Tamatoa V
Tamatoa Pomare, né le à Raiatea et mort le à Papeete, est un membre de la famille royale des Pomare de Tahiti, qui fut le fondateur de la branche tahitienne des Tamatoa en devenant roi du Royaume-Uni de Raiatea et Tahaa sous le nom de Tamatoa V. Autoritaire, il règne sans partage sur le royaume de 1857, date de son accession au trône après la mort de son grand-oncle le roi Tamatoa IV, jusqu'en 1871, date de sa destitution[1], à la suite d'un mouvement insurrectionnel commandité par la noblesse du royaume. Exilé, il s'installe à la cour de sa mère, la reine Pomaré IV où il meurt en 1881.
Tamatoa V | |
Tamatoa V, roi de Raiatea et Tahaa | |
Titre | |
---|---|
Roi du Royaume-Uni de Raiatea et Tahaa | |
– (13 ans, 5 mois et 20 jours) |
|
Couronnement | |
Prédécesseur | Tamatoa IV |
Successeur | Tahitoe |
Biographie | |
Titre complet | Roi de Raiatea et Tahaa |
Dynastie | Tamatoa (branche des PĹŤmare) |
Nom de naissance | Prince Tamatoa Pomare |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Raiatea ( Royaume de Raiatea et Tahaa) |
Date de décès | (à 39 ans) |
Lieu de décès | Papeete ( Royaume de Tahiti) |
Père | Ariʻifaaite |
Mère | Pōmare IV |
Conjoint | Moe a Ma'i |
Enfants | Princesse Teriivaetua Pomare Princesse Teriimaevarua Pomare Princesse Teriinavahoroa Pomare Princesse Aimata Pomare |
|
|
Monarques de Raiatea et Tahaa | |
Biographie
Prince tahitien
Le prince Tamatoa est le troisième fils de Pomare IV, reine de Tahiti de 1827 à 1877, et de son second époux le prince Ari'ifa'a'ite a Hiro.
Peu avant la naissance de Tamatoa, en , l'amiral Du Petit-Thouars revient faire escale à Tahiti. Il s’allie alors avec des chefs de Tahiti hostiles aux Pomare et favorables à un protectorat français. Il leur fait signer une demande de protectorat en l’absence de leur reine, avant d’obliger cette dernière à ratifier le traité de protectorat[2]. Avant même que le traité ne soit ratifié par la France, Jacques-Antoine Moerenhout est nommé commissaire royal auprès de la reine Pomare[3].
En 1843, le conseiller protestant de la reine, George Pritchard, convainc celle-ci d'arborer le drapeau tahitien à la place du drapeau du protectorat. En représailles, l'amiral Dupetit-Thouars déclare l'annexion du royaume le et y installe le gouverneur Armand Joseph Bruat comme chef de la nouvelle colonie[2]. L'annexion déclenche alors l’exil de la reine et de sa famille aux îles Sous le Vent, l'expulsion de Pritchard sous l'influence de Jacques-Antoine Moerenhout, et après une période de troubles, c’est une véritable guerre franco-tahitienne qui débute en . La résistance tahitienne s'amplifie et le gouverneur Bruat décide de contre-attaquer massivement en envoyant à Mahaena l'ensemble de ses troupes. La reine revient d’exil en 1847 et accepte de signer une nouvelle convention qui réduit considérablement ses pouvoirs au profit de ceux du commissaire Jacques-Antoine Moerenhout[2]. Les Français règnent désormais en maîtres sur le royaume de Tahiti. En 1863, ils mettent fin à l’influence britannique en remplaçant les missions protestantes britanniques par la Société des missions évangéliques de Paris.
Roi de Raiatea et Tahaa
Après la guerre contre les français, Tamatoa est désigné par l'oncle de sa mère, le roi Tamatoa IV, pour lui succéder sur le trône de Raiatea et Tahaa. Ce dernier n'ayant plus d'héritiers, il est le dernier monarque de la branche directe des Tamatoa. À la mort du roi en 1857, le jeune prince tahitien monte sur le trône et règne sous le nom de Tamatoa V, créant la branche tahitienne des Tamatoa, issue de la dynastie royale des Pomare.
Une clause du traité de paix signé par la France et la Grande Bretagne, la Convention de Jarnac (ou Convention anglo-française de 1847), garantit que les deux puissances impériales respecteront l'indépendance des alliés de la reine Pomare c'est-à -dire les souverains de Huahine, Raiatea et Bora-Bora. Ainsi, Tamatoa V règne avec un pouvoir absolu contrairement à sa mère la reine de Tahiti. Les Français poursuivront le système du protectorat jusque dans les années 1880, époque à laquelle ils annexeront formellement Tahiti et les îles Sous-le-vent (dans le cadre de la Guerre des îles Sous-le-vent, qui se terminera en 1897), créant ainsi la Polynésie Française.
Destitution
Autoritaire, le roi impose souvent ses lois par la force, s'opposant à de nombreuses reprises à la noblesse du royaume, lui reprochant le fait qu'il ne soit pas né prince de Raiatea. Il maintient une politique stricte contre les grands de son royaume et concentre tous les pouvoirs autour de sa personne. Impopulaire auprès de ses sujets, il est déposé le pour le meurtre en état d'ivresse d'un collecteur d'impot appelé Paino[4] et exilé avec sa famille à Tahiti où il trouve asile auprès de sa mère, puis de son frère le roi Pomare V (1877-1880)[5]. Le prince Tahitoe, cousin de la branche directe des Tamatoa, est choisi pour succéder au souverain Tamatoa V par la noblesse.
Descendance
Il épouse dans les années 1860, la princesse Moe a Ma'i, une princesse de la famille princière Ma'i de Bora Bora. Le couple eu six enfants dont quatre filles :
- Princesse Teriiourumaona Pomare (1867-1872)
- Princesse Teriivaetua Pomare (1869-1918)
- Princesse Teriimaevarua Pomare (1871–1932)
- Prince Tamatoa-tane Pomare (1872-1873)
- Princesse Teriinavahoroa Pomare (1877-1918)
- Princesse Aimata Pomare (1879-1894)
Lorsque George Herbert, 13e comte de Pembroke, visite les îles avec le Dr George Henry Kingsley en 1870, il est frappé par le charme et la beauté de sa femme et surnomme le roi et la reine : « La Belle et la Bête ».
Titulature
- Son Altesse le prince royal de Tahiti (1842 - 1857)
- Sa Majesté le roi de Raiatea et Tahaa (1857 - 1871)
- Son Altesse royale le roi Tamatoa Pomare (1871 - 1881)
Après sa déposition en 1871, il garde à titre personnel son titre de roi Tamatoa V Pomare (1871 - 1881).
Ascendance
4. Ariʻipeu-a-Hiro | ||||||||||||||||
2. Ariʻifaaite | ||||||||||||||||
20. Vetea-raʻi Uʻuru (= 28) | ||||||||||||||||
10. Tamatoa III (= 14) | ||||||||||||||||
21. Opai-pai Te-roro (= 29) | ||||||||||||||||
5. Teihotu Taʻavea | ||||||||||||||||
22. Mato Teri’i Tepoara’i (= 30) | ||||||||||||||||
11. Mai-he'a Te-hani (= 15) | ||||||||||||||||
23. Te-ha’apapa I (= 31) | ||||||||||||||||
1. Tamatoa V | ||||||||||||||||
24. Teu Tunuieaite Atua | ||||||||||||||||
12. PĹŤmare Ier | ||||||||||||||||
25. Tetupaia-i-Hauiri | ||||||||||||||||
6. PĹŤmare II | ||||||||||||||||
26. Teihotu-i-Ahura’i | ||||||||||||||||
13. Tetua-nui-reia-i-te-raʻi-atea | ||||||||||||||||
27. Vave’a Tetua-nui-rei-a-ite Ra’iatea | ||||||||||||||||
3. PĹŤmare IV | ||||||||||||||||
28. Vetea-raʻi Uʻuru (= 20) | ||||||||||||||||
14. Tamatoa III (= 10) | ||||||||||||||||
29. Opai-pai Te-roro (= 21) | ||||||||||||||||
7. Teriitaria Tamatoa | ||||||||||||||||
30. Mato Teri’i Tepoara’i (= 22) | ||||||||||||||||
15. Mai-he'a Te-hani (= 11) | ||||||||||||||||
31. Te-ha’apapa I (= 23) | ||||||||||||||||
Notes
- Royal Ark
- Bernard Gille, Antoine Leca, « Histoire des institutions de l'Océanie française: Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna », éditions L'Harmattan, 2009, (ISBN 978-2-296-09234-1)
- Fiche de Jacques-Antoine Moerenhout sur le site de l'Assemblée de la Polynésie française
- (en) Rev. J. C. Vivian, Records of the London Missionary Society (as filmed by the AJCP)/Series. South Seas letters/File Box 33/Letters mainly from missionaries in the Society, Hervey, Samoan and Loyalty Islands and also the New Hebrides and Savage Island (Niue), Letter (lire en ligne), LMS/SSL/Box 33/Letter J.C Vivian 31 May 1871__ AJCP image 47 right page line 14--->"Since i last wrote to you,the king Tamatoa has been juged,and banished (from) the island,for murdering a young man named Paino (who) was collector of primes.". _Traduction de la lettre du révérend J.C Vivian en date du 31 Mai 1871_ "Depuis la dernière fois que je vous ai écrit, le roi Tamatoa a été jugé et banni de l'île, pour le meurtre d'un jeune homme nommé Paino qui était collecteur d'impot."
- Genealogy
Bibliographie
- Bertrand de La Roncière, La Reine Pomare : Tahiti et l'Occident, 1812-1877, L'Harmattan, 2003.
- Henry Teuira, Tahiti aux temps anciens (traduction française de Bertrand Jaunez, Paris, Musée de l'Homme, Société des Océanistes, 671 p. (édition originale : Ancient Tahiti, Honolulu 1928).
- Anne-Lise Shigetomi-Pasturel, Raiatea 1818-1945: permanences et ruptures politiques, économiques et culturelles, thèse de doctorat en histoire, Université de la Polynésie française, 3 volumes, 517 p.
- Raoul Teissier, Chefs et notables au temps du protectorat: 1842 - 1880, Société des Études Océaniennes, 1996 (réédition).