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Thermes de Château-Gontier

Les thermes de Château-Gontier était une source thermale du Grand Ouest français, situés dans le sud de la Mayenne. Un établissement thermal créé par le docteur Henri-Louis Bayard a existé au XIXe siècle à Château-Gontier. Les eaux sont connues au moins depuis le commencement du XVIIe siècle. Bayard cherche à mener un grand projet thermal : faire de Château-Gontier une ville thermale. Il reste de nos jours des vestiges de ce projet : les maisons de type balnéaire, de la Rue des Roses[1].

La source demeure et est située au cœur du jardin médiéval du quai-de-Lorraine. Les eaux minérales du rocher de « Versailles » sont renommées dès le XIVe siècle. Les deux sources connues sous le nom d'eau de Pougues rouillée. On appelle aussi ces sources : source Saint-Julien ou de la Vieille voûte, et source de la voûte Neuve.

Histoire

On a prétendu que l'arcade qui abrite la source étant ogivale l'exploitation date au moins du XVe siècle[2]. Le conseil de ville arrête, le , qu'il sera travaillé â l'accommodement et décoration des fontaines et marchandé par le procureur syndic et trois députés et qu'il sera parlé à ceux qui se prétendoient propriétaires de ces fontaines. On décide aussi d'acquérir un clos de vigne et un jardin adjacent.

Le , le procureur syndic est chargé de faire démolir la muraille[3] estant au-devant des fontaines médicinales, y laissant seulement l'arcade de pierre et deux piliers qui la soutiennent, relaissant néanmoins la muraille de hauteur compétente pour puiser l'eau sur laquelle seront posées de pierres ardoisières. Les eaux avaient été analysées dès 1670-1671 par Duclos, membre de l'Académie des Sciences, qui nous apprend que l'eau de la Fontaine estimée minérale de Château-Gontier étoit limpide et sans saveur manifeste ; elle a laissé si peu de résidence, étant évaporée, que cela ne pouvoit faire que 1/1000 du poids de l'eau. C'étoit une terre grise fort salée, dont le sel se rapportoit au double sel de l'eau marine[4].

Juigné de la Brossinière[5] écrit en 1644 dans son Dictionnaire historique[6] qu'on avait découvert depuis sept à huit ans quelques sources d'eaux médicinales à Château-Gontier. Le nom d' Eau de Pougues est donné à des sources dans des actes notariés du XVIIIe siècle.

En 1786, Louis-François Allard, avec ses confrères René Theulier[7] et Louis Jousselin[8], rédige et envoie à l'intendant un mémoire sur la situation sanitaire de la cité et sur ses eaux minérales ferrugineuses, connues sous le nom d' Eaux de Pougues.

En 1809, le préfet de la Mayenne indique au ministre de l'intérieur qu'un riche propriétaire de Château-Gontier veut livrer au public une fontaine d'eau minérale, dont les vertus devraient être d'un grand secours dans de nombreuses maladies. Plusieurs bouteilles sont proposées à la commission chargée de l'analyse des eaux minérales de l'empire, mais le projet n'aboutit à rien.[9]. Le pharmacien Touchaleaume, reprend l'idée en 1824, sans succès.

François-René Lemercier souhaitait de voir utiliser cette source minérale dans le traitement des fièvres intermittentes avec ou sans engorgement de la rate ou du foie, dans les leucorrhées, les anémies en général et toutes les affections où il est convenable d'user de toniques et d'avoir recours aux préparations ferrugineuses.

Le projet thermal

Henri-Louis Bayard, un médecin légiste reconnu, par des travaux, a visé à mieux capter les sources, pour les réunir, et en augmenter le produit au XIXe siècle. Il avait demandé au Ministère du Commerce et de l'Agriculture, dont dépendaient alors les établissements hydrominéraux, qu'une analyse de ces eaux fut faite officiellement au laboratoire de l'Académie de médecine. Une lettre ministérielle, en date du , en saisit la Commission des eaux minérales, au nom de laquelle Ossian Henry fit un rapport favorable à l'Académie, le . Après ces formalités, l'établissement thermal de Château-Gontier ouvrit ses portes au public.

Henri-Louis Bayard : « Autrefois, écrit-il, les personnes qui venaient boire l'eau minérale faisaient des neuvaines, commençant le premier jour par un verre, elles continuaient progressivement jusqu'à neuf dans la même journée ; puis faisaient de longues et joyeuses promenades dans les intervalles des prises d'eau et en éprouvaient de bons effets. ».

Il fonda alors un établissement d'hydrothérapie, qui utilisait la source minérale.

Néanmoins, la source de Pougues n'a jamais eu de succès. On vient à la fois boire les eaux ferrugineuses de la source et se soigner grâce aux douches et aux bains.

Pierre Emile Mahier, successeur d'Henri Bayard, décédé en 1852, échoue aussi à développer l'établissement. En 1896, on tente de réactiver à nouveau l'établissement succès. Le projet est présenté au théâtre de la ville, le : en marge du projet thermal, se développe autour de la gare un nouveau quartier[10]. L’activité de l’établissement avait cessé de 1876 à 1896, et repart de 1896 à 1914.Le projet échouera néanmoins à nouveau.

M. Querruel créera les pastilles ferrugineuses à base de fer de Pougues.

Origine

L’Eau Minérale de Château-Gontier sort d’un terrain schisteux, à peu de distance des bords de la Mayenne; sa température est froide , et elle offre tous les caractères des eaux essentiellement ferrugineuses ; saveur atramentaire, coloration en pourpre ou en noir par la noix de Galles, en bleu par les prussiates rouge et jaune de potasse, puis dépôt ocracé le long de son parcours ; elle accuse en outre, aux essais qualificatifs et aux réactifs, la présence de bicarbonate terreux, de chlorure, de sulfates, de la silice, de l’alumine, de la chaux, de la magnésie, de la soude, et d’une matière organique.

L’Eau de Château-Gontier possède des propriétés médicales reconnues depuis fort longtemps : par sa composition , elle offre beaucoup d’analogie avec l'Eau de Spa (sources de la Geronstère).

Propriétés physiques

Le docteur Bayard indique dans sa Notice sur les Eaux Minérales, les propriétés physiques[11].

Propriétés chimiques

L'analyse des propriétés chimiques a été réalisée tout d'abord par MM. Duclos et Dupaty, médecins à Paris, en 1667[12]. Les trois médecins de Château-Gontier, Louis-François Allard, René Theulier et Louis Jousselin, dans un rapport commun adressé à l'intendant en 1786, en parlent avec détail[13].

En 1824, M. Touchaleaume, pharmacien à Château-Gontier, refit l'analyse des eaux de Pougues et envoya son mémoire à l'Académie de médecine[14].

Une autre analyse fit l’objet d’un travail spécial et d'un rapport à l'Académie nationale de médecine dans la séance du , par Ossian Henry[15].

Bibliographie

  • Henri Bayard. Notice sur les eaux minĂ©rales de Château-Gontier. Château- Gontier, 1852, in-8°. L'auteur y donne quelques renseignements sur les conditions gĂ©ographiques et hygiĂ©niques de Château Gontier, et surtout sur l'emploi des eaux de Fougues dans le lymphatisme, le rachitisme, la chlorose, le diabète, et diverses affections nerveuses.
  • Pierre Emile Mahier, De l'emploi mĂ©dical des eaux minĂ©rales de Château-Gontier, Paris et Château-Gontier, 1854, 144 pp. in-12.
  • En 1864, Pierre Emile Mahier prĂ©sente Ă  l'AcadĂ©mie de mĂ©decine un Essai de topographie mĂ©dicale. Arrondissement de Château-Gontier, qui obtient un Ă©logieux rapport de Maxime Vernois au nom d'une Commission composĂ©e de Gaspard Adolphe Chatin, GuĂ©rard et Vernois (SĂ©ance du )[16]. C'est un fragment de ce travail que Mahier publie en 1869 sous le titre: Topographie mĂ©dicale. Recherches hydrothĂ©rapiques sur l'arrondissement de Château-Gontier. Ce chapitre fut auparavant revu et contrĂ´lĂ© par Robinet, prĂ©sentĂ© par lui Ă  l'AcadĂ©mie de mĂ©decine, et un rapport en fut fait par Vernois (SĂ©ance du )[17]
  • Pierre Emile Mahier, Du traitement des nĂ©croses par l'hydrothĂ©rapie et les eaux minĂ©rales ferrugineuses de Château-Gontier (Mayenne), Château-Gontier, 1869.
  • HĂ©rard. Rapport sur le mĂ©moire prĂ©cĂ©dent. In Annales de la sociĂ©tĂ© d'hydrologie mĂ©dicale de Paris, t. II, p. 20-28, 1855-56.
  • Pierre Émile Mahier, Plusieurs observations de chorĂ©e, traitĂ©e par les eaux ferrugineuses de Château-Gontier et l'hydrothĂ©rapie, 1864-1865.

Sources partielles

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Notes et références

  1. Elles sont réalisées par l'architecte castrogontérien Fernand Hélain, entre 1895 et 1912, et portent le nom de Villa des Roses, Villa les Bluets, Villa du Repos ou Villa Verte.
  2. En réalité pour l'abbé Angot, cette arcade, brisée plutôt qu'ogivale et construite sans règle, n'a pas de style.
  3. Cette muraille avait sans doute été construite pour empêcher qu'on ne troublât l'eau en y puisant et elle devait être percée d'un canal. Mais l'expérience démontra que cet arrangement était nuisible pour le public.
  4. Observations sur les eaux minérales de plusieurs prorinces de France, faites en l'Académie Roiale des Sciences en l'année 1610 et 1611. Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, t. IV, Paris 1731).
  5. Auteur du Pays de Château-Gontier.
  6. Première édition éditée en 1644.
  7. Reçu docteur de la Faculté d'Angers le 23 août 1759, médecin à Château-Gontier ; il y exerçait encore en l'an XII.
  8. Reçu docteur de la Faculté d'Angers le 23 décembre 1776, médecin à Château-Gontier.
  9. L'Oribus No 54. 2001.
  10. Avec des cafés, de restaurants, d'hôtels et des villas destinées à accueillir les curistes.
  11. Au moment de son émission, l'eau Minérale est d’une limpidité parfaite, sans odeur, elle a une saveur styptique et ferrugineuse. La température moyenne est de 7° du thermomètre centigrade. Une multitude de petites bulles se dégagent de l'eau lorsqu’on la reçoit dans un verre, et, si on l’abandonne à l’air, la surface prend une nuance irisée. Des flocons jaunâtres sont suspendus dans le liquide , et, au bout de quelques heures , le fond et les parois du vase sont couverts d’une couche de dépôt jaune rougeâtre. L’eau de la source de la voûte-neuve est transparente, limpide, celle de la vieille voûte, exposée au soleil et à l’air libre, a une nuance jaune rougeâtre, les flocons y abondent, et sa saveur est plus atramentaire. Aucun insecte ne peut vivre dans l’Eau minérale, ceux qui tombent accidentellement dans les bassins y périssent promptement, leurs corps se couvrent de dépôt jaunâtre qu’augmente leur poids et les entraîne au fond; après plusieurs mois de séjour, ils sont transformés en une matière pulvérulente noire (carbure et sulfure de fer). Les végétaux ne se développent pas spontanément; toutefois, à l’examen microscopique, on y aperçoit quelques conferves filamenteuses.
  12. Et non en 1767 comme l'indique Pierre Emile Mahier.
  13. Les eaux minérales ferrugineuses que nous avons dit être au midi de la ville, disent-ils, suintent le long du coteau sablonneux ; pour les recevoir il faut y adapter une petite goutière. Il paroit qu'autrefois on avait pratiqué une fontaine où on alloit les puiser. Mais, présentement, les eaux n'y ont aucune saveur ni goût ; il faut que la source ait changé de direction. L'endroit où elles découlent aujourd'hui est à trente pas de cette ancienne fontaine. Il y a plusieurs siècles qu'elles avaient de la réputation et qu'on les regardoit comme très propres à résoudre les engorgements et obstructions du bas ventre. Il y a plusieurs procès-verbaux qui en constatent l'efficacité. Elles ont bien encore le même effet et on les emploie avec succès dans les mêmes maladies, mais, comme elles sont perdues dans les ronces et les broussailles, bien des gens n'y ont pas grande foy, et notre Hôtel de ville a trop peu de revenu pour en employer à faire les frais nécessaires à leur procurer de la célébrité. Elles contiennent une terre ou ocre ferrugineuse et un peu de sel alkali. Elles sont très claires ; mais, après un peu de séjour dans un vase, elles y deviennent louches et y forment un dépôt jaunâtre.
  14. Après comparaison faite avec beaucoup d'eaux minérales renommées, il conclut qu'elles ne leur étaient pas inférieures. Quant à l'état de la fontaine, on y rencontrait avec surprise, dit-il, au lieu d'un bassin propre à recueillir l'eau, « un alignement irrégulier de quatre demi-cylindres de sureau faisant l'office de robinets, fichés dans la paroi du rocher et laissant découler une eau parfaitement limpide ».
  15. Voici les termes de ce rapport: M. le docteur Bayard , aujourd’hui propriétaire de l’Établissement thermal de Château—Gontier, et des Sources ferrugineuses, a réclamé, auprès de M. le Ministre du commerce et de l’agriculture, qu’une nouvelle analyse de ces Eaux fut faite dans le laboratoire de l’Académie de médecine. C’est par suite de cette demande qu’une lettre; ministérielle, en date du 16 novembre 1849, nous est parvenue, et que le travail a été renvoyé à la commission des Eaux Minérales. L’Eau ferrugineuse de Château—Gontiler est connue depuis nombre d’années sous le nom d’Eau de Pougues rouillée, et ses propriétés médicales, constatées par l’expérience, ne se sont jamais démenties.
  16. .
  17. L'ouvrage renferme une « carte géologique et hydrotimétrique pour servir à l'étude de l'hygiène dans l'arrondissement de Château-Gontier ». Pour Paul Delaunay, cet ouvrage contient une foule de renseignements intéressants sur l'hydrographie du pays, l'hydrotimétrie, la faune et la flore microscopiques, les rivières du bassin, sur la salubrité publique, l'épidémiologie, la distribution des eaux potables de la région, et complète les recherches antérieures sur les sources de Pougues-Rouillées. Il est fort regrettable pour lui que l'auteur n'ait publié que cette portion de son grand mémoire sur la statistique et la topographie médicales de l'arrondissement de Château-Gontier, qui dort dans les cartons de l'Académie de médecine : cette étude, intégralement éditée, eût été le digne pendant du travail de Jean-Baptiste-Denis Bucquet sur la statistique médicale lavalloise.

Annexes

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