Ski freeride
Le ski freeride (ou freeriding , anglicisme, littéralement « balade pendant laquelle on fait ce que l'on veut ») est une pratique de descente à ski hors des pistes, sur de larges pentes de neige poudreuse, et dont la finalité consiste à s'affranchir des règles et contraintes[1] imposées par certaines disciplines sportives alpines comme, par exemple, le slalom avec son portillon de départ, ses portes, le tracé, le chronométrage, etc. Dérivé du ski alpin, il se pratique en ski de loisirs ou de compétition.
Le ski freeride est l'appellation contemporaine du ski hors-piste qui a évolué vers une discipline extrême avec des choix d'itinéraires engagés ou des sauts de barres rocheuses. Les pratiquants sont nommés « freeriders »[2].
Description
Le freeride peut se pratiquer sur des pentes sécurisées par les pisteurs-secouristes ou sur des pentes vierges. Appellation contemporaine du très classique ski « hors-piste », le freeride existe depuis longtemps mais connaît un véritable essor en 2008 : c'est le skieur Candide Thovex qui, en s’inspirant des snowboarders, décide de les suivre et de les imiter, en combinant le ski freestyle (dans sa version backcountry) avec le ski freeride.
Le freeride est une discipline à risque car les pratiquants ne sont jamais à l’abri d’une avalanche ou d’une chute depuis une corniche. Chaque année, il y a de nombreux accidents corporels mais aussi mortels en raison des quantités de neige dans lesquelles le skieur évolue et des rochers ou obstacles qui y sont parfois enfouis, avec la présence de falaises. Ces accidents touchent autant les débutants que les professionnels, comme Andreas Fransson (en) ou encore JP Auclair (en), deux légendes du freeride (Andreas Fransson et JP Auclair ont disparu dans la même avalanche en 2014). À cet égard et compte tenu de l'engagement, le ski freeride est considéré comme étant un sport extrême.
Philosophie
Le ski freeride a pour finalité la descente de pentes en neige poudreuse, souvent raides, parfois avec sauts de barres rocheuses, sans atteindre toutefois le niveau d'engagement (prise de risque) qu'exige par exemple le ski de pente raide. Il se distingue également du ski de randonnée dont le but est d'atteindre un sommet ou un col depuis la vallée, ascension suivie d'une descente en hors-piste en mode contemplatif, tandis que l'objectif du ski freeride reste la performance (vitesse, audace, engagement, enchaînement) dans une descente technique en hors-piste, après un bref déplacement à pied, à skis ou avec utilisation de remontées mécaniques.
Ski hors-piste par excellence, le ski freeride a donné naissance à de nouvelles disciplines qui sont des déclinaisons d'un sport qui connaît un réel engouement parmi la nouvelle génération de skieurs :
- la freerando : freeride + randonnée. On atteint le site de neige poudreuse après un court déplacement avec un matériel hybride randonnée/freeride ;
- le freeski : enseignement mixte freeride et freestyle dispensé par les écoles de ski ;
- le freestyle backcountry : pratique du freeride qui intègre des acrobaties propres au freestyle.
Spécialistes du freeride
- JP Auclair (1977-2014, canadien)
- Candide Thovex (1982, français)
- Enak Gavaggio (1976, français)
- Aurélien Ducroz (1982, français)
- Tanner Hall (1983, américain)
- Mike Douglas (1971, canadien)
- Mickaël Bimboes (1986, français)
Mike Douglas, 43 ans, est largement considéré comme étant le parrain du freeski pour son rôle dans le lancement du mouvement New School. Dans les années 1990, Douglas, à l'origine skieur de bosses (avec JP Auclair, JF Cusson, Shane Szocs et d'autres), s'est opposé aux nouvelles règles strictes de la FIS (Fédération Internationale du Ski) en repoussant les limites du ski. La révolution, naissante, s'est étendue à l'Amérique du Nord : un groupe de skieurs canadiens connu sous le nom de la Nouvelle Force aérienne du Canada, s'est retiré dans des parcs à neige (snowpark) et a commencé à sauter et réaliser des figures, comme les hucking airs massifs, 360s, et autres backflips. Cette expansion du freestyle New School voit naître une nouvelle génération de skieurs adeptes de sensations fortes en prenant de plus en plus de risques. Ils se retirent alors dans les vastes champs de poudreuse et associent le ski freestyle au ski freeride, ce qui donnera naissance au ski (freestyle) backcountry (à ne pas confondre avec la discipline éponyme de la famille du ski nordique).
Matériel
Le ski freeride nécessite un matériel avec des caractéristiques différentes de celui du ski de piste ou de randonnée.
Skis
La forme du ski doit permettre au skieur d'évoluer dans une neige poudreuse abondante. Le ski peut être très large, dit « ski fat » ou « Big Moutain », le plus large du marché. Sa longueur est plus importante que celle d'un ski de piste traditionnel, de l'ordre de 5 à 10 cm de plus que la taille de l'utilisateur, voire 15 cm pour une utilisation exclusivement en poudreuse. La largeur du patin peut excéder les 115 millimètres, ce qui permet d'exécuter des virages plus facilement grâce à une meilleure portance sur la poudreuse. Il peut comporter une double spatule avant-arrière (ski « backcountry »), la spatule avant étant alors plus large que celle d'un ski conventionnel afin d'éviter de s'enfoncer (« déjaugeage »). Le ski de freeride est équipé d'une fixation réglable avec un stop-ski conçu pour éviter un déclenchement intempestif, compte tenu des fortes contraintes subies par le matériel.
Chaussures de freeride
Les chaussures diffèrent peu, visuellement, de celles utilisées pour le ski de piste mais elles présentent des caractéristiques propres à la discipline : elles sont parfois dotées de zones d'amortisseurs pour encaisser les chocs et d'un collier moins incliné vers l'avant. La flexion globale de la chaussure étant aussi plus importante, elle permet plus de liberté de mouvement, notamment pour la marche. Certains modèles sont équipés d'inserts en vue d'une utilisation freerando/randonnée. Le « flex » (indice de rigidité de la chaussure) est généralement plus élevé.
Accessoires
L'Ă©quipement du skieur comprend :
- les bâtons, qui n'ont pas de caractéristiques particulières mais doivent correspondre à la morphologie du skieur ;
- le casque, fortement conseillé ;
- le masque ou les lunettes de soleil, afin de se protéger de l'ophtalmie ou des intempéries ;
- les gants ;
- Ă©ventuellement une protection dorsale ;
- le détecteur de victimes d'avalanches (DVA) qui est un élément très important car il permet d'être localisé ou de retrouver une personne enfouie sous la neige grâce à l'émission d'un signal radio ;
- la sonde, qui va permettre de localiser avec précision une victime ;
- la pelle, qui sert à dégager une victime de la neige.
Compétitions
Le ski freeride, discipline désormais reconnue dans le monde des sports extrêmes, propose de plus en plus de compétitions. L’une d’entre elles, probablement la plus emblématique, est le Freeride World Tour (FWT). Cette compétition regroupe les meilleurs skieurs et snowboardeurs du monde qui s’affrontent sur les pentes les plus spectaculaires à travers le monde.
Le FWT se décline en plusieurs sous-compétitions dont le Freeride World Qualifier (FWQ)[3] et le Freeride Junior Tour (FJT)[4].
Le but de ces compétitions, qui s'appliquent à respecter l'esprit et l'éthique originels de ce sport, est de favoriser l’expression, la libération, et l’amusement[5]. Loin du cadre strict qui caractérise, par exemple, le slalom, le terrain de jeu est ici 100 % naturel : départ généralement depuis le sommet d'une montagne aménagé en aire de départ avec, pour tout balisage, une porte au départ et à l’arrivée. L'épreuve n'est pas chronométrée, les rideurs se lancent à la conquête de chaque flanc de la montagne exploitable dans le but de faire le meilleur run sans reconnaissance préalable (à l'exception des ouvreurs) mais l'observation du terrain aux jumelles est autorisée. Le style est libre, aucune figure n'est imposée mais les compétiteurs sont notés sur cinq critères : ligne, fluidité, contrôle, air and style (sauts et figures) et technique[6].
Des compétitions pour les jeunes voient le jour : le Freeride Junior Tour pour les 14-18 ans et le Freeskid Tour pour les 10-13 ans, inventé par Evolution 2 La Clusaz[7] - [8].
D'autres compétitions dans l'esprit Freeride se développent, comme Le Redbull Linecatcher qui allie le freeride au freestyle backcountry[9].
Notes et références
- Christophe Guibert, Surf et "contre-culture" : la dimension symbolique des constructions journalistiques de la presse spécialisée en France, www.cairn.info, 2011
- Yann Drouet et David-Claude Kemo Keimbou, « « Comment devient-on freerider? » Une approche socio-anthropologique », Loisir et Société, vol. 28, no 1,‎ , p. 37-88 (DOI 10.1080/07053436.2005.10707671, lire en ligne)
- Arcs 1950 Freeride Week-end, www.lesarcs.com, 2023
- Freeride World Tour Junior : Mila De Le Rue s'impose Ă Verbier, www.lequipe.fr, 9 janvier 2023
- Freeride : "La peur fait partie de la victoire", www.liberation.fr, 1er avril 2021
- Freeride World Tour, étape à Ordino Arcalis, L'Équipe, 7 mars 2021.
- Freeskid Freeride Contest 10-13 ans Tour 2017, règlement de course Freeride (PDF), 9 avril 2017
- Freeride World Tour Qualifier, porte d'entrée du Freeride World Tour, organisé par Évolution 2, www.avoriaz.com, 2023
- Un avant-goût du Red Bull Linecatcher 2014, www.lequipe.fr, 10 décembre 2013
Voir aussi
- Freeride, notion commune Ă plusieurs sports
Liens externes
- Germans freeride, article dans le magazine Skiing de