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Sportule

La sportule (latin sportula, « petit panier Â») est, dans la Rome antique, un don que le patron[Note 1], c'est-Ă -dire le protecteur, distribue chaque jour Ă  ses clients[Note 2], en Ă©change du temps que ceux-ci passent Ă  son service, Ă  l'escorter dans les lieux publics[Note 3], et particulièrement au forum, Ă  voter et Ă  faire voter pour lui dans les Ă©lections ou pour les lois qu'il propose en tant que magistrat[1]. Ă€ l'origine, la sportule est un don en nature (aliments, qui Ă©taient remis dans le petit panier qui lui a donnĂ© son nom) ; progressivement, elle devient un don en numĂ©raire.

Les clients viennent saluer leur patron le matin (rite de la salutatio, qui est une forme d'allégeance) ; c'est à ce moment qu'ils reçoivent ses instructions et qu'on leur remet la sportule.

Quadrans de cuivre de l'Ă©poque de Claude.

Le poète Martial donne quelques indications sur le montant de la sportule Ă  son Ă©poque (fin du Ier siècle), oĂą l'usage est de donner une somme d'argent. Il semblerait que le montant de cent quadrantes – pièces de plomb ou de cuivre de faible valeur[2] – corresponde Ă  une pratique courante[3] : cela Ă©quivaut Ă  un peu plus de six sesterces et Martial se plaint Ă  plusieurs reprises de cette « allocation de famine[4] Â». Le montant de trente sesterces mentionnĂ© en X, 27 est exceptionnel. Pour s'en tirer, les clients ont souvent plusieurs patrons.

À la fin du Ier siècle, Domitien a essayé de rétablir la sportule en nature[5], mais cette mesure déplut aux clients et elle fut rapportée. À l’époque de Trajan et à Rome, une sorte de tarif sportulaire se généralise : le patron octroie six sesterces par tête et par jour, permettant ainsi à nombre de professeurs sans élèves, d’avocats sans causes, et d’artistes sans commandes de recevoir une modeste allocation pour survivre[6], comme le montre Juvénal[7].

Notes et références

Notes

  1. À Rome, le patron est un riche citoyen qui protège des personnes pauvres ou modestes, attachées à lui ou à sa famille, souvent des affranchis ou des descendants d'affranchis ou encore des ruraux venus des villages où le patron a des domaines.
  2. On parle aussi de « sportulaires Â».
  3. Avoir beaucoup de clients Ă©tait signe de puissance et apportait du prestige. La petite foule qui entoure le patron ou qui fait la queue devant sa demeure le matin est le signe visible de son rang et de sa puissance.

Références

  1. Pierre Grimal, La Civilisation romaine, Arthaud, coll. « Les grandes civilisations », , p. 43.
  2. Le quadrans est sous le Haut Empire la plus faible des monnaies romaines : il correspond Ă  1/16e de sesterce.
  3. Martial, VI, 88, 4 : centum quadrantes.
  4. I, 59, 2 : ista fames, cf. III, 7, 1.
  5. Suétone, Vies des douze Césars, « Domitien », 7.
  6. Jérôme Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’empire, Hachette, (1re éd. 1939), p. 204.
  7. Juvénal, I, 105 sq.

Voir aussi

Bibliographie

  • Xavier Darcos, Dictionnaire amoureux de la Rome antique, s. v. « Sportule Â», Edi8, 2011 (en ligne).

Article connexe

Lien externe

  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopĂ©die gĂ©nĂ©raliste :
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