Accueil🇫🇷Chercher

Statut fiscal de la Corse

La Corse bénéficie de longue date d'un Statut fiscal dérogatoire motivé par son insularité. Ce régime remonte au Consulat. La dernière mesure législative qui régit le statut fiscal particulier de l'île de Beauté est la loi n° 94-1131 portant statut fiscal de la Corse du .

Pour compenser le manque à gagner pour les Collectivités corses, la loi de 1994 a instauré divers prélèvements sur les recettes de l'État au profit des dites collectivités.

La loi n° 96-1143 relative Ă  la zone franche de Corse du accorde aux entreprises qui crĂ©ent de nouvelles activitĂ©s avant le divers avantages fiscaux (cette mesure concerne l'ensemble de l'Ă®le). La Corse est une des rĂ©gions françaises les plus pauvres, avec en 2003 un PIB par habitant de 20 100 euros (25 600 pour la moyenne nationale). Selon le journal Capital[1], l'État participe Ă  hauteur de 60 % au revenu des mĂ©nages. Ce calcul tient compte des prestations sociales, privilèges, dotations au titre de la continuitĂ© de territoire ou prime d'insularitĂ©.

Liste des avantages fiscaux du territoire corse

Voici la liste exhaustive des avantages fiscaux du territoire corse :

  • En matière professionnelle :
    • Pour les entreprises sises en zones franches :
    • Pour toutes les entreprises :
      • Taxe professionnelle : abattement de 25 % de la valeur des bases communales. Par ailleurs, les taux dĂ©partementaux et rĂ©gionaux de la taxe professionnelle sont de 0 % pour toutes les entreprises, l'État prenant Ă  sa charge le manque Ă  gagner. De fait mĂŞme les entreprises soumises Ă  la taxe professionnelle ne paient ainsi qu'un taux communal et sur une base de 75 % par rapport au continent[2].
      • ExonĂ©ration du droit de licence pour les dĂ©bits alcoolisĂ©s et des taxes sur le transport des boissons alcoolisĂ©es.
      • ExonĂ©ration de l'impĂ´t sur les spectacles,
  • Pour les particuliers :
    • Le principal avantage pour les particuliers concernait les droits de succession qui, jusqu'en 2012, ne s'appliquaient pas aux biens situĂ©s en Corse. L'arrĂŞtĂ© Miot du prĂ©voyait que les biens immobiliers entrant dans un actif successoral Ă©taient Ă©valuĂ©s selon une mĂ©thode forfaitaire : centuple de la contribution foncière, puis, après la suppression de celle-ci en 1948, revenu cadastral multipliĂ© par 24 jusqu'Ă  ce qu'un arrĂŞt de la Cour de Cassation constate l'illĂ©galitĂ© de ce mode de calcul (aucune loi ne l'avait instituĂ©), ce qui entraĂ®nait une exonĂ©ration de fait des biens immobiliers ; il supprimait Ă©galement toute pĂ©nalitĂ© pour non-souscription des dĂ©clarations dans le cadre d'un système d'Ă©valuation d'office qui, par la suite, n'a jamais Ă©tĂ© mis en Ĺ“uvre par l'administration. On constatait ainsi de nombreux "oublis". Pour exemple, en 1997, l'administration fiscale comptabilisait 350 dĂ©clarations de successions pour 2 800 dĂ©cès. Ces donnĂ©es ont finalement conduit le gouvernement Ă  instaurer un rĂ©gime transitoire supprimant les droits de successions. Maintes fois repoussĂ©, la fin de cet avantage semblait prĂ©vue pour le . Mais fin 2008, les parlementaires ont votĂ© une nouvelle prolongation au moins jusqu'au , puis un rĂ©gime transitoire jusqu'en 2016[3]. Le , le Conseil constitutionnel invalide l'article 14 de la loi de finance pour 2013, qui prorogeait de nouveau ce dispositif[4]
    • Avantages pour la taxe foncière sur les propriĂ©tĂ©s non bâties: exonĂ©rations du taux communal dans certaines zones. Le but est de sauvegarder certains secteurs ruraux ou littoraux[5].
    • Avantages pour la TIPP. Cependant, les institutions ont laissĂ© s'installer une situation de monopole au dĂ©triment des prix et des consommateurs.
    • Avantages des taxes sur le tabac,
    • la TVA : En Corse, les taux de la TVA sont gĂ©nĂ©ralement les mĂŞmes qu'en France continentale. NĂ©anmoins certains produits voient leurs taux rĂ©duit par rapport Ă  ceux du continent :
      • L'essence et les produits pĂ©troliers ont un taux de TVA particulier de 13 %, bien que les prix Ă  la pompe soient parmi les plus chers de France,
      • Les travaux immobiliers, matĂ©riels agricoles, et l'Ă©lectricitĂ© basse tension bĂ©nĂ©ficient d'un taux de TVA rĂ©duite Ă  8 %
      • Les biens bĂ©nĂ©ficiant de la TVA Ă  5,5 % en France mĂ©tropolitaine bĂ©nĂ©ficient du taux de TVA super-rĂ©duite Ă  2,1 %
      • Certaines reprĂ©sentations théâtrales, de cirque, ou la vente d'animaux Ă  des non redevables bĂ©nĂ©ficient d'un taux Ă  0,9 %

Coût des avantages pour les finances publiques

  • Concernant toute l'Ă®le:
    En manque à gagner pour le budget de l'État, par rapport à une situation analogue sur le continent. En millions d'euros, pour 2004 :
    • Application des taux particuliers de TVA : 69, essentiellement du fait de la bulle immobilière
    • Avantages liĂ©s Ă  la base diminuĂ© et au taux de la taxe professionnelle : 49
    • Avantages liĂ©s aux droits de consommation sur les tabacs : 28
    • Avantages liĂ©s Ă  l'exonĂ©ration de la part communale pour la taxe foncière des propriĂ©tĂ©s non bâties : 2
    • Avantages de la TIPP : 1
    • Absence de droits de succession : 1
    • Autres avantages (exonĂ©ration du droit de licence pour les dĂ©bits alcoolisĂ©s et des taxes sur le transport des boissons alcoolisĂ©es, de l'impĂ´t sur les spectacles, de la taxe Ă  l'essieu) : coĂ»ts quasi nuls.
  • Concernant les zones franches :
    • AllĂ©gement des cotisations sociales patronales : 29
    • ExonĂ©ration de taxe professionnelle : 26
    • ExonĂ©ration d'une partie de l'impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s : 25

Finalement ces mesures parfois montrĂ©es du doigt n'ont qu'un coĂ»t relativement limitĂ© pour les finances publiques : 230 millions d'euros (0,1 % du budget de l'État français). En particulier l'absence de droits de succession, dont sont de fait dĂ©jĂ  exonĂ©rĂ©s 95 % des Français sur le continent a eu un coĂ»t quasi nul jusqu'Ă  son abrogation. Mais il est vrai que ces mesures ne concernent qu'une population de 250 000 personnes. Reste que ces chiffres sont les chiffres issus des donnĂ©es relatives aux exonĂ©rations spĂ©cifiques : ils n'englobent pas ceux de la fraude fiscale. Toutefois selon certains rapports, celle-ci a considĂ©rablement diminuĂ© au cours des vingt dernières annĂ©es. 98 % des impĂ´ts sur le revenu sont recouvrĂ©s normalement contre moins de 90 % auparavant. La fraude fiscale est donc exactement la mĂŞme que sur le reste de la France mĂ©tropolitaine, oĂą elle est estimĂ©e entre 2 et 2,5 % [6].

Dotation de continuité territoriale

Depuis 1976, la Corse bénéficie également du concept de continuité territoriale appliqué d'abord au transport maritime, étendu en 1979 au transport aérien. Le principal bénéficiaire des subventions versées à ce titre est la compagnie de navigation SNCM basée à Marseille. En 1982 est créé l’Office des transports de la Région de Corse (OTRC) en application de la loi du portant statut particulier de la région de Corse. Cet office, qui est un établissement public national est chargé de la gestion des contrats de services publics avec les transporteurs en lieu et place des services de l'État. Il sera substitué en 1991 par l'Office des transports de la Corse (OTC) qui est un établissement public régional rattaché à la Collectivité territoriale de Corse. La dotation de continuité territoriale est de 174 millions d'euros en 2005. Cette subvention constitue la dotation budgétaire de l'OTC. À noter que cette continuité territoriale a détaxé les importations mais pas les exportations ce qui a été très néfaste pour l'économie Corse.

Impact pour la collectivité

En tenant compte de la "dotation de continuité territoriale" et d'autres avantages, l'État verse chaque année à l'île au titre d'aides spécifiques (dont ne bénéficient pas les autres régions) un total de 480 millions d'euros, dont 230 au titre du statut fiscal spécifique.

Par ailleurs, la Corse a bénéficié de subventions au titre des fonds structurels européens relevant de l'objectif 1 (qui concerne les régions dont le PIB est inférieur à 75 % de la moyenne européenne), jusqu'à l'élargissement de l'Union Européenne qui a fait passer son PIB au-dessus de la barre des 75 %. Cependant, une part non négligeable de ces subventions n'a pas été consommée faute de pilotage adéquat de la part des institutions.

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.