Sidkéong Tulku Namgyal
Sidkéong Tulku Namgyal (1879 - ) est le chef spirituel, ainsi que, pour une brève période en 1914, du au , le maharaja et le chogyal du Sikkim.
Sidkéong Tulku Namgyal | |
Sidkéong Tulku Namgyal. | |
Fonctions | |
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Roi du Sikkim | |
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Prédécesseur | Thutob Namgyal |
Successeur | Tashi Namgyal |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Gangtok, Royaume du Sikkim |
Date de décès | |
Lieu de décès | Gangtok, Royaume du Sikkim |
Père | Thutob Namgyal |
Mère | Maharani Pending |
Diplômé de | Collège Saint-Paul (en) à Darjeeling, et à Pembroke College (Oxford) |
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Biographie
Il est le fils aîné et héritier de maharaja Sri Panch sir Thutob Namgyal, et a étudié au collège Saint-Paul (en) à Darjeeling, et à Pembroke College (Oxford). Polyglotte, il a appris le chinois, l'anglais, le hindi, le lepcha, le népalais et le tibétain.
Il a été reconnu comme la réincarnation de son oncle, Sidkéong Namgyal, l'abbé du monastère de Phodong[1]. Sidkéong Tulku Namgyal reconstruit le monastère[2].
Après ses études à Oxford, il est retourné au Sikkim où il a été étroitement associé à l'administration du pays. Il a travaillé à la dissolution de la cupidité qui se produit dans les intérêts acquis et tenté d'unifier les bouddhistes par la rénovation des monastères et de leurs rôles[3].
Lorsque Alexandra David-Néel a été invité à l'abbaye royale du Sikkim, elle a rencontré Sidkéong Tulku Namgyal, alors Maharaj Kumar (prince héritier). Elle est devenue pour Sidkéong la « confidente et sœur spirituelle »[4], peut-être son amante[5].
Sidkéong, alors chef spirituel du Sikkim fut envoyé par son père, le maharaja du Sikkim, à la rencontre d'Alexandra David-Néel, prévenu de son arrivée en par le résident britannique à Gangtok. Lors de cette première rencontre, l'entente entre eux est immédiate : Sidkéong, avide de réformes, écoute les conseils d'Alexandra David-Néel, et avant de repartir à ses occupations, il lui laisse Lama Kazi Dawa Samdup, un interprète et professeur tibétain[6]. Par la suite, Sidkéong confie à Alexandra David-Néel que son père souhaite qu'il renonce au trône à la faveur de son demi-frère[7].
Alors qu'elle est en compagnie de Lachen Gomchen Rinpoché, Alexandra David-Néel retrouve à Lachen le Sidkéong en tournée d'inspection. Ces trois personnalités du bouddhisme ainsi réunies réfléchissent et travaillent à la réforme et à la propagation du bouddhisme, comme le déclarera le Gomchen[8]. Sidkéong organise pour Alexandra David-Néel une expédition d'une semaine dans le Haut-Sikkim, à 5000 mètres d'altitude débutée le 1er juin[9].
Il existe une communication épistolière entre Sidkéong et Alexandra David-Néel. Ainsi, dans une lettre de Sidkéong écrite à Gangtok le , il la remercie pour la méthode de méditation qu'elle lui a envoyé. Le , il l'accompagne jusqu'à Darjeeling où ils visitent ensemble un monastère, alors qu'elle s’apprête a regagner Calcutta[10]. Dans une autre lettre, Sidkéong informe Alexandra David-Néel qu'en , il a pu rejoindre la franc-maçonnerie à Calcutta où il a été reçu compagnon muni d'une lettre d'introduction du gouverneur du Bengale, un lien supplémentaire entre eux. Il lui fait part de sa joie d'avoir pu se joindre à cette société[11].
Alors que son père est sur le point de mourir, Sidkéong appelle Alexandra David-Néel à l'aide, et lui demande ses conseils pour entreprendre la reforme du bouddhisme qu'il souhaite entreprendre au Sikkim quand il accèdera au pouvoir[12].
Revenant à Gangtok en passant par Darjeeling et Siliguri, Alexandra David-Néel est reçue comme un personnage officiel, avec haie d'honneur, par Sidkéong le [13].
Le , il lui offre une robe de lama en cadeau pour le Nouvel An, et se fait photographier ainsi vêtu, un bonnet jaune complétant l'ensemble[14].
Le , le maharaja meurt, et Sidkéong lui succède. La campagne de réforme religieuse peut débuter, Kali Koumar, un moine du bouddhisme du Sud est appelé à y participer, ainsi que Silacara (en), qui vit alors en Birmanie. C'est de ce même pays que vient Hteiktin Ma Lat (en), avec qui Alexandra David-Néel est en correspondance, et que doit épouser Sidkéong, Alexandra David-Néel devenant de fait la conseillère conjugale du maharaja[15].
Alors qu'elle se trouve au monastère de Phodong dont Sidkéong est l'abbé, Alexandra David-Néel affirme entendre une voix qui lui annonce que les réformes échoueront[16].
Le , quittant la caverne du Sikkim où elle était allée retrouver le Gomchen, Alexandra est accueillie au monastère de Lachen par Sidkéong[17]. Un mois plus tard, elle apprend la mort subite de Sidkéong, une nouvelle qui l'affecte et laisse penser à un empoisonnement[18].
Peu avant son décès, le 13e dalaï-lama demanda à Khyenrab Norbu, alors médecin au monastère de Drépung, de se rendre au Sikkim pour y soigner Sidkéong Tulku Namgyal. Khyenrab Norbu se basant sur des calculs astrologiques annonce que le souverain sera mort avant son arrivée, mais le dalaï-lama lui enjoint de se hâter. En chemin, à Nakartsé, il apprend la mort du roi[19].
À la suite d'une attaque de jaunisse, Sidkéong Tulku Namgyal est mort d'insuffisance cardiaque, le , à l'âge de 35 ans, dans des circonstances suspectes[20] - [21]. Son frère cadet, Tashi Namgyal, lui a succédé.
Palden Thondup Namgyal a ensuite été reconnu comme le chef réincarné de Phodong[22].
Titres
- 1879-1899: Prince Sidkeong Tulku Namgyal
- 1899-1911: Maharajkumar Sri Panch Sidkeong Tulku Namgyal
- 1911-1913: Maharajkumar Sri Panch Sidkeong Tulku Namgyal, KCIE
- 1913-1914: Lieutenant Maharajkumar Sri Panch Sidkeong Tulku Namgyal, KCIE
- 1914: Lieutenant Son Altesse Sri Panch Sikeong Tulku Namgyal, Maharaja Chogyal du Sikkim, KCIE
Honneurs
- Médaille de Delhi Durbar-1903
- Médaille de Delhi Durbar-1911
- Ordre de l'Empire des Indes (CIE)-1911
Voir aussi
Références
- Mahendra P. Lama, Sikkim: society, polity, economy, environment
- Kuldip Singh Gulia, Mountains of the God
- H. G. Joshi, Sikkim: past and present, Mittal Publications, 2004, (ISBN 8170999324 et 9788170999324), p. 110
- Middleton, Ruth (1989). Alexandra David-Neel. Boston, Shambhala. (ISBN 1-57062-600-6).
- Foster, Barbara and Michael. The Secret Lives of Alexandra David-Neel - A Biography of the Explorer of Tibet and Its Forbidden Practices. (ISBN 1-58567-329-3); American edition under the title Forbidden Journey - The Life of Alexandra David-Neel, (ISBN 0-06-250345-6). This book is based on extensive interviews with David Neel's secretary at Digne and reading her letters to her husband, now published
- Jean Chalon, Le Lumineux Destin d'Alexandra David-Néel, Librairie académique Perrin, 1985, (ISBN 2-262-00353-X), p. 195
- Jean Chalon, op. cit., p. 199
- Jean Chalon, op. cit., p. 201
- Jean Chalon, op. cit., p. 202
- Jean Chalon, op. cit., p. 205-206
- Jean Chalon, op. cit., p. 224-225
- Jean Chalon, op. cit., p. 225
- Jean Chalon, op. cit., p. 228
- Jean Chalon, op. cit., p. 229
- Jean Chalon, op. cit., p. 230-231
- Jean Chalon, op. cit., p. 235
- Jean Chalon, op. cit., p. 242
- Jean Chalon, op. cit., p. 243
- Tenzin Choedrak et Gilles Van Grasdorff, Le Palais des Arcs-en-ciel, ed. Albin-Michel, 1998, (ISBN 2-226-10621-9), p. 90
- Patrick French, Younghusband: the last great imperial adventurer
- Earle Rice, Alexandra David-Neel: Explorer at the Roof of the World, Infobase Publishing, 2004, (ISBN 0791077152 et 9780791077153), p. 51
- Lawrence Epstein, Richard Sherburne, Reflections on Tibetan culture: essays in memory of Turrell V. Wylie, E. Mellen Press, 1990; (ISBN 0889460647 et 9780889460645), p. 61