Tamatoa IV

Drapeau du royaume de Raiatea (1847-1880).

Héritier présomptif du trone de Raiatea-Tahaa,Moeore succèda à son père décédé en Juin 1831.Il hérita du conflit amorcé entre son père et Tapoa II concernant l'ile de Tahaa.Ce dernier, sucesseur de Fenuapeho, chef de Tahaa décédé en mer vers Avril 1831,ne supportait pas d'etre sous la suzeraineté de  Raiatea. Situation  dans laquelle cette ile est restée depuis le conflit de 1815 entre Fenuapeho et Tamatoa III.Pour la reconquérir, Il s'allia à Mai et Tefaaora de Borabora. Il est battu en Avril 1832 à Tahaa par Tamatoa IV, soutenu par Teriitaria II et Mahine de Huahine[7] - [8].

Ayant eu à se défendre contre les troubles qui accompagnent habituellement toutes les passations de pouvoirs dans les iles sous le vent, Moeore ne sera couronné et sacré roi de Raiatea et Tahaa,que le 8 juin 1838[9].

C'est sous son règne que le protectorat français est établi sur le royaume de Pomare en 1843.

Sous l'influence du consul George Pritchard, principal conseiller de la reine de Tahiti, Pōmare IV expulse deux missionnaires catholiques français de l'archipel dans le but de maintenir la dominance du Protestantisme[10]. Le consul français à Tahiti, Jacques-Antoine Moerenhout, crie à l'affront et fait parvenir une plainte à la puissance impériale française[11], qui répondra en la personne de l'officier naval du nom d'Abel Aubert du Petit-Thouars. Ce dernier contraint le gouvernement indigène à payer une indemnité à la France et à signer avec elle un traité d'amitié censé faire respecter les droits des sujets français de l'archipel, y compris ceux de tout futur missionnaire catholique. Quatre ans plus tard, Dupetit-Thouars prétend que les Tahitiens n'ont pas respecté le traité ; il force alors les chefs tahitiens, de même que la reine Pōmare IV, à signer une demande de protection auprès de la France, demande qui est envoyée par la suite en Europe pour être formellement ratifiée[12].

Le consul anglais Pritchard était parti en mission diplomatique au moment où se produisait l'incident entre l'amiral Dupetit-Thouars et les chefs tahitiens. Ce n'est qu'à son retour qu'il constate que les îles sont passées sous le contrôle des Français. Il encourage alors la reine Pomare IV à résister à l'intervention de la France. La reine écrit alors pour demander - en vain - l'aide de la reine Victoria, et même celle du roi de France, Louis Philippe. Par esprit de résistance, elle refuse également l'usage dans son royaume du drapeau du protectorat, qui intègre le drapeau tricolore en son canton, choisissant plutôt d'arborer le drapeau tahitien devant sa résidence.

En novembre 1843, Dupetit-Thouars destitue la reine en raison de sa résistance et annexe formellement les îles. Armand Joseph Bruat est promu au rang de gouverneur colonial, avec la charge de diriger le territoire. Pomare IV et sa famille se réfugient alors dans le consulat britannique, avant de prendre la fuite vers l'île avoisinante de Raiatea à bord d'un navire britannique, le HMS Basilisk.Elle se réfugie auprès du roi Tamatoa IV Moeore.Le consul anglais Pritchard, quant à lui, est capturé, puis déporté par les Français. Cet incident diplomatique, connu sous le nom d' "affaire Pritchard", manque de provoquer un conflit entre la France et l'Angleterre, évité de justesse après que la France présenté des excuses formelles aux Anglais pour avoir capturé ainsi leur consul.

Sur un second front, les Français tentent de conquérir et d'annexer les trois royaumes environnants situés dans les îles sous le vent. Ces trois royaumes étaient les suivants : Raiatea et Tahaa dont le roi est Tamatoa IV ; Huahine et Maiao dont la reine est Teriitaria II et Bora Bora, où régnait le roi Tapoa II. Ces trois territoires étaient rattachés à la famille des monarques Pomare par un réseau d'allégeances formelles que les Français décident d'interpréter comme une juridiction administrative véritable, ce qui explique la tentative d'annexion. Sous les ordres du capitaine Louis Adolphe Bonard, les forces françaises mettent en place un blocus autour de Raiatea à la suite de ce qu'ils décrivent comme un "massacre" : les guerriers de Huahine, au service de la reine Teriitaria attaquent les soldats français à la bataille de Maeva, tuant dix-huit marins français et blessant quarante-trois d'entre eux.

Le protectorat français devait s'étendre aux Iles-Sous-Le-Vent,considérées par les Français comme des dépendances des états des Pomare. Toutefois, les souverains des iles de Huahine, Raiatea et Tahaa, Bora-Bora et Maupiti s'unirent pour protester auprès de l'Angleterre contre cette tentative d'intégration de leurs îles dans le protectorat français.

Le 16 juin 1847, les voix de ces souverains sont entendues.La France et le Royaume-Uni, à travers la Convention de Jarnac, reconnaissaient l'indépendance de ces îles.cette convention sera abolie, d’un commun accord entre les deux puissances coloniales, le 16 novembre 1887, laissant libre voie à la France pour annexer les iles sous le vent le 16 mars 1888[13].

Commença alors la guerre des iles sous le vent qui s'acheva en 1897 par l'internement en nouvelle Calédonie de dix indigènes rebelles des iles de Raiatea et Tahaa dont le chef Teraupoo et son épouse Tautu, et la chéfesse de Tevaitoa, Maiarii,Teriinavahoroa et son époux Motiroi.Cent seize autres indigènes rebelles furent internés à l'le de Ua-Huka (Marquises)[14].

De nouveaux troubles internes secouent à nouveau son règne vers le début de l'année 1852. Il est déposé le 4 Mars 1852 par le chef Temarii qui s'est proclamé roi de Raiatea et Tahaa [15] - [16].Moeore est contraint de s'enfuir avec sa famille et se réfugie au Sud Est de la baie de Opoa[17].Toutefois l'autorité de Temarii ne fut pas reconnue par les puissances étrangères qui exigeaient la signature du roi légitime pour tout traité ratifié [18] - [19].

En 1854 un chef du nom de Teamo qui avait contribué à renverser Tamatoa IV fut soupçonné de préparer un soulèvement contre le roi Temarii.Il fut attaqué par surprise le 14 Novembre 1884 par les partisans de Temarii.Il y eut huit morts dont la femme de Teamo.Une dizaine d'homme dont Teamo se réfugièrent à bord de la goélette du protectorat le Joséphine.Du coté de Tahaa le chef Haumani représentant de Teamo,se rendit avec ses hommes.Grace à l'intervention du capitaine de la Joséphine soutenu par le consul britannique et les missionnaires,les rebelles eurent la vie sauve et furent jugés puis bannis de l'ile de Raiatea[20].

Au premier trimestre 1855,les partisans de Tamatoa IV soutenus par les missionaires,le consul britannique B. Toup Nicolas et le captaine Matthew Connolly du H.M.S Amphitrite,mirent fin à la situation d'anarchie qui régnait sur l'ile de Raiatea.Le roi Tamatoa IV fut rehabilité dans ses fonctions et réintègra le palais de Uturoa[21] - [22].

En 1856 il est décrit comme un homme chauve agé et paralysé.Il est mort le 16 Mai 1857[23].

Comme prévu,le fils de la reine Pomare IV, fut sacré roi de Raiatea-Tahaa le 19 Aout 1857 sous le nom de Tamatoa V. Il eut fallu le concours des forces françaises et du consulat anglais, pour qu'il soit reconnu roi vers 1860... Impopulaire et irrespectueux de ses sujets,ce dernier fut déposé le 8 Février 1871 à la suite du meurtre,en état d'ivresse, d'un jeune collecteur d'impots appelé Paino.Il fut jugé puis banni de l'ile de Raiatea. Tahitoe a Tahitoe (1810-1887) un neveu de Tamatoa III le grand, fut élu par le peuple pour lui succéder[24] - [25].