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Soma (mythologie)

Soma est un mot sanskrit (सोम) qui dĂ©signe dans le vĂ©disme une plante et un breuvage rituel. Ce mot est construit sur la racine SU- qui signifie « presser, pressurer, Ă©craser pour extraire un suc Â», et le suffixe -ma par lequel se construisent des noms d'action[1]. Ă€ son origine le soma a Ă©tĂ© placĂ© « sur la montagne Â» par Varuna, ordonnanceur de la Terre, et consommĂ© par Indra, pour faire de lui le roi des dieux (dans le panthĂ©on hindou[2]) et lui permettre de vaincre Vritra, un dragon retenant les Eaux, empĂŞchant ainsi de poursuivre la crĂ©ation du monde[3]. Il Ă©tait censĂ© donner l'immortalitĂ© aux dieux du panthĂ©on hindou. Cette boisson est passĂ©e dans la culture humaine Ă  travers ses prĂŞtres. Ainsi, le soma est devenu le « pressurage Â» par lequel, dans le rituel vĂ©dique, les brahmanes officiants extrayaient le suc des racines d'une plante spĂ©cifique. Dans ce pressurage, dans ce soma, se manifestent les puissances qui agissent afin que la lignĂ©e des vivants connaisse l'immortalitĂ© (amrta)[4]. Soma est devenu l'amrita boisson proche de l'ambroisie de la mythologie grecque et qui se retrouve mĂŞme dans le sikhisme[5].

Le mot soma peut ainsi désigner une plante, ses racines, le suc rituellement extrait de ces racines, la libation offerte et aussi la lune.

Le soma dans les VĂ©das

Cent-vingt bénédictions (sûktas) de la Rigveda-samhita mentionnent le Soma[6]. La puissance Soma n'est pourtant directement invoquée que dans les sûktas prononcées au cours des rites de purification du suc sacré en lequel se manifeste cette puissance vitalisante très importante dans le paradigme védique. Les relations entre cette boisson et les dieux Indra, et Agni sont remarquables[7].

Toutes les puissances vitales du monde descendent des hauteurs du ciel, portées par un oiseau qui les déposent, au sommet de hautes montagnes, dans une plante aux vertus tonifiantes[8]. Ainsi, à son origine, le soma vient du'une plante céleste. Aigle ou faucon pour son transport, qu'importe, car ce qui peut paraître mythologique au premier regard n'est que l'expression imagée de la valeur de la Vie, supérieure (car elle se pose au sommet de hauts monts), voire suprême (car descendue des hauteurs du ciel). Le lieu du sacrifice védique est en tout cas le véhicule (vahana) des puissances vitalisantes, et non quelque aigle ou faucon mythologique[9].

Le dieu Soma et la Lune

La personnification du breuvage est le dieu Soma. Il est l'ami et le protecteur des autres dieux. Il excite le courage, incite Ă  l'ivresse. Il est souvent appelĂ© le Roi Soma. Il n'a toutefois quasiment pas de mythes qui lui soient propres. Dès les textes post-rig-vĂ©diques, il est identifiĂ© Ă  la lune[10], notamment dans le rĂ©cit « la punition du roi Soma Â» qui illustre les diffĂ©rentes phases de la lune. Mesurant les principaux cycles temporels, il reprĂ©sente le modèle cosmique de la vĂ©ritĂ© (Ĺ—tám)[11].

Soma, dans l'hindouisme moderne est le dieu de la lune. C'est une divinité vitale car elle donne vie aux végétaux et provoque la croissance des plantes[2].

La plante

Le brahmanisme est le lent passage du védisme à l'hindouisme, au cours duquel la plante originelle fut remplacée par des herbes, des plantes grimpantes ou même des fleurs. Férus de botanique, quelques érudits européens se sont efforcés d'identifier cette plante originelle aux vertus hallucinogènes, l'hypothèse la plus récente indique le champignon tue-mouches ou fausse oronge, Amanita muscaria[12] - [13]. Mais dans les 120 hymnes au soma il n'est jamais question d'additifs ni de champignon. Une autre hypothèse serait une variété d'Ephedra (John Brough Université de Cambridge, 1971).

Cependant, une tapisserie trouvée en Mongolie en 2009 par Natalia Polosmak (en) [14] de l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie SB RAS, datant de la Civilisation de l'Indus et tissée dans les cités de l'Indus, apporte un éclairage nouveau. Elle représente deux prêtres Zoroastriens vénérant un champignon qui semble être un psilocybe. Les chercheurs russes en ont déduit que ce champignon hallucinogène était utilisé dans la préparation du Soma qui était bu dans les deux civilisations, védique et iranienne. Ils en ont déduit que la religion de la civilisation de l'Indus était celle du Rig Veda. Ceci expliquerait l'absence de temple et de palais qui n'existaient pas dans la religion védique.

La plante, son foulage rituel, et son suc rituellement pressé (sens littéral du mot soma) et filtré, la libation de ce suc aux devas et sa boisson par tous les brahmanes officiants réunis, sont les formes diverses et complémentaires qui manifestent au cœur du monde védique une puissance vitalisante qui brille par son évocation.

Parallèle

Il existe dans la langue de l'Avesta c'est-à-dire de la Perse antique un mot apparenté étymologiquement au sanscrit soma : c'est haoma (en pehlevi hōm). Il désigne aussi le « pressurage », d'une plante un être divin (yazata).

Littérature

L'utilisation d'une boisson appelée Soma et destinée à apporter le bonheur existe dans :

Voir aussi

La Familia Soma dans DanMachi

Articles connexes

Bibliographie

  • Gerhard J. Bellinger, Knaurs Grosser Religions FĂĽhrer, 1986, traduction française prĂ©facĂ©e par Pierre Chaunu sous le titre EncyclopĂ©die des religions, 804 pages, Librairie GĂ©nĂ©rale Française, Paris 2000, Le Livre de Poche, (ISBN 2-253-13111-3)
  • Kreith Crim, General Editor, The Perennial Dictionary of World Religions, originally published as Abingdon Dictionary of Living Religions, 830 pages, Harpers and Row, Publishers, San Francisco, 1981 (ISBN 978-0-06-061613-7)
  • Jan Gonda, Die Religionen Indiens, Band 1 : Veda und älterer Hinduismus, 1960, traduction italienne de Carlo Danna sous le titre Le religioni dell'India : Veda e antico induismo, 514 pages, Jaca Book, Milano, 1980
  • Jan Gonda, VĂ©disme et hindouisme ancien. Traduit de l'allemand par L. Jospin, 432 pages, Payot, Paris, 1962
  • Alexandre Langlois, Rig-VĂ©da ou Livre des hymnes, 646 pages, Maisonneuve et Cie, 1872 ; rĂ©Ă©ditĂ© par la Librairie d'AmĂ©rique et d'Orient Jean Maisonneuve, Paris, 1984 (ISBN 2-7200-1029-4)
  • Alain DaniĂ©lou, Mythes et dieux de l'Inde. Le polythĂ©isme hindou, 643 pages, Ă©ditions du Rocher, , collection : Inde Mysteres, (ISBN 978-2268016894)

Notes et références

  1. Jean Varenne, Grammaire du sanskrit, page 39, paragraphe (g).
  2. Encyclopedia of Hinduism par C.A. Jones et J.D. Ryan publié par Checkmark Books, pages 419 et 420, (ISBN 0816073368)
  3. Yves Lambert, La naissance des religions. De la préhistoire aux religions universalistes, Paris, Pluriel, , 509 p. (ISBN 978-2-8185-0181-8)
  4. Jan Gonda, Veda e antico induismo, pages 104 Ă  109 Soma, pages 205 Ă  221 i riti di soma.
  5. A Popular dictionnary of Sikhism de W. Owen Cole et Piara Singh Sambhi, Ă©dition Curzon, page 110, (ISBN 0700710485)
  6. A. A. MacDonell & A. B. Keith, Vedic Index of Names and Subjects, volume II, pages 474 Ă  479, 1912.
  7. Jan Gonda, op.cit., page 104.
  8. Jan Gonda, op. cit., page 107.
  9. Jan Gonda op. cit., pages 193 Ă  200, osservazioni generali sul rituale « srauta Â».
  10. Jan Gonda, VĂ©disme et hindouisme ancien (traduit de l'allemand par L. Jospin), 432 pages, Payot, Paris, 1962, p. 84-85
  11. Jean Haudry, « Le mariage du dieu Lune Â», Baltistica XXXVI, 2001, p. 25-36
  12. David M. Knipe, Université du Wisconsin, The Perennial Dictionary of World Religions (Abingdon), article Soma, pages 698-699.
  13. (en) Kevin Feeney, « (PDF) Fly Agaric: A Compendium of History, Pharmacology, Mythology, & Exploration », sur ResearchGate, (consulté le )
  14. Natalia Polosmak, « Nouvelles découvertes de tentures polychromes brodées du début de notre ère dans les tumuli n° 20 et n° 31 de Noin-Ula (République de Mongolie) », Arts Asiatiques, vol. 70, no 1,‎ , p. 3–32 (DOI 10.3406/arasi.2015.1881, lire en ligne, consulté le )
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