AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Solatium doloris

En droit civil quĂ©bĂ©cois, le solatium doloris (soulagement des douleurs) est un chef de dommages-intĂ©rĂȘts pour compenser la tristesse ressentie par une victime immĂ©diate ou une victime par ricochet, notamment Ă  la suite de la perte d'un ĂȘtre cher dans un accident.

Le solatium doloris est reconnu depuis 1996, Ă  la suite de l'arrĂȘt Augustus c. Gossett de la Cour suprĂȘme du Canada. En fait, le solatium doloris Ă©tait reconnu au milieu du XIXe siĂšcle, mais la Cour suprĂȘme a bloquĂ© sa reconnaissance entre 1891 et 1996 en raison d'une erreur d'interprĂ©tation dans l'arrĂȘt The Canadian Pacific Railway Co. c. Robinson, oĂč la Cour suprĂȘme a utilisĂ© les critĂšres de common law pour interprĂ©ter le droit civil. L'arrĂȘt Gosset constitue un revirement de juriprudence par rapport Ă  l'arrĂȘt de la Cour suprĂȘme de 1891.

Le solatium doloris fait gĂ©nĂ©ralement partie des pertes non pĂ©cuniaires dĂ©coulant d'un prĂ©judice corporel. Il est donc assujetti au plafond de compensation de 400 000 $ de l'arrĂȘt Andrews de 1978. ThĂ©oriquement, si un justiciable ressent de la tristesse Ă  la suite de la mort accidentelle de son animal de compagnie, le solatium doloris pourrait entrer dans la catĂ©gorie des pertes non pĂ©cuniaires dĂ©coulant d'un prĂ©judice matĂ©riel, et alors il n'y a pas de plafond de compensation.

La victime immĂ©diate peut aussi rĂ©clamer pour tristesse si elle survit Ă  l'Ă©vĂ©nement. Par exemple, dans l'arrĂȘt Cinar, Claude Robinson rĂ©clamait des dommages-intĂ©rĂȘts pour des pertes non pĂ©cuniaires dĂ©coulant d'un prĂ©judice matĂ©riel en raison d'une violation de son droit d'auteur par la sociĂ©tĂ© Cinar, ce qui lui avait causĂ© beaucoup de chagrin.

Ce chef de dommages-intĂ©rĂȘts est reconnu dans d'autres États, notamment l'Écosse et l'Afrique du Sud. En France, on parle plutĂŽt de pretium doloris, mais la diffĂ©rence est qu'en droit français, ce chef de dommages-intĂ©rĂȘts vaut pour la victime immĂ©diate seulement.

Il est important de ne pas confondre le solatium doloris avec le pretium mortis. Le pretium mortis est un chef de dommages-intĂ©rĂȘts accordĂ© pour l'abrĂšgement de la vie de la victime immĂ©diate, tandis que le solatium doloris est accordĂ© pour la tristesse de la victime ou de la victime par ricochet. À l'heure actuelle, le pretium mortis n'est pas reconnu en droit quĂ©bĂ©cois, car la Cour suprĂȘme considĂšre depuis l'arrĂȘt Driver c. Coca-Cola de 1961 que la victime immĂ©diate n'est pas en mesure de transfĂ©rer son prĂ©judice d'ĂȘtre morte Ă  la victime par ricochet.

Bibliographie

Jean-Louis Baudouin, Patrice Deslauriers et BenoĂźt Moore, La responsabilitĂ© civile, t. 1 : Principes gĂ©nĂ©raux, Éditions Yvon Blais, 2014.

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.