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Tablette de plainte à Ea-nasir

La tablette de plainte à Ea-nāṣir est une tablette d'argile sur laquelle des inscriptions cunéiformes datant de Babylone en 1750 avant J.-C. ont été retrouvées. Conservée au British Museum (cote M 131236), cette tablette est une lettre de plainte d'un client nommé Nanni adressée à un marchand nommé Ea-Nasir. Elle est considérée comme la plus ancienne plainte connue concernant le service à la clientèle[1].

Contexte

Ea-nāṣir voyage dans le golfe Persique pour acheter du cuivre et retourne en Mésopotamie pour le vendre. Il accepte de vendre des lingots de cuivre à Nanni. Ce dernier envoie son serviteur avec l'argent pour régler la transaction. Cependant le cuivre est de faible qualité et donc la transaction est annulée. En réponse, Nanni fait rédiger cette plainte pour Ea-nāṣir en se plaignant également que son serviteur ait été traité avec mépris après le refus. Nanni déclare que, au moment de la rédaction du document, il n'a pas accepté le cuivre mais a payé l'argent.

Description

La tablette mesure 11,6 centimètres de haut, 5 centimètres de large et 2,6 centimètres d'épaisseur. Elle est légèrement endommagée.

Conservation

La tablette est acquise par le British Museum en 1953. Elle a été trouvée dans les ruines d'Ur.

Texte

La tablette a été éditée dans le volume Ur Excavation Texts V, au numéro 81 (référence abrégée : UET 5 81)[2].

Dis à Ea-nāṣir, ainsi (parle) Nanni :
Lorsque tu es venu, tu m'as dit ce qui suit : « je donnerai à Gimil-Sin [quand il viendra] des lingots de cuivre de haute qualité ». Tu es ensuite reparti mais tu n'as pas rempli ce que tu m'as promis. Tu as mis devant mon messager [Ṣīt-Sin] des lingots qui n'étaient pas bons, et tu as dit : « Si tu veux les prendre, prends-les; si tu ne veux pas les prendre, va-t-en ! »
Pour qui me prends-tu, que tu agis avec un tel mépris envers quelqu'un comme moi ? J'ai envoyé comme messagers des gentilshommes comme nous-mêmes pour chercher la bourse contenant mon argent [que j'ai laissé avec toi], mais tu m'as méprisé en me les renvoyant bredouilles plusieurs fois, et ce, à travers des terres ennemies. Y a-t-il qui que ce soit parmi les marchands qui commercent avec Telmun qui m'a traité d'une telle façon ? Tu es le seul à mépriser mon messager ! À cause de cette [misérable] mina d'argent [métal] que je te dois[?], tu te permets de parler de cette façon, alors que j'ai donné au palais en ton nom 1 080 livres de cuivre, et Šumi-abum a également donné 1 080 livres de cuivre, et ce, au-delà de ce que nous deux avons fait écrire sur une tablette scellée gardée dans le temple de Šamaš.
Comment m'as tu traité en échange de ce cuivre ? Tu as retenu ma bourse dans un territoire ennemi. Il te revient maintenant de me rendre [mon argent] entièrement.
Sois conscient que [dorénavant] je n'accepterai ici aucun cuivre de ta part qui ne soit pas de qualité supérieure. [Dorénavant] je choisirai et je prendrai des lingots individuellement dans ma propre cour, et j'exercerai contre toi mon droit de refus car tu m'as méprisé.

Notes et références

  1. (en) Shep Hyken, « Oldest Customer Service Complaint Discovered: A Lesson from Ancient Babylon », sur Forbes (consulté le )
  2. (en) Figulla, H.H.; Martin, W.J., Letters and Business Documents of the Old Babylonian Period. Ur Excavations: Texts. Vol. V. Londres, British Museum Press, 1953 p. 14, Pl. XIV.

Voir aussi

Bibliographie complémentaire

  • (en) A. L. Oppenheim, « The Seafaring Merchants of Ur », dans Journal of the American Oriental Society 74/1, 1954, p. 6-17 (étude de la tablette p. 10-11)
  • (en) A. L. Oppenheim, Letters From Mesopotamia : Official, Business, and Private Letters on Clay Tablets from Two Millennia, Chicago, (traduction de la tablette p. 82-83)
  • (en) W. F. Leemans, Foreign Trade in the Old-Babylonian Period, Leyde, 1960 (étude de la tablette p. 39-40)
  • (en) M. Van de Mieroop, Society and Enterprise in Old Babylonian Ur, Berlin, 1992

Liens internes

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