan H. Nelson, l'hypothèse du vol du manuscrit par un plagiaire est peu crédible, et sa rétention volontaire par Legge pour une raison qu'on ignore est plus vraisemblable[12].

Références

Bibliographie

Liens externes

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