Système automatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus
Le Système automatisé pour les fichiers administratifs et répertoires des individus (dont l'acronyme est SAFARI) était un projet d'identification des individus figurant dans les fichiers nominatifs de l'administration française par un numéro attribué par l'INSEE et utilisé par la Sécurité sociale. La généralisation de cette identification dans toute l'administration avait notamment pour but de faciliter l'interconnexion des fichiers.
La première mention du projet est faite dans un article de trois pages de la revue centrale de l'INSEE en mars 1970[1]. Cette annonce présentait le contenu du fichier-répertoire ainsi que les développements à venir. Il décrivait les caractéristiques de l'identifiant retenu et énumérait les objectifs poursuivis : diffuser l'identifiant dans l'ensemble des fichiers de l'administration de façon à faciliter leur gestion, leur contrôle et les rapprochements avec d'autres fichiers via cet identifiant. De plus, ces identifiants allaient permettre de nouvelles exploitations des fichiers administratifs à des fins de connaissances statistiques. Il faudra attendre deux ans pour que l'I.N.S.E.E. assume, lors d'un journal télévisé, un acronyme aussi peu explicite que menaçant pour les libertés individuelles[2]. Le projet annoncé en 1970 devait être opérationnel en 1972. Le 21 mars 1974, un article de Philippe Boucher du journal Le Monde intitulé : "SAFARI ou la chasse aux Français" dénonça le caractère liberticide d'un dispositif qui allait permettre à l'administration de rassembler facilement toute l'information dont elle disposait sur chacun des individus présents dans ses fichiers[3]. L'impact de l'article fut considérable : paru le 21 mars, dès le 29 mars, une circulaire du Premier ministre de l'époque, Pierre Messmer suspendait le projet et nommait une commission "Informatique et libertés" chargée de proposer un cadre d'utilisation de l'informatique respectueux de la vie privée et des libertés individuelles. Cette commission a rendu son rapport fin 1975. Il est à la base de la loi Informatique et libertés du 6 janvier 1978[4]. Avec cette loi, le projet SAFARI, suspendu en 1974, était abandonné.
(fin de l'introduction).
Notes et références
- Jacques Desabie, « L'Insee entreprend d'automatiser le répertoire des personnes », Economie et Statistique, vol. 10, no 1, , p. 69–71 (DOI 10.3406/estat.1970.1930, lire en ligne, consulté le )
- "SAFARI : un projet de "mise en fiches" de la population française", Office de radiodiffusion-télévision française, 23 juillet 1972.(http://www.ina.fr/video/CAF97060610/index/.fr.html
- « Une division de l'informatique est créée à la chancellerie " Safari " ou la chasse aux Français », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Rapport de la commission Informatique et libertés, La documentation Française, 1974, 2 volumes, https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport_tricot_1975_vd.pdf
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- L'article de presse en entier écrit par Philippe Boucher, partagé par la Commission nationale de l'informatique et des libertés.
- Rapport Tricot, de Bernard Tricot et du rapporteur adjoint Pierre Catala, de 1975.
- SAFARI : un projet de « mise en fiches » de la population française, reportage de l'Office de radiodiffusion-télévision française, le .
- Informatique et libertés : souriez, vous êtes traqués,
- Safari ou la chasse aux Français,
- Texte intégral de l'allocution de Philippe Boucher, le , lors de la remise des diplômes du Mastère spécialisé "Management et protection des données personnelles" de l'ISEP. Il y révélait, pour la première fois, la source qui lui avait permis de faire son papier, celui-là même qui allait déboucher quatre ans plus tard sur la loi Informatique et Libertés et la création de la CNIL.