Smiley
Un smiley (de l’anglais smile, « sourire »), une frimousse[1] - [2] ou une binette[3], est un dessin extrêmement stylisé d'un visage souriant, coloré en jaune, exprimant l’amitié.
Par extension, le terme est employé pour désigner d’autres visages, pas nécessairement jaunes ni souriants.
Sur Internet, ces images sont habituellement employées pour exprimer des émotions et peuvent donc être qualifiées d’émoticônes graphiques dans ces situations. Ils sont souvent représentés avec les symboles du clavier. Certaines émoticônes (par exemple, « :-) » et « ;-) »), représentant également des visages souriants, sont souvent appelées smileys bien que ce terme ne soit pas nécessairement approprié.
Invention
Vers 2017, une équipe d'archéologues dirigée par Nicolò Marchetti de l'Université de Bologne a reconstitué les fragments d'un pot hittite d'environ 1700 av. J.-C. qui avait été trouvé à Kargamış, en Turquie. Après l'avoir reconstitué, l'équipe a observé ce qui semblait être un grand visage de smiley peint dessus[4].
Le poète et auteur Johannes V. Jensen était, entre autres choses, célèbre pour expérimenter avec la forme de son écriture. Dans une lettre envoyée à l'éditeur Ernst Bojesen en décembre 1900, il inclut à la fois un visage heureux et un visage triste, ressemblant au smiley moderne.
Entre 1908 et 1920, le photographe espagnol Jean Jové, installé à Limoges, utilise en signature et sur son magasin un logotype évoquant un smiley[5] - [6].
Une version commerciale de smiley, bien que plus détaillée, avec le mot « THANKS » (« merci ») au-dessus, était disponible en 1919 et appliquée comme un autocollant sur les reçus émis par la « Buffalo Steam Roller Company » de Buffalo, dans l'État de New York.
La première apparition du visage rond formé d’un sourire en arc de cercle et de deux points pour les yeux est dans le New York Herald Tribune du , page 20, colonnes 4–6.
En 1962, une promotion de la station de radio new-yorkaise WMCA comprenait ce smiley. Les auditeurs qui répondaient « WMCA Good Guys ! » au téléphone étaient récompensés par un sweat-shirt « WMCA good guys » qui comprenait un visage heureux dans son design. Des milliers de ces sweat-shirts ont été donnés[7] - [8] - [9].
Le visage smiley colorié, un bouton jaune avec un sourire et deux points représentant les yeux, aurait été inventé par Harvey Ball en 1963 pour une société d’assurance américaine qui voulait une campagne interne pour améliorer le moral de ses employés[10] - [11].
Reste que Ball n’a jamais essayé de se servir, de promouvoir ou de protéger l’image et celle-ci a migré dans le domaine public avant qu’une procédure de protection de l’image ne puisse être entreprise[12]. Ball n’a donc jamais profité financièrement de l’image à l’exception de sa paye initiale de 45 $.
David Stern de David Stern Inc., une agence de publicité de Seattle, soutient également avoir inventé le smiley en 1967 dans le cadre de sa campagne pour la Washington Mutual mais n’a pas non plus cherché à le protéger[13].
Le graphique a été popularisé au début des années 1970 par les frères Bernard et Murray Spain, de Philadelphie, qui s'en sont emparés en septembre 1970 dans une campagne visant à vendre des articles de fantaisie. Les deux frères ont produit des boutons ainsi que des tasses à café, des t-shirts, des autocollants et bien d'autres articles arborant ce symbole et l'expression « Have a happy day » (conçue par Gyula Bogar)[14], qui est ensuite devenue « Have a nice day ». Avec la collaboration du fabricant new-yorkais de boutons NG Slater, quelque 50 millions de badges arborant des sourires avaient déjà été produits en 1972[15].
En 1971, le Français Franklin Loufrani créait son Smiley dans le cadre d’une campagne anti-morosité dans le quotidien France-Soir. Il prend auparavant le soin de déposer le fameux logo à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Il a donné le nom « Smiley » à son logo et lancé The Smiley Company pour domicilier sa marque. En 1996, le fils de Loufrani, Nicolas Loufrani, a repris l'entreprise familiale[16] - [17]. Il a conçu le symbole en 3D et a étendu le simple smiley à des centaines d'expressions[18].
Au Royaume-Uni, le visage souriant est associé à la culture psychédélique, depuis Ubi Dwyer et le Windsor Free Festival des années 1970, et à la culture de la dance music électronique, notamment avec l'acid house, apparue durant la période connue sous le nom de Second Summer of Love à la fin des années 1980. À la fin des années 1980, le groupe anglais Bomb The Bass[19] remet au goût du jour le smiley sur la pochette de son premier hit : Beat Dis. Le smiley a été ensuite repris en tant qu’emblème de la culture new beat and house music techno qui émerge au début des années 1990, particulièrement au Royaume-Uni.
- Émoticône typographique évoquant le smiley.
- Un smiley.
- Autre représentation d'un smiley.
Terminologie francophone
Le terme « frimousse » est recommandé par la Commission générale de terminologie et de néologie[1] alors que le terme « binette » est recommandé par l'Office québécois de la langue française (OQLF)[3] depuis 1994 pour remplacer le terme smiley. Parmi les autres termes proposés, on trouve « souriard », « souriant », « trombine », « tronche », « gugus », « bouille », « mimique », « bonhomme sourire », voire « p'tit bonhomme qui rigole », plus simplement « tête ».
Usage sur Internet et dans l’informatique
Le smiley a été utilisé pour la version imprimable des caractères 1 et 2 (l’un noir, l’autre blanc) du codepage 437 (1981) des premiers PC IBM et des machines suivantes qui étaient compatibles. La plupart des systèmes d'exploitation modernes gèrent l'Unicode et donc les émoticônes associées.
Les caractères Unicode suivants sont des smileys :
- U+2639 ☹ visage blanc grimaçant (HTML :
☹
) - U+263A ☺ visage blanc souriant (HTML :
☺
) Alt+1
- U+263B ☻ visage noir souriant (HTML :
☻
) Alt+2
Des variantes en ligne d’images de smiley sont populaires sur internet, surtout sur les forums et les messageries instantanées, par exemple :
Les versions 5.0 et 6.1 d’Unicode ont intégré le support d’un bloc d’émoticônes. Pour les visualiser, il faut avoir installé une police de caractères qui les gère, telle que Symbola[20] :
Notes et références
- Terme recommandé en France par la Commission générale de terminologie et de néologie. Journal officiel du 16 mars 1999.
- Terme conseillé d'utilisation en français et admis à l'Académie française. [lire en ligne].
- « binette », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
- (en) « History’s ‘oldest smile’ found on 4,000-year-old pot in Turkey », sur The Times of Israel.com
- « La guerre fait rage entre « Wal Mart » et la France », sur Le Populaire du Centre, (consulté le ).
- Jean-François Julien, « Ce photographe installé à Limoges au début du XXe siècle est-il l'inventeur du smiley ? », sur Le Populaire du Centre, (consulté le ).
- « Smiley's People (Radio 4): The million dollar smile », sur The Telegraph
- « H. R. Ball, 79, Ad Executive Credited With happy Face », sur The New York Times
- Doug Lennox, Now You Know More : The Book of Answers, vol. 2, Dundurn, , 50 p. (ISBN 978-1-55002-530-9, lire en ligne)
- (en) « Smiley Face: How an in-house campaign became a global icon », The Christian Science Monitor,
- (en) Smiley Face
- (en) « Qui a inventé le smiley ? », sur The Straight Dope
- Judi Hunt, « Ad Man Sad-Faced Over Misuse of Symbol », Seattle Post-Intelligencer,
- « web - Lame Adventures », sur lameadventures.com
- Peter Shapiro, "Smiling Faces Sometimes", in The Wire, issue 203, January 2001, p. 44–49.
- Jimmy Stamp, « Who Really Invented the Smiley Face? », Smithsonian
- Florentin Collomp, « Smiley ou l’histoire d’une OPA sur un sourire », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- « The father of the smiley is French! », sur Marie Claire
- Reportage TV, M6, Rapline - Interview Bomb The Bass - 1991.
- (en) La police de caractères Symbola, fonts2u.com (consulté le 30 juin 2018).