Tapinose
La tapinose (substantif féminin) est une figure de style consistant en une hyperbole contraire, qui sous forme exagérée et à caractère réducteur ou péjoratif, voire ironique, amplifie un fait, une idée, un trait pour en minimiser la portée ou pour dissimuler une information. Elle est proche de l'euphémisme, de l'atténuation et de la litote.
DĂ©finition
La tapinose emploie les ressources de l'hyperbole mais sur un mode négatif et dans un but essentiellement satirique ou burlesque.
On emploie parfois le terme de tapinose pour désigner une litote satirique.
Exemples
Tapinoses populaires
Les exemples suivants constituent des litotes :
- ça ne casse pas trois pattes à un canard ;
- il n'a pas inventé le fil à couper le beurre ;
- ce n'est pas un enfant de chœur ;
- il n'a pas inventé le bidon de deux litres ;
- ce n'est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir ;
- il n'a pas inventé l'eau tiède.
Tapinoses littéraires
- « Par une coïncidence extraordinaire, ou plutôt par un simple hasard, j'ai revu l'homme au gibus »
- « au milieu d'un ciel empourpré, un gros soleil rutilant et bouffi comme une figure d'ivrogne apparaissait derrière les arbres[1] »
Historique de la notion
Le terme tapinose provient du grec tapeinôsis signifiant « amoindrissement ».
Il est mentionné par Quintilien au Ier siècle pour désigner un style trop familier. Par la suite, il en est venu à désigner une figure employant des termes bas pour réduire la grandeur ou la dignité d'une action, notamment dans le style burlesque.
Pour O. Reboul, la tapinose appartient à la classe des hyperboles ; il précise que l’auxèse est une hyperbole positive alors que la tapinose a un sens négatif.
Notes et références
- Guy de Maupassant, Une vie, chap. VI. Exemple proposé dans Lexique des termes littéraires, dir. Michel Jarrety, Le Livre de poche, 2010 (ISBN 978-2-253-06745-0)
Voir aussi
- Pierre Pellegrin (dir.) et Myriam Hecquet-Devienne, Aristote : Œuvres complètes, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2081273160), « Réfutations sophistiques », p. 457.
- Quintilien (trad. Jean Cousin), De l'Institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Budé Série Latine », , 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
- Antoine Fouquelin, La Rhétorique françoise, Paris, A. Wechel, (ASIN B001C9C7IQ).
- César Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue, Impr. de Delalain, (réimpr. Nouvelle édition augmentée de la Construction oratoire, par l’abbé Batteux.), 362 p. (ASIN B001CAQJ52, lire en ligne)
- Pierre Fontanier, Les Figures du discours, Paris, Flammarion, (ISBN 2-0808-1015-4, lire en ligne).
- Patrick Bacry, Les Figures de style et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », , 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
- Bernard Dupriez, Gradus, les procédés littéraires, Paris, 10/18, coll. « Domaine français », , 540 p. (ISBN 2-2640-3709-1).
- Catherine Fromilhague, Les Figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2010 (1re éd. nathan, 1995), 128 p. (ISBN 978-2-2003-5236-3).
- Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, LGF - Livre de Poche, coll. « Encyclopédies d’aujourd’hui », , 350 p. (ISBN 2-2531-3017-6).
- Michel Pougeoise, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Armand Colin, , 228 p., 16 cm × 24 cm (ISBN 978-2-2002-5239-7).
- Olivier Reboul, Introduction à la rhétorique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier cycle », , 256 p., 15 cm × 22 cm (ISBN 2-1304-3917-9).
- Hendrik Van Gorp, Dirk Delabastita, Georges Legros, Rainier Grutman et al., Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, , 533 p. (ISBN 978-2-7453-1325-6).
- Groupe µ, Rhétorique générale, Paris, Larousse, coll. « Langue et langage », .
- Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, Paris, Armand Colin, , 218 p. (ISBN 2-200-26457-7).
- Michel Jarrety (dir.), Lexique des termes littéraires, Paris, Le Livre de poche, , 475 p. (ISBN 978-2-253-06745-0).