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Suomi KP31

Le Suomi KP31, en finnois : Suomi-konepistooli (littéralement en français : « machine-pistolet finlandais »), est un pistolet mitrailleur inventé en 1922 par l'ingénieur militaire finlandais Aimo Lahti et produit par l'entreprise Tikkakoski.

Suomi KP31
Image illustrative de l'article Suomi KP31
Suomi KP-31 de fabrication finlandaise
Présentation
Pays d'origine Drapeau de la Finlande Finlande
Type Pistolet-mitrailleur
Munitions 9 Ă— 19 mm Parabellum
Fabricant Tikkakoski
Période d'utilisation 1931–1998 en service actif jusque dans les années 1980
Poids et dimensions
Masse (non chargé) 4.6 kg
Masse (chargé) 5,1 à 7,1 kg
Longueur(s) 870 mm
Longueur du canon 314 mm
Caractéristiques techniques
Portée pratique 200 m[1]
Cadence de tir 750-900 coups/minute
Vitesse initiale 396 m/s[2]
Capacité 20/36/ 40/50 cartouches (chargeur droit) ou 40/70 cartouches (chargeur camembert)

Précédé par SIG M1920[3]
Suivi de 9.00 KP 44[4]

Cette arme fut réglementaire dans l'armée finlandaise de 1931 à 1969 et utilisée durant la Seconde Guerre mondiale. L'arme descend du prototype M-22 et du modèle de production KP / -25, qui a été révélé au public en 1925. Le pistolet mitrailleur Suomi-KP/31, est souvent abrégé en KP Finlande.

Le Suomi KP31 est considéré par beaucoup[5] comme l'un des pistolets-mitrailleurs les plus efficaces de la Seconde Guerre mondiale, et son chargeur tambour a été copié et adopté par les Soviétiques pour leurs pistolets mitrailleurs PPD 38 et PPSh-41[6]. La précision du Suomi KP31 est supérieure à celle du PPSh-41 produit en série[6], grâce à un canon notablement plus long, avec la même cadence de tir et un magasin à capacité plus grande[6].

DĂ©veloppement et production

Le Suomi KP/-26 en 7,65 doté de son chargeur courbe.

À la fin des années 1920, l’armée finlandaise est essentiellement équipée de fusils Mosin-Nagant M1891 capturés pendant la guerre civile de 1918 et ne dispose que d’environ 1500 pistolets-mitrailleurs Bergmann M/20[7]. Le coût élevé du M/20 étant un problème, l’ingénieur finlandais Aimo Lahti se lance en 1921 dans la conception de sa propre mitraillette[8]. Ses efforts aboutissent en 1922 à la m/22, mais celle-ci ne rencontre pas le succès escompté, faute d’intérêt du ministère de la Défense. Lahti poursuit donc l’amélioration de son concept et une nouvelle version de l’arme, ultérieurement nommée KP/-26, entre en production en . Bien que jugeant l’arme intéressante, l’armée finlandaise lui trouve des défauts rédhibitoires, en particulier le fait que les magasins sont adaptés individuellement et ne sont ainsi pas interchangeables entre différents exemplaires de l’arme. Par conséquent, seuls cent exemplaires sont produits[9].

Lahti reprend le travail d’amélioration et aboutit en 1930 au KP/-31, dont le système d’alimentation en munition est repensé, améliorant la fiabilité, la cadence de tir et permettant l’usage de magasins de grande capacité interchangeables[10]. L’arme est évaluée par l’armée finlandaise entre la fin de l’année 1930 et le début de l’année 1931, mais la première commande de cent exemplaires n’arrive qu’en [11]. Ces armes n’apportent pas entière satisfaction aux militaires, qui les modifient en ajoutant un frein de bouche. Cette modification suscite la colère de Lahti, qui considère qu’elle affecte les performances et la fiabilité de sa création[12].

Au total, plus de 52 600 KP/-31 ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă  l’armĂ©e finlandaise[13].

Histoire opérationnelle

Le KP/-31 entre en service dans l’armée finlandaise au début des années 1930[14]. Il y est alors employé essentiellement comme une mitrailleuse légère utilisée en semi-automatique, le manuel recommandant de n’utiliser l’automatique qu’en cas de combat intense et seulement sous la forme de rafales très courtes. L’expérience de la guerre d’hiver montre toutefois que cette doctrine n’est pas réaliste, la puissance d’arrêt d’une seule balle de 9 mm n’étant pas suffisante pour stopper un adversaire. Dans ces conditions, l’arme prend un rôle plus individuel, remplacée par le DP-28 pour le rôle de mitrailleuse légère, tandis que l’usage du mode automatique et du tir arme à la hanche deviennent plus fréquents[15].

L’évolution de la doctrine se traduit par une augmentation du nombre de KP/-31 par peloton : deux dans les années 1930, quatre en 1940, huit en 1943 et douze en 1944. Toutefois la production a des difficultés à suivre ces augmentation et ces chiffres ne sont pas toujours atteint du fait de la pénurie d’armes[14]. Afin de compenser leur faible nombre d’armes, les tireurs Finlandais sont souvent accompagnés d’un ou deux pourvoyeurs de munitions, ce qui leur permet de tirer presque en continu. Cette manière de procéder, combinée à des tactiques d’embuscade et au manque de préparation des Soviétiques, permet à un seul mitrailleur d’infliger des pertes considérables, souvent supérieures à cinquante hommes en un affrontement[16].

Le mode semi-automatique reste toutefois utilisé, car le KP/-31 est également utilisé pour des tirs de précision visant en particulier les officiers soviétiques. Les armes ayant cet usage font la plupart du temps l’objet d’un ajustage fin des éléments mécaniques et du canon afin de maximiser leur précision. Le tireur d’élite Simo Häyhä revendique ainsi environ deux cents victimes faites avec le KP/-31[17].

Ă€ la fin de la guerre pour la Finlande en l’armĂ©e finlandaise dispose encore de 40 100 KP/-31. Le stock augmente encore dans les annĂ©es d’après-guerre pour atteindre 53 600 exemplaires en 1957[18].

Caractéristiques

Disposition générale

Conçu dans les années 1920, le Suomi possède comme le MP 18, qui lui servit de modèle, une crosse demi-pistolet/fût en bois et un manchon refroidisseur perforé entourant le canon.

L'arme tire au coup par coup et en rafale grâce à une culasse non calée. Le sélecteur de tir et le cran de sûreté se trouvent sur le côté de l'arme. Un système logé dans le bouchon de culasse permet de régler la cadence de tir. Le canon et le refroidisseur sont aisément démontables. La hausse est à planchette rabattable et à curseur. Le guidon est à lame et nu. L'arme est alimentée par des chargeurs tambours (40 ou 70 coups) ou droits (25/36/50 coups)

Munitions

Alors que les M/20, M/22 et KP/-26 tirent la cartouche 7,65 × 21 mm Parabellum, le KP/-31 abandonne cette munition au profit de la 9 × 19 mm Parabellum[9]. Les munitions utilisées par l’armée finlandaise sont en grande partie produites localement par les entreprises de fabrication de munitions Valtion patruunatehdas (VPT) et Oy Suojeluskuntain Ase-ja Konepaja Oskeyhtio AB (SAKO). La production étant insuffisante pour répondre aux besoins pendant la guerre de Continuation, les Finlandais importent également des munitions de ce calibre d’Allemagne et des États-Unis[19].

Différents types de magasins peuvent être utilisés, avec des contenances allant de vingt à soixante-dix cartouches[alpha 1] - [20]. À sa sortie, l’arme est accompagnée d’un magasin droit contenant théoriquement vingt-cinq cartouches, mais qui n’est presque jamais rempli au-delà de vingt, le ressort n’ayant pas assez de force pour faire remonter correctement les munitions lorsque le magasin est plein. Ceci ainsi que d’autres problèmes de fiabilité amènent à son abandon rapide, bien que la production reprenne temporairement pendant la guerre d’hiver afin de pallier les pénuries d’autres types, d’autant que le magasin-tambour de quarante cartouches prévu pour le remplacer se révèlent encore moins fiable[21].

Un autre magasin-tambour pouvant contenir soixante-dix cartouches est produit pour l’armée finlandaise à partir de . Ce modèle très utilisé par les Finlandais est par la suite copié par les Soviétiques pour leur pistolet-mitrailleur PPSh-41, lui-même copié ensuite par la Chinois[21]. Un autre magasin-tambour de soixante coups à la conception proche de celui de la mitraillette Thompson n’est en revanche pas adopté[22].

De conception suédoise et produit sous licence par Tikkakoski Oy à partir de 1940, le magasin surnommé « cercueil » a une contenance de cinquante cartouches stockés par rangs de quatre. Bien que fréquemment utilisé, il est fortement critiqué par les soldats finlandais pour sa masse importante, la difficulté à le remplir et son manque de fiabilité lorsqu’il est plein, ce qui amène à souvent l’utiliser en sous-capacité[23]. À partir de 1954, l’armée finlandaise utilise également pour le KP/-31 le magasin du Carl Gustav m/45 suédois[23].

Les magasins sont rarement transportés dans des poches dédiées, mais plutôt en vrac dans des musettes ou le sac à dos. Ils sont par ailleurs généralement munis d’un œillet ou d’un anneau permettant de les accrocher à la ceinture par une lanière[24].

Variantes

Un militaire finlandais armé du KP31, en juillet 1944.

Korsu Suomi

La conception de la Korsu Suomi débute en même temps que la construction de la ligne Mannerheim afin de pouvoir disposer d’un pistolet-mitrailleur pouvant tirer depuis les bunkers. Le KP/-31 standard n’est en effet que difficilement utilisable du fait de l’encombrement de sa crosse et du diamètre du manchon entourant le canon[22]. La nouvelle variante est adoptée par l’armée finlandaise en , mais la guerre d’hiver ralentit la production d’exemplaires complet au profit de kits de conversion pour le KP/-31 standard. Une version améliorée entre toutefois en production en 1941[25]. La Korsu Suomi reste en service dans les fortifications finlandaises jusque dans les années 1970[26].

La Korsu Suomi se distingue facilement du modèle standard par l’absence de crosse, qui est remplacĂ©e par une poignĂ©e pistolet, ainsi que par son canon plus long et fin. Les exemplaires produits après 1941 se distinguent Ă©galement des exemplaires antĂ©rieurs Ă  leur canon plus long, celui-ci ayant Ă©tĂ© portĂ© de 38,5 cm Ă  43,5 cm afin d’éviter le refoulement des gaz de combustion dans le bunker[25].

Dans le même esprit, une version pouvant être adaptée aux chars T-26 est conçue après la guerre d’hiver. Afin de pouvoir tirer par un sabord frontal, l’arme est modifiée de manière semblable à la Korsu Suomi, avec une poignée pistolet et par un manchon adaptable sur le sabord. En cas d’évacuation, l’équipage peut la retirer du sabord et l’utiliser pour son autodéfense. Le concept se révèle toutefois assez décevant, l’arme faisant double-emploi avec la mitrailleuse DP-28 déjà montée sur ces chars. Par conséquent, la production se limite à quarante exemplaires et seulement vingt-quatre chars équipés[26].

Suhoni Suomi

La Suhoni Suomi est une variante expérimentale à silencieux intégré développée au début des années 1990 par BR-Tuote, une entreprise fabriquant des accessoires pour armes à feu. Le canon est remplacé par un silencieux intégral composé de perforations et de déflecteurs. Les premières réduisent la pression en sortie de bouche de sorte que la balle quitte le canon à vitesse subsonique, supprimant le bang supersonique de celle-ci, tandis que les seconds ralentissent et diffusent l’expansion des gaz, réduisant ainsi l’onde de choc en sortie de bouche[27].

Lance-flammes

De manière plus inhabituelle, le KP/-31 sert également de base à un lance-flammes artisanal produit en 1944 au sein du premier régiment d’infanterie. Produit à une quarantaine d’exemplaires, il conserve la carcasse du pistolet-mitrailleur avec à la place du canon un tuyau connecté à un réservoir porté sur le dos de l’opérateur. Après la Seconde Guerre mondiale, quelques exemplaires restent en service dans les gardes-frontières jusque dans les années 1970[27].

Variantes étrangères produites sous licence

Mitraillette Suomi-Hispano Mte 9 mm ord 43/44, chargeur droit de 50 coups.

Les gouvernements suédois, danois et suisse négocièrent des licences de fabrication, donnant naissance aux :

  • Husqvarna (en) Kp M/37 mm Browning Long, poignĂ©e pistolet et puis de chargeurs inclinĂ©s vers l'arrière, M37-39 mm Para, canon de 210 mm, M39F (identique au modèle finlandais) ;
  • Madsen-DISA MP/41 : calibre mm Bergmann-Bayard, fut modifiĂ© et oreilles de protection pour la hausse ;
  • Hispano-Suiza MP 43/44 : possède un tenon de baĂŻonnette et une hausse basculante protĂ©gĂ©e par deux oreilles triangulaires.

Annexes

Caractéristiques techniques

Tableau récapitulatif des caractéristiques techniques par modèle[28]
Modèle KP/-26 KP/-31
Longueur 927 mm[29] 860 mm[29]
Masse Ă  vide 4420 g[29] 4650 g[29]
Fonctionnement
Modes de tir
Longueur canon
Rainurage du canon Six rainures vers la droite[29]
Cartouche 7,65x22[29] 9x19 mm Parabellum[29]
Alimentation Magasin incurvé 36 cartouches[29] Magasin-tambour 40 ou 70 cartouches

Magasin droit 20 ou 50 cartouches[29] - [30]

Cadence de tir (environ) 750 coups/mn[29] 800 coups/mn[29]
Vitesse de sortie de bouche (environ) 380 m/s[29]

Bibliographie

  • Markku Palokangas, « Le pistolet mitrailleur finlandais SUOMI », Gazette des Armes, no 102,‎ .
  • Frederick Myatt, EncyclopĂ©die des armes lĂ©gères de 1873 Ă  nos jours.
  • Martin J. Dougherty, Armes Ă  feu : encyclopĂ©die visuelle, Elcy Ă©ditions, 304 p. (ISBN 9782753205215), p. 207.
  • (en) Leroy Thompson, The Suomi Submachine Gun, vol. 54, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Weapon », , 80 p. (ISBN 9781472819642).
  • (de) Reiner Lindschun et GĂĽnther Wollert, Infanteriewaffen : Illustrierte Enzyclopädie aud Infenteriewaffen aus aller Welt, vol. 1, Berlin, Brandenburgisches Verlaghaus, (ISBN 191650[Ă  vĂ©rifier : ISBN invalide]).

Articles connexes

Notes et références

  1. Une cartouche pouvant être chambrée lorsqu’on insère un nouveau magasin, la capacité maximale de l’arme est d’une cartouche de plus que celle du magasin.
  1. (en) « Suomi M/31 », sur le site modernfirearms.net (consulté le ).
  2. (fi) « SUOMI - KONEPISTOOLIN M/-31 TARINA », sur le site guns.connect.fi (consulté le ).
  3. mathys françois, « sig 1920 et 1930 » (consulté le )
  4. mathys françois, « KP44 » (consulté le )
  5. (en) Combat Guns : An Illustrated Encyclopedia of 20th Century Firearms, Osprey, (ISBN 9780600551782).
  6. (en) « Suomi Submachine Gun, KP/-31 », sur guns.connect.fi (consulté le ).
  7. Thompson 2017, p. 7-8.
  8. Thompson 2017, p. 9.
  9. Thompson 2017, p. 10-11.
  10. Thompson 2017, p. 11, 14.
  11. Thompson 2017, p. 14-15.
  12. Thompson 2017, p. 17.
  13. Thompson 2017, p. 30.
  14. Thompson 2017, p. 29.
  15. Thompson 2017, p. 34, 36.
  16. Thompson 2017, p. 38.
  17. Thompson 2017, p. 46, 48, 50.
  18. Thompson 2017, p. 54, 56.
  19. Thompson 2017, p. 25.
  20. Thompson 2017, p. 21, 23.
  21. Thompson 2017, p. 23.
  22. Thompson 2017, p. 24.
  23. Thompson 2017, p. 21.
  24. Thompson 2017, p. 41.
  25. Thompson 2017, p. 26.
  26. Thompson 2017, p. 27.
  27. Thompson 2017, p. 28.
  28. Jentz et Doyle 2004, p. 45.
  29. Lindschun et Wollert 1998, p. 234.
  30. Thompson 2017, p. 21-23.
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