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Spazio vitale

Le spazio vitale (« espace vital » en italien, prononcĂ© [ˈspattsjo viˈtaːle]) Ă©tait le concept d'expansion territoriale du fascisme italien. Il Ă©tait dĂ©fini en termes universels comme « la partie du globe sur laquelle reposent les exigences vitales ou l'Ă©lan expansionniste d'un État dotĂ© d'une organisation unitaire forte qui cherche Ă  satisfaire ses besoins en s'Ă©tendant au-delĂ  de ses frontiĂšres nationales »[1].:47 Il Ă©tait analogue au concept du Lebensraum du parti nazi allemand[1].:46

L’empire italien, suivant la politique du spazio vitale. En rouge clair, les territoires projetĂ©s de l'Italie impĂ©riale.

L'Ă©tendue territoriale de l’espace vital italien devait couvrir la MĂ©diterranĂ©e dans son ensemble (Mare Nostrum) et l'Afrique du Nord, de l'ocĂ©an Atlantique Ă  l'ocĂ©an Indien[1],:47 et devait ĂȘtre divisĂ©e en le piccolo spazio (« petit espace »), qui ne devait ĂȘtre habitĂ© que par des Italiens, et le grande spazio (« grand espace ») peuplĂ© par d'autres nations sous la sphĂšre d'influence italienne[1].:48 Les nations du grande spazio seraient soumises Ă  la domination et la protection italienne, mais devaient garder leurs propres langues et cultures[1].:46 L'idĂ©ologue fasciste Giuseppe Bottai comparait cette mission historique aux actes des anciens Romains, affirmant que les nouveaux Italiens « illumineront le monde de leur art, l'Ă©duqueront avec leurs connaissances, et structuront solidement leurs nouveaux territoires avec leur technique et capacitĂ© administratives »[1].:46

Caractéristiques idéologiques

Pour l'idéologue fasciste Giuseppe Bottai, le spazio vitale (espace vital) justifiait le colonialisme italien en Europe et en Afrique.

Dans la philosophie politique du fascisme italien, le concept de spazio vitale (espace vital), qui justifiait l'expansion coloniale de l'Italie, correspondait au concept de Lebensraum des nationaux-socialistes en Allemagne[1].:46 Cependant, l'impérialisme colonial inhérent au spazio vitale proposé par Benito Mussolini n'exigeait pas le génocide des nations assujetties, mais présentait la race italienne comme un « gardien et un porteur de la civilisation supérieure ». En tant que tel, l'objectif idéologique de spazio vitale comprenait l'exportation du fascisme révolutionnaire pour remplacer les systÚmes politiques indigÚnes afin de « civiliser » les peuples conquis dans des colonies de l'Italie fasciste.

L’idĂ©ologue fasciste Giuseppe Bottai dĂ©clara que la mission historique de spazio vitale ressemblait Ă  celle de la Rome antique (753 av. J.-C. - 476 ap. J.-C.) et que la Nouvelle Rome, ie : l’Empire italien, « illuminerait le monde de son art, l’éduquerait de ses connaissances et structurait solidement ses nouveaux territoires avec ses techniques et capacitĂ©s administratives ». Une fois sous la domination et la loi romaines, les peuples assujettis seraient autorisĂ©s Ă  conserver leurs langues et leurs cultures natales au sein de l'empire italien[1].

Le régime fasciste déclara que la réalisation du spazio vitale italien serait divisée en trois étapes: à court terme, à moyen terme et à long terme[1].:47 Son planning de réalisation fut accéléré en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale[1].:47

En Europe

En Europe, l’espace vital de l'Italie devait inclure l'Europe du Sud-Est. Les projets Ă  court terme de l'Italie prĂ©voyaient l'expansion de son grand spazio dans le sud-est de l'Europe, ce qui incluait plusieurs nations. En 1941, l'Italie dĂ©finissait ses plans. La Croatie et la Bosnie-HerzĂ©govine Ă©taient prĂ©cieuses pour l'Italie en raison de leurs rĂ©serves de bois, de leurs troupeaux de bovins et de leurs riches gisements de charbon, de lignite, de fer, de cuivre, de chrome, de manganĂšse, de pyrites, d'antimoine et de mercure. La Serbie, si elle Ă©tait territorialement « rĂ©duite Ă  ses proportions effectives », ferait partie du spazio vitale en raison de ses richesses minĂ©rales, et en particulier de ses gisements de cuivre de Bor. La Bulgarie devait ĂȘtre intĂ©grĂ©e au spazio vitale en MĂ©diterranĂ©e une fois qu'elle aurait acquis son dĂ©bouchĂ© « lĂ©gitime » sur la mer ÉgĂ©e et constituerait un partenaire commercial majeur avec l'Italie en raison de sa production de colza et de soja, et de vin et de ses gisements de chrome. La Hongrie devait ĂȘtre incluse en raison de ses ports fluviaux, de son tourisme, de la production Ă  grande Ă©chelle de machines agricoles, de matĂ©riel Ă©lectrique, de produits pharmaceutiques et de bois d’Ɠuvre. La GrĂšce devait ĂȘtre incluse, l'Italie l’aiderait Ă  dĂ©velopper l’exploitation de ses ressources naturelles et dĂ©velopperait une industrie sidĂ©rurgique ce qui n'avait pas encore Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. La GrĂšce bĂ©nĂ©ficierait du commerce avec l'Italie et l'Italie aurait de son cĂŽtĂ© accĂšs Ă  ces ressources[1].:229–230 La Roumanie Ă©tait une cible des ambitions de l'Italie. Elle figuraient dans les plans promus par Mussolini et le chef de l'Ă©tat-major italien, Alberto Pariani[2]. En 1939, Pariani dĂ©clara qu'une intervention militaire en Roumanie bĂ©nĂ©ficiant du soutien de l'Italie aurait pour rĂ©sultat que la Roumanie cĂ©derait la Transylvanie Ă  la Hongrie et le sud de la Dobrudja Ă  la Bulgarie[2]. Pariani, en discussion avec des responsables hongrois, rĂ©pĂ©ta les arguments de Mussolini selon lesquels l'armĂ©e italienne pourrait intervenir militairement contre la Yougoslavie et traverser son territoire pour s'emparer des champs pĂ©trolifĂšres de la Roumanie et empĂȘcher une avance soviĂ©tique dans les Balkans[2].

En Afrique

En Afrique, le spazio vitale devait englober de vastes territoires du nord et de l'est de l'Afrique. Le régime fasciste utilisa le précédent du contrÎle historique du territoire par les Romains et considérait l'Italie moderne comme l'héritier de l'Empire romain pour revendiquer des terres en Afrique du Nord[3]. Le littoral nord-africain était considéré comme stratégique pour l'ambition des fascistes du Mare Nostrum pour permettre à l'Italie de dominer et de contrÎler la mer Méditerranée[3].

Le rĂ©gime fasciste souligna l’importance stratĂ©gique des liens politiques et Ă©conomiques entre l’Europe et l’Afrique et qualifia parfois les deux continents d’« Eurafrique »[3]. Dans le cadre de cette position, le rĂ©gime produisit des cartes montrant des lignes de chemin de fer et des rĂ©seaux hydroĂ©lectriques hypothĂ©tiques s'Ă©tendant de l'Afrique Ă  l'Italie via la colonie italienne de Libye, dans le but de renforcer l'intĂ©gration des possessions africaines italienne avec l'Italie[3].

Art

Le sentiment intense du spazio vitale fut repris par des mouvements artistiques tels que le futurisme dirigĂ© par le poĂšte italien Filippo Tommaso Marinetti. Il mettait l'accent sur la vitesse, la technologie, la jeunesse et la violence, ainsi que sur des objets tels que la voiture, l'avion et la ville industrielle. Il glorifiait la modernitĂ© et visait Ă  libĂ©rer l'Italie du poids de son passĂ©. C’était en grande partie un mouvement nationaliste et avait des visions romantiques de guerre et d’expansion grĂące Ă  l’apparition de nouvelles technologies.

Références

  1. (en) Davide Rodogno (trad. de l'italien), Fascism's European empire : Italian occupation during the Second World War, Cambridge, UK, Cambridge University Press, , 504 p. (ISBN 978-0-521-84515-1, lire en ligne)
  2. Neville Wylie. European Neutrals and Non-Belligerents During the Second World War. Cambridge University Press, 2002. P134-135.
  3. Arthur Jay Klinghoffer, The Power of Projections : How Maps Reflect Global Politics and History, Westport, CT, USA, Praeger Publishers, , 192 p. (ISBN 978-0-275-99135-7, lire en ligne), p. 93

Voir aussi

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