Territorialisation
En science politique, la territorialisation est une approche des politiques publiques qui met l'accent sur les spécificités de chaque territoire, par opposition à une approche verticale organisant l'action publique par secteurs d'activités cloisonnés.
Une politique publique peut être à la fois territorialisée et thématique. Elle peut de manière générale concerner toutes les politiques publiques ou cibler une politique précise (ex : « Territorialisation de l'enseignement supérieur et de la recherche »[1] - [2]).
La territorialisation suppose une appropriation d'un territoire qui peut prendre plusieurs formes (« juridique[3], économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d'appartenance, de connivence »...)[4]. En toute logique, la gestion des ressources naturelles[5] et du risque peut aussi être en partie territorialisée (pour le risque sismique ou d’inondation par exemple[6]
Dans le prolongement de l'acception géographique du terme, on parle également de territorialisation des entreprises. L'ancrage territorial des entreprises est une forme de territorialisation.
Le concept est également utilisé en philosophie, notamment sous la forme négative par Gilles Deleuze et Félix Guattari (déterritorialisation).
La territorialisation des politiques publiques
Elle passe par la définition et la mise en œuvre d'une stratégie de développement qui permet d'adapter les politiques sectorielles aux enjeux locaux et donc aux contraintes et opportunités locales et à leurs évolutions (on parle par exemple de territoires « en mutation » ou « en recomposition »).
Plus globalement, la territorialisation désigne un processus visant une construction du « territorial » ; où le territorial est une représentation du territoire, c'est-à -dire, une construction identitaire par différents acteurs sur plusieurs échelles.
Elle a un impact sur la construction et l'évaluation des programmes et des processus décisionnels ainsi que sur l'organisation des services.
Les études portent sur la mise en place de politiques nationales à l'échelle locale (la politique culturelle, la politique éducative de l’Éducation Nationale..) ou de politiques européennes (notamment la PAC[7]).
Le cas du territoire numérique
Les limites du territoire peuvent dans certains contextes devenir plus floues, avec par exemple des territoires virtuels ou des territoires numériques[8] - [9] dans le cyberespace[4], susceptibles de faire l'objet de politiques publiques et même d'un aménagement numérique des territoires[10] - Bakis, H. (2010). TIC et aménagement numérique des territoires. Sem Numerica, DigiPolis, «Territoires numériques intelligents, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC): des outils au service du développement territorial», Montbeliard, 26-27.
Références
- Grossetti, M., & Losego, P. (2003). La territorialisation de l'enseignement supérieur et de la recherche. France, Espagne, Portugal
- Grossetti, M., Losego, P., & Milard, B. (2002). La territorialisation des activités scientifiques dans le Sud-Ouest européen (France, Espagne, Portugal). Géographie Économie Société, 4(4), 427-442.
- Madiot, Y. (1995). Vers une territorialisation du droit. Revue française de droit administratif, 11(5), 946-960.
- Glossaire de GéoConfluence : Vocabulaire et notions générales › Territoires, territorialisation, territorialité (Ressources de géographie pour les enseignants) ; Eduscol ENS de Lyon, consulté 2015-11-17
- Lacroix, A., Bel, F., Mollard, A., & Sauboua, E. (2006). La territorialisation des politiques environnementales. Le cas de la pollution nitrique de l’eau par l’agriculture. Développement durable et territoires. Économie, géographie, politique, droit, sociologie, (Dossier 6).
- Rode, S. (2009). Au risque du fleuve. La territorialisation de la politique de prévention du risque d'inondation en Loire moyenne (Doctoral dissertation, Université de Nanterre-Paris X).
- Anthony Tchékémian et André Suchet, « Perceptions, réorganisations locales et stratégies d’acteurs suite à l’application d’une politique publique agricole européenne », Cybergeo : European Journal of Geography,‎ (ISSN 1278-3366, lire en ligne)
- Boullier, D. (2009). Au-delà des territoires numériques en dix thèses. Sociétés de la connaissance et prospective : hommes, organisations et territoires, 1-15.
- Musso P (2008) Critique de la notion de" territoires numériques" (Vol. 66, No. 1, pp. 15-29). Centre de recherche et d'étude sur la décision administrative et politique.
- Vicente, J. (2005). Les espaces de la net-économie: clusters TIC et aménagement numérique des territoires. Economica.
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
Bibliographie
- Berthet, T. (2005). Des emplois près de chez vous: la territorialisation des politiques d'emploi en questions. Presses Univ de Bordeaux.
- Debarbieux, B., Turco, A., & Mele, P. (2009). Territoires, territorialité, territorialisation: controverses et perspectives. Presses universitaires de Rennes.
- Douillet, A. C. (2003). Les élus ruraux face à la territorialisation de l'action publique. Revue française de science politique, 53(4), 583-606.
- Dubresson, A., & Jaglin, S. (2005). Gouvernance, régulation et territorialisation des espaces urbanisés. Le territoire est mort, Vive les territoires, 337-352.
- Faure, A. (2005, January). Territoires/territorialisation. In Dictionnaire des Politiques publiques (pp. p-430). Presses de Sciences Po.
- Giraut, F. (2008). Conceptualiser le territoire. Historiens et géographes, (403), 57-68.
- Gilbert, C. (2003). Limites et ambiguïtés de la territorialisation des risques. Pouvoirs locaux, 1, 48-52 (résumé).
- Lajarge, R. (2009). Pas de territorialisation sans action (et vice-versa)?. Territoires territorialités, territorialisation. Controverses et perspectives, pp-193.
- Menerault, P. (1998). Processus de territorialisation des réseaux: analyse de la grande vitesse ferroviaire à l’échelle régionale. Networks and Communication Studies NETCOM, 12(1), 2.
- Mormont, M. (2006). Conflit et territorialisation.
- Raffestin, C. (1997). Le rôle des sciences et des techniques dans les processus de territorialisation. Revue européenne des sciences sociales, 93-106.