Sociostyle
Concept
Les sociostyles (ou socio-styles de vie) sont des dĂ©coupages catĂ©goriels et une technique de segmentation typologique des mentalitĂ©s et styles de vies d'une population. Un sociostyle regroupe des individus ayant des mĂȘmes comportements, conditions de vie et opinions similaires, Ă partir d'une vaste enquĂȘte multi.
Ce concept et son outil mĂ©thodologique ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s et popularisĂ©s par le Centre de Communication AvancĂ© (CCA, service d'Ă©tudes du groupe Havas), dans un baromĂštre d'enquĂȘtes pĂ©riodiques en France de 1972 Ă 2010 ; la mĂ©thode a Ă©tĂ© appliquĂ©e aussi ponctuellement aux USA, au QuĂ©bec, dans 12 pays EuropĂ©ens, et plusieurs fois dans les dĂ©partements d'outre-mer français.
Publications
Cette mĂ©thodologie originale dite âSocio-Styles Systemâ a Ă©tĂ© publiĂ©e en 1990 par Bernard Cathelat (Ă©ditions d'organisation, Paris; Ă©dition anglaise chez Kogan Page, Londres 1193; Ă©dition amĂ©ricaine chez Probus Publisihing, Chicago 1994).
Les rĂ©sultats des enquĂȘtes ont fait l'objet de plusieurs publications de tendances sociales et typologie de sociostyles :
- ''Styles de vie'' : Bernard Cathelat, Editions d'Organisation, Paris, 1985, en 2 volumes : tome 1 cartes et portraits, tome 2 : courants et scénarios.
- ''Panorama des styles de vie 1960/90'' , Monique Cathelat et Bernard Cathelat), Editions d'Organisation, Paris, 1991.
- ''Vous et les Français'' , Bernard Cathelat et Gérard Mermet, ed. Flammarion, Paris, 1993
- « Ce que veulent les Français 2012>2017 « (Cercle Sesame : Bernard Cathelat avec Sandrine Cathelat, Denis Quenard, Robert Ebguy, Mike Burke) éditions Eyrolles novembre 2011.
MĂ©thode
La mĂ©thode dĂ©veloppĂ©e par le CCA a prĂ©sentĂ© l'originalitĂ© de rĂ©unir dans une mĂȘme enquĂȘte quantitative un relevĂ© d'environ 3000 variables psychologiques et comportementales sur la vie privĂ©e, les valeurs et convictions, la sociĂ©tĂ© et la politique, les loisirs et centres d'intĂ©rĂȘt, la culture et les mĂ©dias, les consommations; un traitement statistique de structuration des donnĂ©es permet d'en rĂ©vĂ©ler une typologie de "Socio-Styles de Vie. La rĂ©pĂ©tition de ces enquĂȘtes, de 1972 Ă 2010 a permis d'identifier et pondĂ©rer des âSocio-Trendsâ, tels que le courant de âRecentrageâ nĂ©o-conservateur des annĂ©es 1978-90 qui a remplacĂ© la dynamique dominante âd'Aventureâ des annĂ©es 1965/75; ou l'apparition, Ă la fin de la dĂ©cennie 1990 d'une mentalitĂ© victimaire et rĂ©voltĂ©e dans la classe moyenne-infĂ©rieure.
Les résultats tendanciel se présentent :
- sur uns cartographie qui visualise les 2 principaux axes bipolaires sur lesquels se différencient les individus interviewés,
- une mĂ©tĂ©orologie sociale de tendances (âsocio-trendsâ) de la psychologie sociale,
- et une typologie de diffĂ©rents clusters de populations : en grandes âsocio-mentalitĂ©sâ Ă dominante psychologiques (de 3 dans la dĂ©cennie 1970 Ă 6 au dĂ©but des annĂ©es 2000) et en âsocio-stylesâ plus comportementaux (de 11 dans les annĂ©es 1970 Ă 16 dans les annĂ©es 2000).
Cette méthode statistique d'étude typologique et tendancielle, volontairement généraliste a fourni des informations sur la psychosociologie collective aussi bien à des organes gouvernementaux qu'au marketing, à la publicité des entreprises commerciales, et aux médias pour catégoriser leurs audiences.
Spécificités
Les sociostyles ont cherchĂ© Ă se dĂ©marquer d'une part des enquĂȘtes analysĂ©es selon le seul fait social basĂ©es exclusivement sur les critĂšres CSP (profils socio-dĂ©mographiques, Ă©conomiques et professionnels) des personnes interrogĂ©es, pour une meilleure prise en compte des variables psychologiques, considĂ©rant que la connaissance basĂ©e sur les systĂšmes de valeurs et les styles de vie permet une comprĂ©hension approfondie des phĂ©nomĂšnes sociaux.
Les sociostyles du CCA, issus de traitements statistiques inductifs (sans hypothÚse préalable) cherchent aussi à proposer, comme outil opérationnel d'analyse des segmentations du corps social, une typologie plus fiable que les catégorisations intuitives plus sommaires, souvent d'origine publicitaire, popularisées par les médias, comme :
- les bobos réunissent une dimension axiologique (bohÚme) et sociologique (bourgeois) ;
- les yuppies réunissent des dimensions démographiques (young) et culturelles (urban) ;
- les DINKS réunissent une dimension rémunératoire stricte (Dual Income) et une dimension de style de vie (No Kids) ;
- le métrosexuel est une référence à la fois à un mode de vie (l'urbanité des métropoles) et à une projection psychologique ;
- les winders renvoient à la fois à un systÚme de valeur « aérien » (windy) et à une dimension de réussite socio-professionnelle (winners) ;
- le hipster français contemporain renvoie Ă des valeurs individualistes et un mode de vie urbain-branchĂ© liĂ©s Ă des habitus culturels (musiques, opinions, usages quotidiens, lieux de socialisationâŠ), vestimentaires (marques de vĂȘtement spĂ©cifiques, rĂ©emploi via le vintageâŠ) et physiques (structures capillaires spĂ©cifiques comme le port de la barbe/moustache pour les hommes, l'abondance de tatouages, etc.).
Aussi, les principaux acronymes ou mots-valises rĂ©unissent des dimensions explicatives du comportement d'un groupe, dimensions elles-mĂȘmes issues des principaux domaines de l'analyse sociologique.
Par ailleurs, l'essor des sociostyles est indissociable du phénomÚne de déclinaison et d'exploitation des approches sociologiques par l'univers du marketing : par exemple, l'épouse d'un cadre supérieur considérée comme « sans emploi » dans les catégorisation Insee sera appréhendée plus efficacement par une analyse de ses modes de consommation (luxe, restauration, etc.).
Selon Pierre Valette-Florence[1] : « L'intĂ©rĂȘt vĂ©ritable des styles de vie rĂ©side en fait dans une description bien meilleure des caractĂ©ristiques propres Ă une cible donnĂ©e, notamment par la mise en Ă©vidence des centres d'intĂ©rĂȘt, des opinions ou des activitĂ©s principales qui la caractĂ©risent, autant d'Ă©lĂ©ments qui seront utilisĂ©s avec bonheur et avec succĂšs, Ă la fois dans une stratĂ©gie de positionnement mais surtout de communication ».
Références
Ă lire
Bernard Cathelat : Socio-Styles-SystĂšme