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Stećak

Un stećak (au pluriel : stećci) est une tombe médiévale monumentale dans certains pays de l'ex-Yougoslavie : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro et Serbie. Le nombre des stećci est estimé à 60 000 en Bosnie-Herzégovine ; 10 000 autres tombes ont été découvertes dans les trois pays voisins[1] - [2]. Apparus au XIIe siècle, les stećci ont atteint leur apogée à la fin du XIVe siècle et au XVe siècle, avant de disparaître pendant l'occupation ottomane.

Cimetières de tombes médiévales stećci *
Image illustrative de l’article Stećak
Stećak devant le Musée national de Bosnie-Herzégovine.
Coordonnées 43° 05′ 31,97″ nord, 17° 55′ 26,59″ est
Pays Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Drapeau de la Croatie Croatie
Drapeau du Monténégro Monténégro
Drapeau de la Serbie Serbie
Type Culturel
Critères (iii) (vi)
Superficie 51.38
Numéro
d’identification
1504
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 2016 (40e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Le , les quatre pays ont proposé conjointement l'inscription des stećci sur la liste du patrimoine mondial de l'Humanité[1], une pareille proposition conjointe constituant une nouveauté[2]. Un ensemble de 28 nécropoles ont été protégées en 2016, sous le nom de cimetières de tombes médiévales stećci.

Caractéristiques

Le trait le plus remarquable des stećci concerne les motifs décoratifs dont ils sont recouverts et qui, pour la plupart, restent énigmatiques encore aujourd'hui. On y trouve des croix, des spirales, des arcades, des rosettes, des feuilles de vigne et des grappes de raisin, des soleils et des croissants de lune. Parmi les motifs figurés, on trouve aussi des daims, des personnages dansant la carole, des scènes de chasse… Des traces de pigments semblent indiquer que certains étaient polychromes, à la manière des tombes valaques de Sapântsa[3]. On a compté 384 stećci présentant[4] des inscriptions en caractères glagolitiques ou cyrilliques[5] : toujours à la manière de Sapântsa, ces inscriptions sont parfois sarcastiques ou poétiques : « Je gis depuis longtemps ici, donc je mentirai encore longtemps Â» ; « Je suis né dans une grande joie et mort dans un grand chagrin Â» ; « Je n'étais déjà pas grand-chose, maintenant je ne suis plus rien Â» ; « J'ai été ce que tu es, tu seras ce que je suis Â» ou encore « Que soit maudit celui qui bascule cette pierre Â»[6]… Le stećak le plus célèbre représente l'image d'un homme à la main droite levée, peut-être dans une prestation de serment.

Histoire

Les communautés médiévales valaques d'Herzégovine et de la Zeta, auteurs probables d'une partie des stećci.

L'origine des stećci se situe au croisement des traditions valaques[7] - [8] - [9] et bogomiles. Quelques-unes de ces tombes ont été déplacées depuis leur site d'origine, comme celles qui se trouvent dans le jardin du Musée national de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo.

Controverses

Les historiens débattent pour savoir si l'Église bosnienne est issue de la foi bogomile, inspirée par le paulicianisme anatolien, répandue depuis le XIe siècle dans les Balkans et considérée comme une « hérésie » par les Églises tant catholique qu'orthodoxe, et si les stećci sont ou non liés à cette Église[10]. Marian Wenzel, considérée comme une autorité en matière d'art et d'artéfacts de la Bosnie-Herzégovine médiévale[11], soutient, avec d'autres[12], l'idée que les stećci reflètent un phénomène culturel régional plutôt que l'appartenance à une confession religieuse particulière. Wenzel a soutenu l'origine valaque des monuments funéraires[13] et a combattu l'hypothèse bogomile[14].

Notes et références

  1. (en) « Balkans to nominate medieval tombstones to U.N. list », sur www.reuters.com, Site de Reuters (consulté le )
  2. (en) « Stecci to be Nominated as Joint Cultural Heritage by 4 Balkan Countries », sur www.balkantravellers.com, (consulté le )
  3. Ivan Mužić, Vlasi i starobalkanska pretkršćanska simbolika jelena na stećcima in « Starohrvatska prosvjeta Â», éd. du Musée croate des monuments archéologiques, vol. III, n° 36, Split 2009, pp. 315–349 :
  4. Redžo Trako, Stećci: Božanska igra brojki i slova (« Stećci: jeux sacrés de nombres et de lettres Â»), Socijalna ekologija, Zagreb, 2011, in Société croate de sociologie, Institut de Sociologie de la Faculté de Philosophie de l'université de Zagreb, n° 20 (1): pp. 71–84.
  5. Dubravko Lovrenović, Stećci : Bosansko i humsko mramorje srednjeg vijeka (« Stećci: marbres médiévaux de Bosnie et d'Homolje Â»), Ljevak, 2013, (ISBN 9789533035468), p. 62.
  6. Amila Buturovic, Carved in Stone, Etched in Memory : Death, Tombstones and Commemoration in Bosnian Islam since c.1500 sur , Routledge, 2016 (ISBN 9781317169567), p. 121 et Branka Purgarić-Kužić, DosadaÅ¡nja istraživanja o stećcima dans la revue « Radovi Â» de l'Institut croate d'Histoire, vol. 28, n° 1, Zagreb 1996, pages=242–253 : [url=http://hrcak.srce.hr/57458]
  7. Ante Milošević, (1991). Stećci i Vlasi: Stećci i vlaške migracije 14. i 15. stoljeća u Dalmaciji i jugozapadnoj Bosni [Stećci and Vlachs: Stećci and Vlach migrations in the 14th and 15th century in Dalmatia and Southwestern Bosnia] (in Croatian)
  8. Trako, Redžo (2011). "Stećci: Božanska igra brojki i slova" [Stećci: Divine game of numbers and letters]. Socijalna ekologija (in Croatian). Zagreb: Croatian Sociological Society, Institute of Sociology at Faculty of Philosophy, University of Zagreb. 20 (1): p.71–84.
  9. John V. A. Fine,John Van Antwerp Fine, The Late Medieval Balkans: A Critical Survey from the Late Twelfth Century, University of Michigan Press, 1994 p.19
  10. (en) Fine, John. The Bosnian Church : Its Place in State and Society from the Thirteenth to the Fifteenth Century: A New Interpretation, Londres, SAQI, The Bosnian Institute, 2007. (ISBN 0863565034)
  11. (en) Anthea Brook, « Marian WenzelAn authority on the culture of Bosnia, she championed its people in their hour of need », sur http://www.guardian.co.uk, Site de The Guardian, (consulté le )
  12. (en) John Van Antwerp Fine, « The Late Medieval Balkans », sur https://books.google.com, Google books (consulté le )
  13. Marian Wenzel, Bosnian and Herzegovinian Tombstobes-Who Made Them and Why?" Sudost-Forschungen 21(1962): 102-143
  14. Marian Wenzel, Bosnian History and Austro-Hungarian policy: some Medieval Belts, the Bogomil Romance and the King Tvrtko Graves, Peristil, 30/1987

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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