Suppression d'emplois
La suppression d'emplois ou réduction des effectifs consiste à réduire le nombre d'employés travaillant pour un employeur, généralement à fin de réduire les coûts.
Historique
En 1691, une idĂ©e dont l'auteur est contestĂ©, vise Ă dĂ©pouiller les prĂȘtres â il s'agit alors de professeurs d'universitĂ©, de pasteurs et de confesseurs â de leurs biens, de leurs charges et de leurs emplois[1].
Sous l'ancien rĂ©gime, des emplois (offices) publics peuvent ĂȘtre supprimĂ©s par le roi par Ă©dit[2].
En , à Versailles un édit du roi Portant suppression des Jurez Vendeurs de Sel a petites Mesures vise officiellement à éviter les contestations entre les différents services et à améliorer le service[3].
En 1664 pour la décision et en 1679 pour l'application, le nombre de notaires d'Annonay a été réduit de 16 à 4, les 4 restants étant catholiques[4].
En 1678, Ă©dit portant suppression des « Corps & Communautez des Marchands Artisans, gens de mestier, Maistrises & Jurandes qui estoient establies dans les Fauxbourgs de Paris , & mĂȘmes celles des Fauxbourgs saint Denys, saint Martin, Montmartre, saint HonorĂ© & Richelieu, & icelles rĂ©unies aux Communautez de pareille qualitĂ© »[5].
En 1700, un édit du roi de France concerne la « suppression des offices de Commissà ires Enquesteurs & examinateurs de la Province de Languedoc. en échange de vingt-mil livres »[6].
En , un Ă©dit du roi de France et de Navarre porte la suppression de tous les « Offices de Receveurs & ContrĂŽleurs GĂ©nĂ©raux des Domaines & Bois , Receveurs particuliers desdits Bois, Receveurs, Gardes GĂ©nĂ©raux & Collecteurs des amendes, rejlitutions & confiscations dans les MaĂźtrises des Bois, Eaux si ForĂȘts ». Le motif de cette suppression est ainsi donnĂ© par l'Ă©dit : « Continuant Ă Nous occuper de l'ordre & de l'amĂ©lioration de nos Finances, Nous avons Ă©tĂ© informĂ©s que la perception des droits domaniaux de notre Couronne , Ă©toit partagĂ©e entre les Receveurs GĂ©nĂ©raux des Domaines & Bois & la RĂ©gie des Domaines : en mĂȘme temps Nous avons su que ces deux Compagnies recevoient plusieurs droits de mĂȘme nature, ou dĂ©rivant les uns des autres; que l'une recouvroit les droits easuels, & l'autre les cens qui sont un titre primitif de ces mĂȘmes droits; ensorte que deux Commissions qui devroient s'entr'aider & s'Ă©clairer mutuellement 1, se trouvoient dĂ©sunies. Nous nous sommes convaincus que ces diverses attributions dispendieuses , bien loin de concourir Ă la conservation des revenus de notre Domaine, augmentoient les difficultĂ©s auxquelles cette espĂšce de recouvrement est: assujettie & contrariaient encore l'intĂ©rĂȘt & la tranquillitĂ© de nos Sujets, en multipliant pour eux les frais & les contestations »[7].
Des penseurs proposent en 1876 de supprimer les travaux pĂ©nibles pour les femmes dans les usines et les manufactures, sans en faire une loi, afin de ne pas assujettir la femme Ă un homme. Ils sâappuient pour cela sur l'idĂ©e selon laquelle « tout ĂȘtre doit pourvoir Ă sa subsistance »[8].
En 1935, en France, des emplois de rĂ©dacteurs-vĂ©rificateurs sont supprimĂ©s conduisant des surnombres[9] devant ĂȘtre rĂ©duits au fur et Ă mesure des vacances.
Dans les annĂ©es 1960, certaines conventions collectives françaises prĂ©voient des indemnitĂ©s de congĂ©diement et des indemnitĂ©s de prĂ©avis en cas de suppression d'emploi, notamment dans le bois[10]. Dans les annĂ©es 1970, ces indemnitĂ©s de licenciement en cas de suppression d'emploi peuvent parfois ĂȘtre calculĂ©es en fonction de l'anciennetĂ©, par exemple dans l'industrie textile[11]. Certains textes prĂ©cisent que cette indemnitĂ© de licenciement est distincte de l'indemnitĂ© de prĂ©avis[12].
Psychologie
D'aprĂšs ClĂ©ment IX, « Tant de gens interessez qui ne veulent pas perdre leurs emplois, leurs Charges, leurs Benefices, ni les moiens d'en avoir, & qui font plus d'Ă©tat des biens temporels que des spirituels, sont toujours prĂȘts Ă faire tout-ce qu'on dĂ©sire, d'eux, plutĂŽt que de hazarder leur fortune. », la religion Ă©tant alors prĂ©sentĂ©e comme un moyen d'Ă©viter cet Ă©garement[13].
Pour Chevallier, la suppression de l'emploi conduit à une oisiveté stérile, fait perdre sa propre valeur, ainsi que la disparition de la force morale nécessaire à la liberté d'action[8].
Droit privé français
D'aprĂšs la jurisprudence française, lorsqu'une sociĂ©tĂ© choisit de se rĂ©organiser, ou lorsqu'elle est conduite en difficultĂ©s Ă©conomiques, le licenciement d'un salariĂ© revĂȘt un caractĂšre Ă©conomique (article L.321.1 du Code du travail)[14].
Droit administratif français
Les causes
Les collectivitĂ©s locales peuvent ĂȘtre amenĂ©es Ă se sĂ©parer de leurs employĂ©s en raison d'un rĂ©duction de leurs revenus[15].
La suppression
En France, la suppression d'emploi dans les collectivitĂ©s territoriales est encadrĂ©e par la loi. Elle doit avoir une cause, c'est-Ă -dire qu'elle doit ĂȘtre motivĂ©e soit par une restructuration du service, soit par une mesure d'Ă©conomie (CE du no 94674)[16]. La loi encadre ces procĂ©dures, et l'agent peut alors subir une rĂ©duction de son traitement.
Suppressions de poste de fonctionnaire dâĂtat
La suppression d'emploi peut ĂȘtre un objectif politique, ainsi :
- en 2016, Nicolas Sarkozy veut supprimer 300 000 emplois publics sur cinq ans[17] ;
- en 2016, François Fillon plaide pour la suppression de 500 000 emplois publics[18].
Pour François Fillon, l'objectif est Ă la fois de crĂ©er « un choc technique et psychologique » et de rĂ©duire la dĂ©pense publique de 110 milliards dâeuros en 5 ans[18].
Historique de suppressions d'emplois dans des grands groupes privés
En 1971, c'est le « Plan Dherse », du nom du président de la Sollac, pour restructurer la sidérurgie lorraine avec l'annonce de 16 000 suppressions d'emplois. La nouvelle usine de Fos-sur-Mer, Solmer, sera, d'aprÚs la direction de De Wendel, le « deuxiÚme souffle » de la Lorraine.
Ă mi-, le groupe Peugeot-Talbot annonce 7 371 suppressions d'emplois, soit 9 % des effectifs du groupe. Le 27 juillet, Jacques Delors dĂ©clare : « Une meilleure structure financiĂšre permettrait Ă Peugeot de rĂ©gler ses problĂšmes sociaux de maniĂšre brutale ». Le syndicat CFDT estime que le problĂšme de l'emploi va aussi se poser de maniĂšre durable pendant toute la dĂ©cennie de la mĂȘme façon chez Renault et chez CitroĂ«n.
Le mercredi , le groupe français Alcatel annonce 10 000 suppressions d'emplois en plus des 34 500 autres précédemment annoncées.
Le mercredi 28 février 2007 : le président d'Airbus et vice-président d'EADS, Louis Gallois, présente un plan de suppression de 10 000 emplois dont 4 300 en France.
En mai 2008, un article du journal Le Monde[19] révÚle une indemnité potentielle de départ de l'entreprise Alcatel-Lucent, de six millions d'euros, soit 3,3 fois la rémunération de Patricia Russo en 2007, bien qu'au cours de cet exercice, Alcatel-Lucent ait perdu 3,5 milliards d'euros et annoncé 16 500 suppressions d'emplois dans le monde.
Le , JPMorgan Chase a annoncé la suppression de 12 000 emplois à la suite de l'absorption de Washington Mutual[20].
En 2013 et 2014, Cisco a supprimé 14 000 emplois en quatre ans, ceci lui a permis de procéder à de la croissance externe; du fait de ce changement de périmÚtre du groupe, les chiffres des effectifs de Cisco passant de 71 000 à 74 000 emplois ne font pas apparaßtre ces suppressions d'emplois.
En 2014, Siemens annonce la suppression de 11 600 postes, liée à la réorganisation de l'entreprise[21].
En 2016, Philippe Varin pour PSA a annoncé un total de 6 000 postes supprimés en Europe[22].
Notes et références
- Libelle diffamatoire du Faux-Arnauld, selon les deux éditions fort différentes qui en ont été faites : la I. au mois de juin 1691, sous ce titre : Lettre à un docteur de Douay sur les affaires de son Université, la II. quelques mois aprÚs, sous cet autre titre : Secrets du parti de M. Arnauld découverts depuis peu. En deux colonnes... par Honoré Tournély, 1693
- Claude Jordan, La Clef du Cabinet des princes de l'Europe, ou Recuëil historique & politique sur les matieres du tems, imprimé chez Jacques le SincÚre, à l'enseigne de la Verité (Luxembourg), 1697
- Louis XIV, Recueil des édits, déclarations et arrests du Conseil, concernant la Ferme générale des regrats de France, G. Saugrain (Paris), 1706
- Revue historique, archéologique, littéraire et pittoresque du Vivarais illustrée, publiée avec le concours d'un groupe d'écrivains ardéchois, imprimerie centrale (Privas), Lechevalier (Paris), Brun fils (Lyon), 1895
- Nicolas de La Mare, TraitĂ© de la police , oĂč l'on trouvera l'histoire de son etablissement, les fonctions et les prerogatives de ses magistrats, toutes les loix et tous les reglemens qui la concernent..., Tome second, P. Cot (Paris), 1710
- Recueil des Ă©dits, dĂ©clarations, arrĂȘts et ordonnances de l'annĂ©e ... pour la province de Languedoc, chez Guillaume Besse (Narbonne), 1700
- Recueil des dĂ©clarations, Ă©dits, lettres patentes et arrĂȘts du Conseil d'Ătat, enregistrĂ©s au Parlement de Dijon, depuis 1666 jusqu'Ă ..., J. Ressayre (l'imprimeur du Roi, etc.) (Dijon), 1689-1781
- EugĂšne Chevallier, L'EnquĂȘte des travailleurs sur les rĂ©formes sociales, A. Aupetit (Sancerre), 1876-1877
- Gabriel Paillereau, Questions écrites et jurisprudence. Assurances sociales / Comité central des assurances sociales, Docis (Paris), 1936
- Convention collective nationale du travail mécanique du bois, des scieries, du négoce et de l'importation des bois, 1er octobre 1969
- Convention collective nationale de l'industrie textile, Ă l'exclusion de l'industrie de production des textiles artificiels, Ă©dition mise Ă jour au 18 novembre 1971
- Convention collective nationale de l'industrie textile, Ă l'exclusion de l'industrie de production des textiles artificiels, Ă©dition mise Ă jour au 15 mai 1973
- Pasquier Quesnel, La paix de ClĂ©ment IX, ou DĂ©monstration des deux faussetĂ©s capitales avancĂ©es dans l'histoire des X propositions contre la foi des disciples de S. Augustin et la sincĂ©ritĂ© des quatre Ă©vĂȘques, avec l'histoire de leur accommodement et plusieurs piĂšces justificatives et historiques, J.-B. Giraux (ChambĂ©ry), 1700
- « Suppression d'emploi: les contours d'une notion cardinale », sur lesechos.fr, (consulté le )
- « Suppression de postes : les collectivités sous pression », sur lettreducadre.fr (consulté le )
- « La suppression d'emploi », sur cdg24.fr (consulté le ).
- « Nicolas Sarkozy veut supprimer 300 000 emplois publics sur cinq ans », sur ladepeche.fr (consulté le )
- « Fillon plaide pour la suppression de 500 000 emplois publics », sur publicsenat.fr (consulté le )
- A. Mi, « Patricia Russo veut un parachute dorĂ© de 6 millions d'euros », Le Monde,â (lire en ligne)
- The Associated Press, « En bref - JPMorgan va supprimer 12 000 emplois », Le Devoir,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Siemens va supprimer au moins 11 600 postes, Le Monde 30 mai 2014
- http://www.leparisien.fr/economie/suppressions-de-postes-chez-psa-sarkozy-s-invite-dans-le-dossier-17-11-2011-1725247.php