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Tell el-Dab'a

Tell el-Dab'a est un site archéologique dans la région du delta du Nil en Égypte où se trouve Avaris, la capitale des Hyksôs. Avaris est occupée par les Asiatiques de la fin de la XIIe à la XIIIe dynastie (début du IIe millénaire av. J.-C.). Le site est surtout connu pour ses fresques minoennes.

Tell el-Dab'a
Ville d'Égypte antique
Tell el-Dab'a
Tell el-Dab'a
Administration
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Région Basse-Égypte
Géographie
Coordonnées 30° 42′ 36″ nord, 31° 49′ 58″ est
Localisation
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Tell el-Dab'a
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Tell el-Dab'a

    Identification du site

    Les fouilles dans la région commencent en 1885 par Édouard Naville. Entre 1929 et 1939, Pierre Montet fouille à Tanis, à vingt kilomètres au nord, trouvant des tombes d'une richesse remarquable. Il croit trouver l'emplacement d'Avaris et son opinion est largement acceptée à l'époque. Pourtant, d'autres archéologues, comme Labib Habachi, l'un des pionniers de l'égyptologie égyptienne, ne sont pas convaincus. En 1941-42, il fouille à Tell el-Dab'a pour le Service des antiquités égyptiennes et arrive à la conclusion qu'il s'agit en fait d'Avaris : « Lorsqu'une étude topographie du site et ses environs a été réalisée par Manfred Bietak de l'Institut archéologique d'Autriche dans les années 1980, l'hypothèse d'Habachi s'est confirmée. La mission de Bietak révèle que la véritable capitale Hyksôs était en réalité Tell al-Dab'a[1]. »

    La nature de la civilisation à Tell el-Dab'a est comprise à partir de l'examen archéologique du site. Les fouilles découvrent des bâtiments, à savoir des résidences, des tombes et des temples, qui combinent les styles architecturaux égyptien et cananéen[2]. La société de Tell el-Dab'a interagit avec des individus d'autres régions qui influencent leurs fresques[3]. Bien que les vestiges soient endommagés par l'environnement marécageux ainsi que par la reconstruction et l'agriculture continuelles sur le site, les archéologues montrent que cette ville est occupée par une société riche avec une grande enceinte sacrée et des pratiques funéraires inhabituelles[2].

    De 1951 à 1954, Shehata Adam fouille en partie le site de la XIIe dynastie d'Ezbet Rushdi près de Tell El-Dab'a.

    Architecture

    Résidences

    Tell el-Dab'a connait une augmentation de l'immigration au cours de la période 1610-1590 avant notre ère[2]. Entre 1590 et 1570 avant notre ère, la population de Tell el-Dab'a fait face à la surpopulation[2]. En raison des restrictions d'espace, de petites maisons sont construites dans des cimetières et des enfants sont enterrés dans les portes de grandes maisons[2]. Les tombes s'incorporent à la structure des maisons[2].

    Au début de la période Hyksôs, les membres des classes sociales inférieures construisent leurs maisons autour de la maison de leur maître[2]. Ce n'est pas aussi évident à la fin de la période Hyksôs en raison de la surpopulation et des dommages causés par l'agriculture[2]. La taille des maisons de Tell el-Dab'a indique l'aisance des habitants[2]. Dans la périphérie nord-est, les maisons sont très petites, reflétant les classes les plus pauvres[2]. En revanche, dans la zone orientale de Tell el-Dab'a, les restes de grandes maisons avec des escaliers menant aux étages supérieurs sont découverts, indiquant que les membres les plus riches de la société y vivent[2].

    Vers la fin de la période Hyksôs, entre 1600 et 1570 avant notre ère, les dirigeants de Tell el-Dab'a se sont sentis menacés par la possibilité d'une attaque[2]. Ils construisent un épais mur d'enceinte autour de la ville pour la défense[2].

    Tombes

    Les styles de tombes et les méthodes utilisées pour enterrer les morts à Tell el-Dab'a sont cananéens[2] - [4]. Les tombes sont constituées de chambres voûtées en brique crue[4]. Ils reflètent la croyance en l'au-delà des habitants de Tell el-Dab'a, semblable à celle des Égyptiens. Les biens funéraires sont souvent enterrés avec les corps[2]. Les enterrements de serviteurs et d'ânes sont reconnus comme des pratiques funéraires remarquables de Tell el-Dab'a[2]. Les enterrements de serviteurs et d'ânes sont pratiqués entre 1680 et 1660 avant notre ère. Ils sont les plus populaires pendant la période d'immigration asiatique au début du règne des Hyksôs[2].

    Les serviteurs ne sont pas enterrés de la même manière que les propriétaires de tombes : les serviteurs sont enterrés selon une orientation différente dans la tombe afin de montrer leur position dans la hiérarchie de Tell el-Dab'a[2]. Ils sont enterrés à travers l'entrée de la tombe, face à la porte[2]. Ceci est interprété comme les serviteurs attendant les instructions des maîtres des tombes, ce qui est une composante de la vie idéale dans l'au-delà[2]. Trois sépultures de serviteurs sont retrouvées à Tell el-Dab'a. Les serviteurs semblent être enterrés en même temps que les propriétaires des tombes lors d'un sacrifice de serviteur[2].

    Les enterrements d'ânes ont lieu tout au long de l'histoire de Tell el Dab'a. Les ânes sont généralement trouvés par paires devant les tombes du site[2]. Les ânes sont peut-être sacrifiés à la mort du propriétaire de la tombe car ils sont enterrés en même temps[2]. Les ânes soulignent la croyance de la société en l'au-delà : les ânes sont étroitement associés aux expéditions et peuvent donc être liés au voyage entre la vie et la mort[2].

    Temples

    Les fouilles à Tell el-Dab'a mettent au jour des temples datant de la période Hyksôs. Les temples présentent des styles égyptiens et cananéens[2]. Par convention, les entrées des temples sont dans le mur nord et les temples sont orientés NNO-SSE[2]. Des objets tels que des poignards en bronze, des têtes de hache et des cruches sont trouvés dans ces complexes[4].

    Le temple le plus remarquable est le Temple I[2]. Il est de style égyptien et date d'entre 1680 et 1660 avant notre ère[2]. Il contient trois sanctuaires et dans sa cour, il y a des preuves d'un autel sur lequel des sacrifices peuvent être faits[2]. Les murs extérieurs sont en brique crue blanchie à la chaux. Des traces de peinture bleue sont retrouvées sur les murs[2].

    Influence artistique

    Fresques minoennes

    En 1987, des milliers de fragments de peintures murales minoennes sont découverts dans les anciens jardins qui jouxtent le complexe palatial de Tell el-Dab'a, sur le site d'une forteresse du début du Nouvel Empire[5]. Les fragments montrent des techniques, des sujets et des styles caractéristiques des fresques minoennes[5]. Les fresques sont appliquées avec la technique buon fresco (en), caractéristique des œuvres minoennes[6]. Ils comprennent des scènes de motifs en forme de labyrinthe, des taureaux et des sauteurs de taureaux, le galop volant, des griffons et des chasses au léopard et au lion, des images associées à la culture artistique minoenne. Les peintures murales minoennes de Tell el-Dab'a montrent donc que les souverains du début[7] de la XVIIIe dynastie sont ouverts aux œuvres et aux thèmes de la Méditerranée orientale[8]. Les sociétés Hyksôs et minoenne sont en contact, potentiellement par l'intermédiaire d'artistes itinérants qui transfèrent la technologie minoenne à Tell el-Dab'a. La population de Tell el-Dab'a peut avoir également inclus des familles égéennes, ce qui entraîne des liens directs entre l'art égéen et égyptien[3].

    Les scènes de saut de taureau représentées sur les fragments de fresque sont considérées comme indiscernables de celles trouvées dans les palais minoens[8]. Le thème du saut de taureau est identifié en particulier avec Cnossos, en Crète[5]. La fresque est peinte dans le style minoen du saut de taureau : un individu à la peau foncée avec des cheveux foncés et ondulés portant des vêtements de style minoen, à savoir le kilt, les bottes et les brassards, est représenté en train de se retourner sur le dos d'un taureau.

    Nanno Marinatos forme provisoirement une scène en deux parties des fragments de chasse au lion et au léopard en 1994[3]. Des léopards sont représentés chassant le cerf sur un fond rouge dans la scène supérieure de la fresque tandis que des lions chassant un bouquetin sont illustrés dans la région inférieure. D'autres fragments montrent des bottes. On en déduit qu'une scène de chasse est représentée. De plus, Bietak inclut une photographie d'un léopard dans son travail qui montre ses parties arrière[3]. Les pattes et la queue de l'animal sont complètement étendues dans la pose du galop volant afin de montrer le mouvement, une technique de représentation courante de l'art minoen.

    Poterie chypriote

    Environ cinq-cents pièces de poterie chypriote, contenant de l'huile et du parfum, sont découvertes à Tell el-Dab'a. Les styles Pendent Line, Cross Line et White Painted V de poterie chypriote peinte en blanc constituent la plus grande partie de la poterie exportée vers Tell el-Dab'a, indiquant que Tell el-Dab'a a des relations commerciales avec Chypre[9]. La majorité des pièces exportées sont de tradition « large bande »[9]. Un seul fragment de rebord d'un pot du style White Painted V Fine Line est trouvé sur le site[9].

    La citadelle Hyksôs doit être construite vers la fin de la période Hyksôs (ph. D/2), car des fragments de céramique bichrome chypriote (en) sont trouvés dans des décharges de sable déposées afin de surélever le terrain pour la construction[10].

    Ezbet Rushdi

    Ezbet Rushdi est un petit village à environ un kilomètre au nord-est de Tell el-Daba. Un temple et une colonie de la période du Moyen Empire y sont découverts lors de fouilles récentes.

    Précédemment fouillé par Shehata Adam, qui découvre un temple à l'est du village, l'Institut archéologique autrichien fouille de nouveau le site en 1996. On découvre qu'avant la construction du temple, il y a déjà une colonie du début de la XIIe dynastie[11].

    Notes et références

    Bibliographie

    • Jill Kamil, Labib Habachi: The Life and legacy of an Egyptologist, American University in Cairo Press, (ISBN 9774160614, lire en ligne).
    • Charlotte Booth, The Hyksos Period in Egypt, Princes Risborough, Osprey Publishing, (ISBN 0-7478-0638-1).
    • Nancy R. Thomas, The Early Mycenaean Lion up to Date, Hesperia Supplements, (lire en ligne).
    • David Freedman, Allen Meyers et Astrid Beck, Eerdmans Dictionary of the Bible, Grand Rapids, Wm. B. Eerdmans Publishing, (ISBN 0-8028-2400-5, lire en ligne).
    • Charles Gates, The Adoption of Pictorial Imagery in Minoan Wall Painting: A Comparativist Perspective, Hesperia Supplements, .
    • Paul T. Nicholson, Ian Shaw, Ancient Egyptian Materials and Technology, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-45257-0).
    • Kristian Kristiansen, Thomas Larsson, The Rise of Bronze Age Society: Travels, Transmissions and Transformations, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-84363-4).
    • Jane Barlow, Diane Bolger, Barbara Kling, Cypriot Ceramics: Reading the Prehistoric Record, Philadelphie, University of Pennsylvania Museum of Archaeology, (ISBN 0-924171-10-3).
    • Manfred Bietak, The Palatial Precinct at the Nile Branch (Area H) (lire en ligne).
    • Ernst Czerny, Ezbet Rushdi (lire en ligne).

    Articles connexes

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