Svetozar MarkoviÄ (militant)
Svetozar MarkoviÄ, en serbe cyrillique ĐĄĐČĐ”ŃĐŸĐ·Đ°Ń ĐĐ°ŃĐșĐŸĐČĐžŃ (nĂ© Ă ZaŃĐ”Äar le â mort le ), Ă©tait un socialiste serbe.
Lâenfance et la jeunesse
Svetozar MarkoviÄ passe son enfance Ă Rekovac puis Ă Jagodina. En 1856, sa famille sâinstalle Ă Kragujevac.
En 1860, il commence ses Ă©tudes secondaires Ă Belgrade. Câest Ă cette Ă©poque quâil sâintĂ©resse Ă la politique, notamment sous lâinfluence de Vladimir JovanoviÄ, un Serbe libĂ©ral.
Les Ă©tudes Ă lâĂ©tranger
En 1866, Svetozar MarkoviÄ part Ă©tudier Ă Saint-PĂ©tersbourg oĂč il frĂ©quente les milieux socialistes, alors trĂšs inspirĂ©s par NikolaĂŻ Tchernychevsky.
En mars 1869, menacĂ© dâarrestation en raison de ses sympathies socialistes, il quitte la Russie.
Il poursuit ses Ă©tudes en Suisse et rassemble un petit groupe dâĂ©tudiants (parmi lesquels figure Nikola PaĆĄiÄ, le futur chef du parti radical serbe). Ă cette Ă©poque, la Serbie est dirigĂ©e par un conseil de rĂ©gence qui gouverne Ă la place du jeune prince Milan ObrenoviÄ. Milan ObrenoviÄ vient de succĂ©der Ă son oncle, le prince Michel qui a Ă©tĂ© assassinĂ© en 1868. Au printemps de 1869, les LibĂ©raux viennent de signer un accord avec la RĂ©gence et une constitution est mise en place. MarkoviÄ dĂ©nonce cet accord et crĂ©e un petit parti de tendance « radicale ».
Le retour dans les Balkans
En aoĂ»t 1870, Stevan MarkoviÄ participe au CongrĂšs de lâOmladina (sociĂ©tĂ© secrĂšte serbe poursuivant l'unification de tous les Serbes en un royaume indĂ©pendant). Avec ses amis radicaux, il propose un certain nombre de mesures sociales. Il est aussi partisan dâune grande dĂ©centralisation du pays, seule apte, selon lui, Ă rĂ©gler les conflits entre les nationalitĂ©s.
Le , MarkoviÄ, avec Äura LjoÄiÄ, lance le premier journal socialiste de Serbie ; il a pour titre "Radenik" (Le Travailleur). Le journal remporte un grand succĂšs. Mais un groupe de dĂ©putĂ©s accuse "Radenik" de « saper les fondements mĂȘmes de lâĂtat : la foi, la morale et la propriĂ©tĂ©. »
En mars 1872, le gouvernement dĂ©cide lâarrestation de MarkoviÄ. Celui-ci, prĂ©venu, a le temps de se rĂ©fugier en Hongrie. Le journal "Radenik" publie un article oĂč le Christ est dĂ©crit comme un communiste et un rĂ©volutionnaire. En mai 1872, le journal est interdit pour blasphĂšme et trahison.
La Serbie Ă lâEst
En juin 1872, Stevan MarkoviÄ publie Ă Novi Sad un livre intitulĂ© La Serbie Ă lâEst (Serbija na istoku). Dans cet ouvrage, il examine lâhistoire du pays ; pour lui, la sociĂ©tĂ© serbe dâavant 1804 (date de la premiĂšre rĂ©volte serbe contre les Turcs), Ă©tait davantage divisĂ©e en « classes » sociales quâen communautĂ©s religieuses ; et câest ainsi, selon lui, que la rĂ©volte contre les Turcs avait revĂȘtu un caractĂšre plus social que religieux. Cependant, selon MarkoviÄ, la paysannerie, telle qu'elle Ă©tait organisĂ©e Ă l'Ă©poque, Ă©tait incapable dâempĂȘcher lâinstallation du despotisme dans le pays.
MarkoviÄ soutient encore que lâagrandissement de la Serbie, bien loin de conduire Ă plus de libertĂ©, ne fait quâaccroĂźtre sur elle le contrĂŽle de la bureaucratie. Contre lâidĂ©e dâune Grande Serbie, il se fait lâavocat dâun fĂ©dĂ©ralisme dĂ©mocratique.
Le retour en Serbie
En raison de ses activitĂ©s politiques Ă Novi Sad, Stevan MarkoviÄ est expulsĂ© par les autoritĂ©s hongroises. Ă peine rentrĂ© en Serbie, il est arrĂȘtĂ©. Mais le nouveau premier ministre, Jovan RistiÄ, le fait aussitĂŽt relĂącher. RistiÄ ne tenait sa position que du prince Milan, qui venait juste dâatteindre sa majoritĂ© ; malmenĂ© par les libĂ©raux comme par les conservateurs, il espĂ©rait, en relĂąchant MarkoviÄ, obtenir un rĂ©pit du cĂŽtĂ© des socialistes.
Le , un nouveau journal, "Le Public" (Javnost), paraĂźt Ă Kragujevac. MarkoviÄ en est le rĂ©dacteur en chef. Le journal se montre de plus en plus critique vis-Ă -vis du gouvernement. Le , MarkoviÄ est de nouveau arrĂȘtĂ©.
Le procĂšs
Le procĂšs pour « crime de presse » commence le . En se dĂ©fendant des charges retenues contre lui, notamment celle dâ« insultes » Ă lâAssemblĂ©e Nationale, Stevan MarkoviÄ instaure un vĂ©ritable dĂ©bat de sociĂ©tĂ©. On lâaccuse dâavoir voulu « remplacer un prince qui agit pour le mal par un bon prince » ; il nie en avoir appelĂ© Ă la rĂ©volution ; câest en vertu de ce droit que, selon lui, le peuple avait renversĂ© Alexandre KaraÄorÄeviÄ en 1858 et rappelĂ© au pouvoir MiloĆĄ Ier ObrenoviÄ.
Le procÚs attire un large auditoire et il devient le symbole du mécontentement croissant contre le gouvernement.
MarkoviÄ est finalement condamnĂ© Ă 18 mois de prison. NĂ©anmoins, sa santĂ© se dĂ©tĂ©riore au point que, le , il est libĂ©rĂ©. Il se retire un temps Ă Jagodina.
Les suites du procĂšs
La publicitĂ© autour du procĂšs permet Ă des socialistes de se faire Ă©lire pour la premiĂšre fois Ă lâAssemblĂ©e. Le groupe est menĂ© par Adam BogosavljeviÄ, un Serbe. MalgrĂ© les avertissements, Stevan MarkoviÄ ne reste pas inactif. Le , il prend la tĂȘte du mouvement "LibĂ©ration" (OsloboÄenje). ArrĂȘtĂ©, il a le choix entre la prison et lâexil. Il se retire Ă Trieste, alors le port le plus important et la quatriĂšme ville d'Autriche-Hongrie. Il meurt de la tuberculose le . Il nâavait pas encore trente ans.
Article connexe
Sources
Woodford McClellan : Svetozar MarkoviÄ and the Origins of Balkan Socialism, Princeton University Press, 1964 (ISBN 0691051585)
Omladina : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Revue_des_Deux_Mondes_-_1876_-_tome_16.djvu/865