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Sonate pour clarinette, flûte et piano

La Sonate pour clarinette, flûte et piano, op. 11, est une œuvre de Maurice Emmanuel. Composée en 1907, cette sonate en trio n'est créée que le , en audition privée chez le couple Robert d'Harcourt, à Paris, par Louis Cahuzac, René Le Roy et Janine Weil. L'œuvre doit encore attendre 1929 pour être publiée aux éditions Henry Lemoine. Elle est considérée aujourd'hui comme l'une des partitions qui font le mieux connaître l'œuvre de ce compositeur.

Sonate pour clarinette,
flûte et piano
op. 11
Genre Musique de chambre
Nb. de mouvements 3
Musique Maurice Emmanuel
Durée approximative env. 12 minutes
Dates de composition Septembre 1907
DĂ©dicataire Robert d'Harcourt et son Ă©pouse
Création
Paris Drapeau de la France France
Interprètes Louis Cahuzac, René Le Roy, Janine Weil

Composition

Contexte

À quarante-cinq ans, Maurice Emmanuel traverse une période particulièrement troublée dans sa carrière, que son biographe Christophe Corbier présente comme « la spirale de l'échec[1] » : en 1907, « le Conservatoire, le Collège de France, la Sorbonne, l'Église l'ont tour à tour exclu ou rejeté. Alors que ses fonctions d'organiste à Sainte-Clotilde auraient pu lui servir de tremplin pour se faire connaître, sa carrière de musicien est toujours au point mort, ses partitions restent inédites[2] ».

Parmi tous ces revers, l'amitié et les encouragements d'un autre compositeur et organiste comme Charles Tournemire lui permettent de composer à nouveau, librement[3].

Dans un texte autobiographique, Mes avatars, le compositeur précise ses intentions à propos de sa Sonate pour clarinette, flûte et piano : « À partir de ce moment-là, sans dogmatiser, sans voir dans les modes du folklore, du Moyen-Âge, de l'Antiquité et des Hindous (qui les pratiquent tous) les seuls éléments utilisables, et en considérant la magnifique (bien que volontairement étroite) langue classique des professionnels et aussi le chromatisme de Debussy comme des moyens équivalents, j'ai tenté la fusion de tous ces langages[4] ».

Création

La Sonate pour clarinette, flûte et piano n'est créée que le , en audition privée chez le couple Robert d'Harcourt, à qui l'œuvre est dédiée[5]. Les interprètes en étaient le clarinettiste Louis Cahuzac et le flûtiste René Le Roy, avec Janine Weil au piano[5]. L'œuvre doit encore attendre 1929 pour être publiée aux éditions Henry Lemoine[2].

Analyse

Instrumentation

Dans cette partition, Maurice Emmanuel n'emploie que la clarinette en sibémol, pour son agilité et sa souplesse à jouer les batteries du mouvement lent. Le compositeur lui confie le premier thème, « plein d'allant et d'une gaîté un peu naïve, rappelant la veine populaire[6] », qui sera repris dans le dernier mouvement[2] :

Premier thème de la Sonate pour clarinette, flute & piano.

Structure

L'œuvre est en trois mouvements, « concis, brefs, denses, dans la traditionnelle alternance vif-lent-vif, rappelant la musique du XVIIIe siècle[6] » :

  1. Allegro con spirito (noire = 108) Ă 
    dans le mode de Fa (lydien) sur si bémol[7],
  2. Adagio, ben cantando (noire = 60) Ă 
    , en mode de Ré (dorien), « page dépouillée, bouleversante[6] », s'ouvrant sur « quatre mesures hésitantes, douloureuses, ultra-chromatiques[8] »,
  3. Molto allegro e leggierissimo (noire pointée = 92) à
    dans le mode du premier mouvement, « comme si l'on assistait à la progressive renaissance de la vie[8] ».

Postérité

En 1960, Paul Pittion oublie de mentionner cette Sonate parmi les œuvres de Maurice Emmanuel, « toutes d'une substance modale riche et originale[9] ». Autre témoignage de cette méconnaissance persistante, en 1977, Antoine Goléa ne mentionne le compositeur que dans l'entourage de Debussy et ne cite aucune de ses œuvres[10]…

En 1987, Harry Halbreich loue en revanche l'alliance de « la concision, la liberté et la fraîcheur modale […] avec toute la souveraine maîtrise de la maturité[11] », et salue dans le premier mouvement « le thème principal à l'allure de chanson populaire [qui] ne quitte plus notre mémoire », dans le deuxième mouvement « la brève mais intense méditation », et dans le troisième mouvement « la verve narquoise, au parfum agreste », pour conclure qu'« en moins de douze minutes, tout a été dit »[12].

En 2010, le musicologue présente la Sonate pour clarinette, flûte et piano comme la partition « dans laquelle on s'accorde généralement à voir le chef-d'œuvre de la musique de chambre d'Emmanuel, dont c'est d'ailleurs la page la moins inconnue et la plus jouée. Après des années de doute, le compositeur y retrouve sa vraie nature, avec la maîtrise accrue de la pleine maturité[13] ».

Discographie

  • Maurice Emmanuel : Les six Sonatines pour piano, Sonate pour clarinette, flĂ»te et piano — interprĂ©tĂ©es par Marie-Catherine Girod (piano), Alain Marion (flĂ»te) et Richard Vieille (clarinette) — Cybelia 476 165 8 (1986, rĂ©Ă©ditĂ© par Accord en 2004).
  • French Connection — interprĂ©tĂ©e par Emmanuel Pahud (flĂ»te), Éric Le Sage (piano) et Paul Meyer (clarinette) — Emi Classics 7243557948, 2005.
  • Maurice Emmanuel : musique de chambre — interprĂ©tĂ©e par Laurent Wagschal (piano), Olivier Sauvage (flĂ»te) et Philippe Moinet (clarinette) — Timpani 1C1167, 2010.
  • Charles Koechlin, Maurice Emmanuel : Music for flute, clarinet & piano — interprĂ©tĂ©e par Markus Brönnimann (flĂ»te), Jean-Philippe Vivier (clarinette) et Michael Kleiser (piano) — Brilliant Classics 9422, 2013.

Bibliographie

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Ouvrages de Maurice Emmanuel

Ouvrages généraux

Monographies

  • Christophe Corbier, Maurice Emmanuel, Paris, Bleu nuit Ă©diteur, , 176 p. (ISBN 978-2-913575-79-0 et 2-913575-79-X). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Sylvie Douche (dir.), Maurice Emmanuel, compositeur français, UniversitĂ© de Paris-Sorbonne (Paris IV), Prague, Bärenreiter, , 288 p. (ISBN 978-80-86385-34-1 et 80-86385-34-5, OCLC 312635540).

Notes discographiques

  • (fr + en) Marc Vignal, « Poète savant », p. 2-4, Paris, Accord 476 165 8, 2004.
  • (fr + en) Harry Halbreich, « Poète savant », p. 4-7, Paris, Timpani 1C1167, 2010.

Références

  1. Corbier 2007, p. 71.
  2. Corbier 2007, p. 91.
  3. Corbier 2007, p. 92.
  4. Emmanuel 1984, p. 37.
  5. Douche 2007, p. 248.
  6. Corbier 2007, p. 89.
  7. Vignal 2004, p. 4.
  8. Corbier 2007, p. 90.
  9. Pittion 1960, p. 411.
  10. Goléa 1977, p. 478.
  11. Halbreich 1987, p. 308-309.
  12. Halbreich 1987, p. 309.
  13. Halbreich 2010, p. 5-6.

Liens externes

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